Toux Chronique

INTRODUCTION 

La toux chronique est une raison fréquente de consultation. Depuis quelques années, la compréhension et la prise en charge de ce problème ont beaucoup évolué. 
Aujourd’hui, la toux chronique est reconnue comme une maladie à part entière. Elle est liée à une hypersensibilité du réflexe de toux, un mécanisme comparable à celui de la douleur. En effet, ce réflexe peut être stimulé par de nombreux facteurs différents et il existe aussi des mécanismes qui peuvent l'augmenter ou le diminuer. 
Normalement, la toux est un réflexe protecteur qui sert à dégager les voies respiratoires. Mais dans le cas de la toux chronique, ce réflexe devient trop sensible. Il peut alors être déclenché par une grande variété de cause : mécaniques (comme la poussière), chimiques (comme certains produits ou odeurs), thermiques (air froid ou chaud). Ces déclencheurs peuvent agir à différents niveaux du corps : dans les voies respiratoires, au niveau de la sphère ORL (bouche, nez …), dans l’œsophage, voire autour du cœur. 

DEFINITION  

La toux chronique correspond à une toux qui dure plus de huit semaines. Elle se distingue d’une toux aiguë, qui dure moins de trois semaines, et d’une toux subaiguë, qui dure entre trois et huit semaines. 
On parle de toux chronique réfractaire lorsqu’elle persiste malgré le traitement des causes possibles identifiées. Lorsqu’aucune cause n’est retrouvée, il s’agit alors d’une toux chronique inexpliquée. Dans ce cas, il peut exister une hypersensibilité particulière du réflexe de toux. 
Le syndrome de toux par hypersensibilité désigne une réaction exagérée où la toux apparaît face à des éléments normalement non irritants, comme un léger changement de température ou certaines odeurs, par exemple un parfum. 
Enfin, l’hypersensibilité laryngée correspond à une sensibilité accrue des nerfs au niveau du larynx. Elle peut entraîner différents symptômes, notamment une toux persistante ou une impression d’obstruction de la gorge. 

CONSEQUENCES DE LA TOUX 

La toux chronique n’est généralement pas dangereuse pour la vie, mais elle peut fortement gêner le quotidien. Elle entraîne souvent des problèmes comme des fuites urinaires ou des troubles du sommeil. Plus rarement, elle peut provoquer des malaises, des fractures de côtes ou un collapsus du poumon. 
Au-delà des effets physiques, l’impact sur la vie est important. La toux perturbe la vie sociale, affecte le bien-être émotionnel et peut avoir des conséquences financières. Depuis la pandémie de COVID-19, cette gêne est encore plus marquée. Une toux, autrefois banale, est devenue source d’inquiétude, aussi bien pour la personne qui tousse que pour son entourage. Les personnes qui toussent peuvent être perçues comme un danger pour la santé des autres, ce qui peut entraîner de la méfiance, de la stigmatisation et parfois même un isolement social. 

