La chirurgie pancréatique demeure une chirurgie complexe. Ainsi, malgré toutes les précautions prises par votre chirurgien ou chirurgienne, des complications peuvent survenir durant la période post-opératoire.
Une cicatrisation insuffisante
Lors de la chirurgie, des sutures, appelées anastomoses, sont nécessaires à différents endroits. Elles peuvent concerner le pancréas et l’intestin, la voie biliaire principale et l’intestin ainsi que l’estomac et l’intestin. En cas de cicatrisation insuffisante de l’anastomose, en particulier entre le pancréas et l’intestin du fait de la consistance molle et friable du pancréas, il peut y avoir une fuite de liquide (jusqu’à 30% des cas) qui peut favoriser la formation d’un abcès ou une inflammation du péritoine, appelée péritonite (jusqu’à 30% des cas), ou provoquer une érosion des vaisseaux sanguins qui sont au contact du pancréas entraînant ainsi une hémorragie (jusqu’à 10% des cas). Un drainage de l’abcès ou l’obstruction du flux sanguin (embolisation artérielle) par voie radiologique sont généralement nécessaires. Plus rarement, une nouvelle intervention chirurgicale s’impose.
Un problème de vidange de l’estomac
La suture entre l’estomac et l’intestin peut entraîner dans environ 10% des cas une paralysie temporaire de l’estomac et donc une stagnation des aliments dans celui-ci durant la période post-opératoire. Les symptômes sont une satiété précoce, des éventuels vomissements ou des sensations de vertige et de mal-être dues au passage trop rapide des aliments dans l’intestin. Habituellement, ils disparaissent dans les semaines qui suivent l’intervention. S’ils persistent, une aspiration gastrique, un traitement médicamenteux ou une prise en charge par gastroscopie dans le Service de gastroentérologie peut être nécessaire.
Une insuffisance d’enzymes pancréatiques
Après une chirurgie du pancréas, en particulier lors d’une duodénopancréatectomie céphalique, la sécrétion résiduelle des enzymes et des sucs nécessaires à la digestion (en particulier des graisses) peut être insuffisante, il peut y avoir des troubles du transit (selles défaites et grasses). Cette insuffisance pancréatique exocrine peut survenir jusque dans 60% des cas. Toutefois, comme des médicaments contenant ces enzymes sont alors prescrits, une digestion presque voire totalement normale est retrouvée.
Des infections
Elles peuvent survenir au niveau des intestins et du pancréas qui ont été opérés (infection profonde) ou au niveau de la peau et de la cicatrice. Elles peuvent nécessiter la prise d’antibiotiques. Les infections profondes sont traitées, en plus, par une intervention de drainage par voie radiologique voire, dans de rares cas, chirurgicalement pour évacuer un éventuel abcès.
Un diabète
Chez les personnes non diabétiques, un diabète peut survenir à distance d’une chirurgie pancréatique où sont produites les hormones régulant le taux de sucre dans le sang (insuline et glucagon). Après une chirurgie retirant la partie gauche du pancréas, jusqu’à 60% des patients et patientes peuvent développer un diabète. De même, chez les personnes déjà diabétiques, mais ne prenant pas d’insuline, il existe un risque de déséquilibre du diabète avec la nécessité de prendre un traitement à base d’insuline. Par ailleurs, en cas de pancréatectomie retirant la tête du pancréas, le risque de diabète est de l’ordre de 30 à 40%. Enfin, la réalisation d’une pancréatectomie totale entraîne naturellement un diabète définitif.
Le cas particulier de la résection de la rate
En cas d’ablation de la rate durant l’intervention (splénopancréatectomie), les capacités de défense de l’organisme contre certains germes sont diminuées. La rate joue en effet un rôle essentiel dans la prévention d’infections provoquées par deux germes :
- le pneumocoque (pneumonie)
- le méningocoque (méningite).
C’est pourquoi, la vaccination contre ces germes est nécessaire avant l’intervention ou dans les semaines suivantes. Vous devez la répéter tous les cinq ans afin de vous protéger d’une éventuelle infection grave. Par ailleurs, un traitement prophylactique par antibiotiques peut également être prescrit pendant plusieurs mois. Il est systématiquement donné en cas de fièvre.
Enfin, la rate jouant un rôle dans la régulation du taux de plaquettes dans le sang, il arrive parfois qu’une augmentation du taux de plaquettes survienne après l’intervention. Dans de rares cas, lorsque ce taux dépasse un certain seuil, un traitement pour fluidifier le sang est temporairement nécessaire.
Une thrombose et une embolie pulmonaire
En raison de la durée de l’intervention, un caillot sanguin (thrombose) peut se former dans une veine des jambes ou plus rarement des bras. Dans de rares cas, ce caillot se déplace et se loge dans les poumons (embolie pulmonaire). Afin de prévenir ces complications, un traitement anticoagulant sous forme d’injection sous-cutanée quotidienne est prescrit après l’intervention ainsi que le port de bas de contention.