Affections buccales

Introduction

La bouche est un organe essentiel, tant au niveau physique que psychologique. Les atteintes de la cavité buccale ne provoquent pas seulement des symptômes inconfortables (sécheresse buccale, douleurs, etc.), mais se répercutent aussi sur la qualité de vie de la personne. Des fonctions telles que la mastication, la déglutition et la parole peuvent être altérées entraînant une diminution des apports hydriques ou alimentaires, une perte du plaisir de manger, de partager le repas, voire un retrait social par manque de communication, de gêne d’hygiène ou encore par abaissement de l’estime de soi.

Prévalence

Jusqu’à environ 80% des patients, peu importe la maladie terminale sous-jacente. Comme facteur favorisant principal, on trouve la sécheresse buccale.

Étiologie

Les trois affections les plus fréquentes :

  • La xérostomie (= bouche sèche), terrain favorable à d’autres affections plus graves, la stomatite et la mycose buccale. Très souvent lié aux médicaments avec des effets anticholinergiques mais aussi aux des maladies comme le diabète, la dépression ou des maladies neurologiques.
  • La stomatite est une réponse inflammatoire à des lésions buccales le plus souvent induites par une chimio-et/ou radiothérapie.
  • La mycose buccale est une infection fongique par Candida albicans.

Évaluation

Il est important de reconnaître d’abord une bouche saine: celle-ci est libre de mucus et de tout autre débris avec des signes de bonne humidification. La langue est humide, rosée et d’un aspect légèrement râpeux. Les gencives sont rosées et fermes. Les muqueuses sont humides, rosées et sans dépôt ou lésion. La salive est claire et aqueuse.

Avec le «Oral Assessment Guide» on peut évaluer l’état de la bouche et son évolution après introduction des soins appropriés. Ce score devrait être effectué en milieu hospitalier initialement tous les trois jours, voire davantage lors d’une altération sévère.

Oral Assessment Guide, selon Eilers et Nachnani, 2005

Méthode de mesure Evaluation
1 2 3
Voix Parler avec le patient et l’écouter Normale Rauque et sèche Difficultés à parler
Lèvres Observer, toucher Roses et humides Sèches et fissurées Ulcérées, avec sang
Dents Observer Propres et sans débris Plaque(s) et débris localisés ou prothèse sale Plaque(s) et débris généralisés, douleurs. Prothèse sale et abîmée
Gencives Observer Roses, fermes et humides Rougeur(s), œdèmes, dépôts blanchâtres. Saignements, dépôts blanchâtres épais
Langue Observer Rose et humide Présence de papilles Pâteuse, moins de papilles, moins colorée Rougeurs, fissures, boursouflures, coloration noire
Salive Observer Aqueuse, transparente Visqueuse, épaisse Absente, bouche sèche
Muqueuses Observer Roses et humides Rougeurs, inflammations, dépôts, cloques, pas d’ulcération Ulcérations avec ou sans saignements, douleurs
Déglutition Demander au patient d’avaler sa salive et observer Normale Difficulté à déglutir, douleurs Incapacité à déglutir et à s’alimenter
Goût Demander au patient Normal Altération du goût Goût métallique
Odeur Demander au patient de souffler par la bouche et sentir Pas d’odeur ou odeur non incommodante Odeur franche ou modérément incommodante Odeur fortement à extrêmement incommodante
Hygiène prothèse Demander au patient de l’enlever, observer Propres sans débris. Muqueuse rose Plaques et débris. Pas d’ulcération en bouche Plaque et débris Ulcération, douleurs
Rétension prothèse Observer, toucher Prothèse tient Prothèse instable Prothèse tombe

Comment se manifestent les principales affections buccales ?

Lors d’une stomatite on trouve des lésions et ulcérations au niveau de la muqueuse buccale. Celles-ci sont souvent accompagnées de fortes douleurs (chez 48 – 67% des patients).

La mycose buccale se présente sous forme de dépôts gris-blanchâtres sur la muqueuse buccale qui ne se détachent que difficilement et qui révèlent dessous une muqueuse rouge vif, inflammatoire, parfois avec des saignements.

Prise en charge

La meilleure prise en charge est la prévention avec des soins de bouche de base (cf. plus bas). Il faut traiter dès que possible la xérostomie, car elle fragilise la bouche et favorise le développement d’autres affections plus sévères. La prophylaxie des affections buccales et l’efficacité du soin dépendent de la régularité et de la fréquence du soin, et non seulement du produit choisi. La possibilité d’impliquer les proches dans ce soin d’hygiène devrait être considérée individuellement.

Soins de bouche de base
  • Brossage des dents 3 fois par jour, mais au minimum 2 fois de façon approfondie avec une brosse à dents souple. Le cas échéant, avec un bâtonnet en mousse ou avec une compresse humide enroulée sur le doigt.
  • Enlever les prothèses dentaires, les rincer et les brosser 3 fois par jour.
Xérostomie
  • Humidification régulière et le plus souvent possible de la cavité buccale (parfois plusieurs fois par heure). On peut utiliser simplement de l’eau ou d’autres boissons préférées du patient. Des huiles comestibles (huile de coco, huile de noisette, etc.) permettent de maintenir plus longtemps l’humidité dans la bouche.
  • Alcalinisation de la bouche à l’aide des solutions pour soins de bouche à la base de bicarbonate (p.ex. solution stérile aromatisée soins de bouche HUG).
  • La mise à disposition de glaçons d’ananas (ou d’autres jus de fruits), voire des glaçons avec de la menthe (plus efficace que glaçon neutre) rafraichissent agréablement la bouche. Cependant, cette mesure ne s’applique pas aux patients avec des gros troubles de la déglutition ou des troubles de l’état de conscience.
  • Corps gras sur les lèvres, sauf pour les patients sous O2 au masque.
Stomatite

En raison de douleurs importantes souvent associées avec cette affection, les soins suivants sont proposés en plus des soins de base :

  • Soins de bouche avec des anesthésiants locaux, parfois associés à des corticoïdes (cave fausse-route).
  • Bains de bouche à la morphine 0.2% 2mg/ml (patient doit être collaborant pour ne pas déglutir).
  • Adapter les repas : éviter les aliments/boissons acides et épicés.
  • Antalgie adaptée.
Candidose buccale
  • Traitement antifongique local : ex : avec Nystatine 4x100’000UI/jour: rinçage buccal, puis avaler OU miconazole gel oral 4x/jour rinçage de la bouche, puis avaler.
  • Traitement antifongique systémique en cas d’infection sévère ou suspicion d’infection du tractus digestif : p.ex. avec fluconazole PO 100mg 1x/jour pendant 7 à 10 jours.

Parfois, une évaluation par un stomatothérapeute et/ou un dentiste est indiquée. Voici quelques indicateurs pour faire appel à un spécialiste de la santé buccale (liste non exhaustive).

Dernière mise à jour : 28/03/2025