MANIFESTATIONS CLINIQUES 

Lorsqu’une toux chronique est explorée, la première étape importante est l’entretien médical. Cet échange permet de repérer rapidement des signes qui peuvent indiquer une maladie plus grave et nécessiter une consultation spécialisée ou des examens urgents. Il aide aussi à identifier des causes possibles ou des facteurs qui aggravent la toux, afin de mieux orienter le traitement. 
Il est également nécessaire d’évaluer les conséquences de la toux sur la vie de tous les jours, par exemple en vérifiant si elle provoque des fuites urinaires, des pertes de connaissance ou encore un impact sur la vie sociale et émotionnelle. 
Signes d’alerte pour une toux chronique : 
Certains signes doivent alerter particulièrement. C’est le cas si la toux survient chez une personne de plus de 40 ans, fumeuse ou ancienne fumeuse, ou exposée longtemps à l’amiante. D’autres signaux d’alerte sont une douleur dans la poitrine, une perte de poids involontaire, des sueurs nocturnes, une grande fatigue, un essoufflement, des infections respiratoires à répétition, une voix enrouée qui persiste, des difficultés à avaler, du sang dans les crachats ou encore toute anomalie relevée lors de l’examen du cœur ou des poumons. 
L’examen médical de la toux chronique consiste surtout à écouter les poumons et le cœur avec un stéthoscope, et à examiner la gorge, le nez et les oreilles. Quand c’est possible, un examen plus précis du nez peut donner des informations utiles pour comprendre l’origine de la toux. Enfin, si des anomalies sont détectées au niveau des poumons, cela peut orienter vers la présence d’une maladie pulmonaire. 
Dans le bilan d’une toux chronique, une radiographie des poumons est toujours réalisée en première étape. Si le résultat est normal, on poursuit généralement avec une prise de sang complète, qui permet notamment de vérifier s’il existe un excès de certains globules blancs appelés éosinophiles. Un test de souffle, appelé spirométrie, est aussi effectué pour évaluer la fonction respiratoire. 
Dans certaines situations, on peut mesurer la quantité d’oxyde nitrique dans l’air expiré. Ce test aide à savoir si les corticoïdes inhalés, utilisés par exemple dans l’asthme ou certaines bronchites, pourraient être efficaces. 
D’autres examens plus spécialisés ne sont pas faits systématiquement. Ils sont réservés aux cas où le diagnostic reste incertain ou lorsqu’il faut écarter une maladie plus grave.  
•    La radiographie du thorax est réalisée chez toutes les personnes qui toussent de façon chronique. Elle permet de rechercher des maladies comme la tuberculose, un cancer, une dilatation des bronches, un emphysème (maladie des poumons où les petites poches d’air, appelées alvéoles, sont abîmées et ne fonctionnent plus normalement) ou certaines maladies des poumons. Les preuves disponibles sont de qualité modérée. 
•    La mesure de l’oxyde nitrique dans l’air expiré (FeNO) peut être utile pour savoir si un traitement par corticoïdes inhalés peut fonctionner, notamment en cas d’asthme ou de bronchite liée à une inflammation par les éosinophiles. Les preuves sont de qualité modérée. 
•    La spirométrie est un test de souffle recommandé pour toutes les personnes concernées par une toux chronique. Les preuves sont de qualité faible. 
•    Une prise de sang complète (formule sanguine) est aussi indiquée pour toutes les personnes, afin de rechercher certaines anomalies comme un excès de globules blancs. Les preuves sont de qualité faible. 
•    L’endoscopie nasale, qui permet de regarder directement à l’intérieur du nez, est proposée si une sinusite chronique ne s’améliore pas malgré le traitement, ou en cas de suspicion d’anomalie anatomique. Les preuves sont de qualité faible. 
•    La radiographie des sinus n’est pas indiquée en cas de toux chronique. Les preuves sont de qualité faible. 
•    Un scanner des sinus peut être proposé si une sinusite chronique persiste malgré le traitement. Toutefois, l’endoscopie nasale est en général préférée comme premier examen. Les preuves sont de qualité faible. 
•    La laryngoscopie, qui permet de visualiser le larynx, est indiquée si des symptômes suggèrent un problème à ce niveau (comme une voix qui change). Elle est surtout utile pendant une crise ou pour exclure une autre cause, comme un cancer. Les preuves sont de qualité faible. 
•    Le Peak Flow est un test simple de souffle qui peut remplacer la spirométrie lorsqu’elle n’est pas disponible, notamment pour diagnostiquer un asthme. Les preuves sont de qualité faible. 
•    Le test de provocation à la méthacholine peut être envisagé pour confirmer un asthme lorsque le tableau clinique n’est pas clair. Les preuves sont de qualité faible. 
•    Le scanner du thorax est réservé aux situations où une maladie pulmonaire ou un cancer sont suspectés. Les preuves sont de qualité faible. 
•    La mesure du pH sur 24 heures, qui évalue l’acidité dans l’œsophage, peut être proposée en cas de doute sur un reflux comme cause de la toux. Les preuves sont de qualité faible. 

DIAGNOSTIC 

Syndrome d’hypersensibilité à la toux 

Certaines personnes présentent une hypersensibilité à la toux, aussi appelée « toux chronique réfractaire ». Cela signifie qu’elles toussent plus souvent que la normale et que leur réflexe de toux est plus sensible. Cette hypersensibilité serait liée à des changements dans le fonctionnement des nerfs qui déclenchent et contrôlent la toux. 
Deux mécanismes principaux peuvent expliquer cela. D’une part, les nerfs responsables du déclenchement de la toux deviennent trop sensibles ou trop facilement activés. D’autre part, le cerveau et le tronc cérébral, qui reçoivent et traitent ces signaux, n’arrivent plus à les réguler correctement. 
Deux signes permettent de reconnaître cette hypersensibilité. L’allotussie correspond au fait de tousser à cause de choses qui, normalement, ne déclenchent pas la toux, comme une odeur, un rire, le chant ou un changement de température. L’hypertussie, elle, correspond à une réaction exagérée : un petit déclencheur de toux provoque une réponse beaucoup plus forte que d’habitude. 

Syndrome de toux d’origine des voies aériennes supérieures 

Les signes qui peuvent faire penser à ce problème sont un écoulement du nez, un nez bouché, une sensation de liquide qui coule vers l’arrière de la gorge, des éternuements fréquents ou encore le besoin de se racler la gorge de manière répétée. Lors de l’examen, le médecin peut voir des sécrétions épaisses de couleur jaunâtre ou verdâtre, ou constater que certaines petites structures au fond du nez et de la gorge sont gonflées et donnent un aspect en pavés. 
Les causes sont multiples : une allergie, une infection passée, une particularité anatomique, une irritation ou encore la prise de certains médicaments. Un examen spécialisé comme une caméra introduite par le nez (nasofibroscopie) ou un scanner des sinus, n’est pas nécessaire en première intention. Ces examens peuvent toutefois être proposés si le diagnostic reste incertain ou si le traitement ne fonctionne pas. 

Asthme 

L’asthme peut se traduire par une toux, souvent accompagnée de difficultés à respirer avec un sifflement. Certains éléments peuvent aider à reconnaître la maladie : des antécédents d’asthme dans la famille, une tendance aux allergies, des symptômes qui varient selon les saisons, une toux qui apparaît la nuit ou après un effort. Il existe une forme particulière d’asthme appelée « asthme à toux » où le seul signe présent est la toux. 
Le diagnostic d’asthme repose sur plusieurs examens respiratoires. Le plus courant est la spirométrie, qui mesure la capacité des poumons et peut montrer si le souffle s’améliore après un traitement. D’autres tests peuvent être utilisés, comme la mesure du monoxyde d’azote dans l’air expiré, un test de provocation à la méthacholine ou encore le suivi des débits expiratoires de pointe (appelés aussi Peak Flow ou DEP), qui mesurent la force de l’expiration. 
L’analyse du monoxyde d’azote expiré et une prise de sang peuvent aider à savoir si l’inflammation est liée à un type particulier de réaction immunitaire et si un traitement par corticoïdes inhalés sera efficace. 
Dans l’asthme à toux, les tests classiques comme la spirométrie ou la mesure quotidienne du souffle ne montrent pas toujours d’anomalies. En revanche, le test à la méthacholine est toujours positif dans ce cas, et la mesure du monoxyde d’azote expiré peut aussi apporter des informations utiles. 

Bronchites à éosinophiles 

La bronchite éosinophilique est une maladie qui ressemble à l’asthme car elle provoque une inflammation des bronches avec la présence de certains globules blancs particuliers appelés éosinophiles. Cette inflammation produit aussi du monoxyde d’azote, mesurable dans l’air expiré. Contrairement à l’asthme, il n’y a pas d’hyperréactivité des bronches aux tests de provocation (comme celui à la méthacholine) ni de variation importante du souffle au cours de la journée. 
Cette maladie est souvent associée à d’autres problèmes respiratoires comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), les maladies pulmonaires liées à l’exposition à certaines substances, ou encore les bronchectasies (dilatations anormales des bronches). Elle a tendance à revenir fréquemment et peut parfois évoluer vers un asthme. 
Le diagnostic repose sur une augmentation marquée du monoxyde d’azote expiré, associée à un test de provocation négatif. 

Reflux gastro-œsophagien 

Le reflux gastro-œsophagien se traduit le plus souvent par un goût acide ou amer dans la bouche et des remontées acidose. Ces symptômes apparaissent surtout après les repas ou lorsqu’on est allongé. 
Le diagnostic repose généralement sur les signes cliniques, c’est-à-dire sur les symptômes décrits. Il existe aussi un questionnaire spécifique de 14 questions, appelé Hull Airway Reflux Questionnaire, qui permet d’identifier le reflux comme cause possible d’une toux chronique, avec une grande fiabilité. 
Si les symptômes ne sont pas clairs, certains examens peuvent être proposés : une mesure du pH dans l’œsophage pendant 24 heures, ou une impédancemétrie, qui permet aussi de détecter un reflux non acide. En revanche, la fibroscopie digestive (gastroscopie) n’est pas utile pour poser le diagnostic de reflux, mais elle peut être prescrite afin de rechercher d’éventuelles complications. 

Bronchectasies 

Le diagnostic de bronchectasies (dilatation anormale et permanente des bronches) doit être évoqué lorsqu’une toux grasse persiste depuis longtemps. Des infections respiratoires qui reviennent souvent peuvent aussi faire penser à cette maladie. Le premier examen est une radiographie des poumons, qui permet de rechercher certains signes. On peut y voir des petites zones du poumon qui ne se déplient plus bien, des bronches anormalement élargies et épaissies (parfois visibles comme des lignes parallèles qui rappellent des rails de train, ou comme des cercles vus en coupe), ou encore des zones opaques irrégulières pouvant correspondre à des bouchons de mucus mélangé à du pus. Pour confirmer le diagnostic, ou si la radiographie est normale mais que le doute reste fort, un scanner des poumons en coupes fines est recommandé. Un prélèvement des crachats peut aussi être analysé pour rechercher des germes responsables d’infections. 

Apnée du sommeil 

L’apnée du sommeil peut être liée à une toux persistante. Cela peut s’expliquer par plusieurs mécanismes, comme un reflux acide de l’estomac vers l’œsophage ou une inflammation des voies respiratoires. Comme la toux s’améliore nettement lorsque l’apnée est traitée, il est important de rechercher ce problème chez les personnes qui toussent depuis longtemps. L’entretien médical joue un rôle essentiel pour repérer les signes évocateurs. Certains questionnaires, comme le score NoSAS, peuvent aider à estimer le risque. L’examen de référence pour confirmer le diagnostic est l’enregistrement de différents paramètres du sommeil pendant la nuit, appelé polysomnographie. 

Obésité 

L’obésité est souvent liée à une toux chronique plus fréquente et plus intense. La prise en charge peut être un peu différente, car il est parfois plus difficile de traiter certains facteurs associés, par exemple lorsque les traitements de l’asthme sont moins efficaces. Pour l’instant, aucune étude solide n’a prouvé que perdre du poids permet de réduire directement la toux chronique, même si cette possibilité reste envisagée. 

Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)

 Pour plus d'informations, la BPCO est décrite dans un autre document : https://www.hug.ch/base-connaissance-du-chatbot-smpr/bronchopneumopathi…  

Tabac 

Le tabac est une cause majeure de toux chronique. Beaucoup de personnes qui fument en souffrent, qu’elles aient déjà développé une maladie des poumons comme la BPCO ou non. Même avant ce stade, la fumée irrite en permanence les voies respiratoires, provoque une inflammation des bronches et entraîne une toux qui persiste. 

Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion 

Certains médicaments utilisés pour traiter l’hypertension, appelés inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), peuvent provoquer une toux chez environ 1 personne sur 6. Cette toux peut s’accompagner d’une sensation de picotement ou de démangeaison au fond de la gorge. Elle apparaît le plus souvent dans la première semaine après le début du traitement, mais parfois seulement après plusieurs mois. Quand le traitement est arrêté, la toux peut mettre encore 1 à 3 mois à disparaître complètement. Si le même type de médicament est repris, la toux réapparaît presque toujours, peu importe lequel des IEC est utilisé. 

Les infections 

La toux est très courante lors d’infections récentes, mais elle peut aussi être le signe d’infections plus longues comme la tuberculose ou la coqueluche. Pour comprendre l’origine, il est important de savoir depuis quand la toux est présente, si elle a commencé après un épisode infectieux, quels autres symptômes sont apparus et s’il existe des situations d’exposition à risque. L’état des vaccins est aussi utile à vérifier, car la coqueluche peut provoquer une toux qui dure plus de deux mois. Si l’une de ces maladies est suspectée, un examen des crachats ou une PCR (test de laboratoire qui permet de détecter le matériel génétique d’un microbe) peut être nécessaire. Enfin, il faut savoir qu’une toux sèche peut parfois continuer jusqu’à trois mois après une infection bénigne des voies respiratoires supérieures. 

Obstruction laryngée induite 

Il s’agit d’un rétrécissement temporaire et réversible du larynx (la zone de la gorge où se trouvent les cordes vocales) en réaction à certains facteurs comme l’effort, une intubation récente, un reflux, l’inhalation de substances irritantes ou encore le stress. Les symptômes peuvent être une gêne pour respirer, un bruit aigu lors de la respiration, une toux, une sensation d’oppression dans la gorge ou une voix modifiée. Le diagnostic est difficile car il faut examiner le larynx au moment même de la crise, ce qui est rarement possible. C’est pourquoi ce problème est souvent confondu avec de l’asthme. Entre les crises, l’examen du larynx est normal et n’aide pas à confirmer le diagnostic, mais il peut parfois servir à écarter d’autres causes lorsque la situation n’est pas claire. 

Pathologies de l’humeur 

Comme pour la douleur, l’état psychologique peut influencer la sensibilité à la toux. Cette relation va dans les deux sens : la toux peut être plus gênante lorsqu’il existe des symptômes de dépression, et une toux chronique peut augmenter le risque de rechute dépressive. Il est donc important de rechercher une dépression cachée et de la prendre en charge. 

Autres 

D’autres causes peuvent aussi être à l’origine d’une toux et doivent être prises en compte dans le diagnostic. Parmi elles, on retrouve certaines maladies des poumons (comme les pneumopathies interstitielles ou, plus rarement, un cancer pulmonaire), la présence d’un corps étranger dans les bronches, une insuffisance cardiaque non encore identifiée, une irritation de l’oreille (par exemple un bouchon de cérumen), ou encore des anomalies de la trachée. Pendant la grossesse, à cause du gonflement naturel des muqueuses, une toux chronique isolée peut aussi apparaître. 

PRISE EN CHARGE 

Il n'est plus recommandé de donner un traitement sans avoir identifié la cause de la toux. En effet, près d’une personne sur deux n’y répondait pas, ce qui entraînait des traitements inutiles et retardait la vraie prise en charge. 
La prise en charge actuelle consiste à chercher et à corriger les causes possibles qui peuvent être modifiées. Si un traitement n’est que partiellement efficace ou ne fonctionne pas, il est important de vérifier que le traitement est bien suivi, que les inhalateurs sont utilisés correctement et que la dose et la durée sont adaptées. 
Si la toux ne s’améliore pas, si l’histoire de la maladie le suggère ou s’il n’y a pas de facteur identifiable, un syndrome d’hypersensibilité peut être en cause. Dans ce cas, il est recommandé de consulter un spécialiste pour confirmer le diagnostic et proposer un traitement spécifique et adapté. 

Syndrome d’hypersensibilité à la toux   

La prise en charge de l’hypersensibilité à la toux combine des approches avec et sans médicaments. Parmi les méthodes non médicamenteuses, l’orthophonie et la physiothérapie sont utiles pour réduire les symptômes et améliorer la qualité de vie. 
Du côté des médicaments, certains produits agissent directement sur les nerfs impliqués dans la toux. Des traitements comme la morphine à faible dose, la gabapentine ou la prégabaline peuvent diminuer la toux et améliorer la qualité de vie, mais ils entraînent souvent des effets secondaires, surtout avec la morphine même à petite dose. Le baclofène pose aussi des problèmes de tolérance. Un nouveau médicament, le géfapixant, a montré une nette réduction de la fréquence de la toux dans les essais, mais il peut modifier le goût. En général, ces traitements ne sont proposés qu’après un bilan spécialisé, et seulement si les autres causes de toux possibles ont déjà été traitées. 
Il est important de souligner que les antibiotiques de la famille des macrolides ne sont pas conseillés dans ce contexte, car ils ne réduisent pas la toux lorsqu’il n’y a pas d’infection. 
Enfin, concernant les sirops contre la toux, la plupart des études portent sur la toux récente et non la toux chronique. Elles montrent un effet, mais une grande partie serait liée à l’effet placebo. Dans ce cas, le miel est souvent une meilleure option : il est presque aussi efficace, avec beaucoup moins d’effets secondaires. 

Syndromes de toux d’origine des voies respiratoires supérieures (STOVAS) 

Le traitement dépend de la cause du problème. Si c’est une allergie, il est important d’éviter ce qui provoque la réaction (l’allergène). On recommande aussi de faire des lavages de nez avec du sérum physiologique et d’utiliser un spray à base de cortisone (par exemple : Mométasone). La dose habituelle est de 2 pulvérisations dans chaque narine, 2 fois par jour, pendant au moins 2 à 4 semaines. 
Si ce n’est pas une allergie, un traitement combiné donne souvent de meilleurs résultats. On peut utiliser un spray qui contient à la fois un corticoïde et un antihistaminique (par exemple : Azelastine-Fluticasone). La dose est généralement de 1 pulvérisation dans chaque narine, 2 fois par jour, pendant au moins 2 à 4 semaines. Si les symptômes ne s’améliorent pas malgré le traitement, on peut rechercher une anomalie au niveau du nez (comme une déviation de la cloison), qui pourrait nécessiter une opération. 
Certains médicaments, comme les sprays décongestionnants utilisés trop longtemps, peuvent aussi être responsables d’une rhinite. Dans ce cas, il faut arrêter ce type de médicament et parfois utiliser un spray à la cortisone pendant 3 semaines pour aider le nez à récupérer. 

Syndrome obstructif 

Le traitement de l’asthme et de la BPCO (Bronchopneumopathie Chronique Obstructive, maladie pulmonaire chronique) est adapté à chaque personne, en fonction de ses symptômes et de son état de santé. Chaque patient a un plan de traitement personnalisé. 
L’asthme est une maladie respiratoire qui se traite avec des médicaments à inhaler. Le traitement dépend de la fréquence et de la gravité des crises. Il est important de bien apprendre à utiliser correctement les inhalateurs (sprays ou poudres), car une mauvaise utilisation peut rendre le traitement moins efficace. Le suivi régulier permet d’adapter le traitement si besoin. 
La BPCO est une maladie des poumons souvent liée au tabac. Elle se traite également avec des inhalateurs et des médicaments adaptés, selon le stade de la maladie. Arrêter de fumer est essentiel pour ralentir l’évolution de la BPCO. 
L'asthme avec toux uniquement ("cough variant asthma") est un type d’asthme où le principal symptôme est une toux persistante, sans crise classique de respiration sifflante. Cette forme se traite comme l’asthme classique, avec les mêmes types de médicaments. Là aussi, bien utiliser les inhalateurs est très important pour que le traitement fonctionne bien. 

Bronchite à éosinophiles 

La bronchite à éosinophiles est une inflammation des bronches liée à certains globules blancs appelées éosinophiles. Le traitement le plus courant repose sur l’utilisation de sprays contenant de la cortisone (appelés stéroïdes inhalés), comme le Pulmicort 100 μg, avec 1 inhalation, 2 fois par jour. La durée du traitement peut varier. Si ce traitement ne suffit pas et que le diagnostic est bien confirmé, le médecin peut proposer une courte cure de cortisone en comprimés ou un traitement d'anti-leucotriène. 

Reflux gastro-œsophagien 

Le traitement du reflux gastro-œsophagien comprend plusieurs choses : des conseils pour changer certaines habitudes et des médicaments pour diminuer l’acidité de l’estomac. Les médicaments utilisés sont des inhibiteurs de la pompe à protons, comme le pantoprazole 40 mg ou l’oméprazole 40 mg, à prendre une fois par jour. Parfois, la dose peut être augmentée, et le traitement dure généralement environ 3 mois. Les conseils à suivre au quotidien sont : 
•    Arrêter de fumer 
•    Surélever la tête du lit (par exemple, en mettant des cales sous les pieds du lit) 
•    Réduire ou éviter les aliments qui favorisent le reflux ou sont acides, comme les graisses, le café, l’alcool, le chocolat, le fromage, les sodas, surtout le soir 
•    Ne pas manger juste avant d’aller se coucher, laisser au moins 2 à 3 heures entre le repas et le coucher 
Si le traitement ne fonctionne pas après 3 mois, des examens plus poussés peuvent être nécessaires pour mieux comprendre la cause du reflux. 

Apnée du sommeil 

Le traitement par CPAP (un appareil qui aide à mieux respirer la nuit) a montré qu’il peut réduire la toux chronique si on le suit pendant au moins 6 semaines. 

Tabac 

Arrêter de fumer est l’un des premiers conseils quand on a une toux qui dure longtemps. Cependant, ce n’est pas toujours facile car beaucoup de personnes ont du mal à arrêter. 
Un accompagnement est très important, avec des conseils et des aides pour arrêter (comme les patchs ou gommes à la nicotine). Si le suivi est compliqué avec votre médecin, il est possible d’être orienté vers un centre spécialisé, comme l’UDMPR à Genève. 
Il faut savoir que quand on arrête de fumer, la toux peut s’aggraver temporairement. Cela est dû au fait que la nicotine empêchait le réflexe de la toux, et quand on arrête, ce réflexe revient plus fort. Il est important d’être informé à l’avance pour ne pas s’inquiéter et tenir bon dans l’arrêt du tabac. 

Obstruction laryngée induite

Si le médecin soupçonne un problème de gêne ou d’obstruction au niveau du larynx (la zone de la gorge qui sert à parler et respirer), il pourra vous orienter vers un spécialiste ORL (oto-rhino-laryngologiste). 
Le traitement peut inclure des thérapies spécifiques, comme des exercices de langage et des séances avec un orthophoniste (spécialiste de la voix et de la parole). 
 

Dernière mise à jour : 10/12/2025