Hématurie microscopique (sang dans les urines)

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Introduction

L’hématurie microscopique, aussi appelée microhématurie, est assez courante, touchant jusqu’à un tiers des personnes. Contrairement à l’hématurie visible, celle-ci ne peut pas être vue à l’œil nu et nécessite donc des examens spécialisés pour être détectée. Cette condition peut être causée par diverses problèmes de santé, y compris des maladies des reins, de la vessie ou des organes reproducteurs. Les raisons peuvent être très variées, et c’est pourquoi il est important d’effectuer des tests pour en déterminer la cause exacte.

Définitions et classification

Hématurie: excrétion anormale de globules rouges dans les urines

  • Microhématurie : Il s'agit de la présence de globules rouges dans les urines, mais ils ne sont pas visibles à l'œil nu. On la découvre grâce à un test urinaire, mais pour être sûr de cette détection, on effectue des tests supplémentaires comme la cytométrie de flux et l'analyse du sédiment urinaire, surtout si les symptômes ne sont pas clairs.
  • Macrohématurie : Présence de sang visible dans les urines. Même une petite quantité de sang peut colorer les urines. On peut utiliser des échelles de couleur pour mesurer la quantité de sang.
  • Hématurie microscopique asymptomatique : Cela se découvre souvent par hasard lors d'un examen urinaire, sans signes cliniques évidents d'un problème sous-jacent.
  • Hématurie microscopique isolée : Cela signifie qu'il y a du sang dans les urines sans autres signes de problèmes rénaux, comme une diminution de la fonction rénale, de la protéinurie (présence de protéines dans les urines), ou des symptômes d'hypertension.

Source de l’hématurie microscopique

En examinant la forme des globules rouges dans les urines, les médecins peuvent obtenir des indices sur la source possible du saignement dans le système urinaire

  • Hématurie microscopique glomérulaire : Cela signifie que les globules rouges dans les urines sont déformés. Cette déformation se produit lorsqu'ils passent à travers le filtre des reins (le glomérule). Si plus de 60 % des globules rouges sont déformés ou si plus de 5 % sont des acanthocytes (globules rouges en forme d'étoile) ou des cylindres hématiques, cela indique généralement une origine glomérulaire pour l'hématurie. Cependant, cette méthode n'est pas toujours très sensible.
  • Hématurie microscopique non-glomérulaire : Dans ce cas, les globules rouges ont une apparence normale, similaire à celle des globules rouges dans le sang. Si plus de 80 % des globules rouges sont normaux, cela suggère que l'hématurie ne provient pas des glomérules, mais d'une autre partie du système urinaire. Les résultats intermédiaires ne permettent pas de déterminer la cause avec précision.
  • Hématurie microscopique indéterminée : Parfois, il est difficile de déterminer la cause exacte de l'hématurie parce que les globules rouges semblent douteux. Cela peut se produire si l'échantillon d'urine a été stocké trop longtemps avant l'analyse ou si les urines sont très concentrées.

Diagnostic d’une hématurie microscopique

Tests diagnostiques

Bandelette urinaire

Une bandelette urinaire est un outil simple pour détecter certaines anomalies dans l'urine. Elle est capable de repérer la présence de sang, même en très petites quantités. Elle est très sensible, mais parfois elle peut donner de faux résultats.

Il y a des situations où le test peut montrer un résultat positif alors qu'il n'y a pas réellement de sang dans l'urine, comme en cas de déshydratation, d'activité physique intense, de règles chez les femmes, si la personne a une forte concentration de globules blancs ou de myoglobine dans ses urines, ou si d'autres substances sont présentes, comme des produits désinfectants de type Bethadine ou du sperme.

Il y a aussi des cas où le test de la bandelette urinaire ne détecte pas de sang alors qu'il y en a. Cela peut arriver si la personne prend de la vitamine C, un médicament comme le captopril, ou si l’urine est très acide.
En résumé, la bandelette urinaire est un bon test, mais parfois elle peut donner des résultats trompeurs, donc il est souvent nécessaire de faire un test complémentaire pour confirmer les résultats.

Sédiment urinaire

L’hématurie est la présence de sang dans l'urine, et elle est quantifiée par un sédiment urinaire. Une méthode courante utilisée dans le sédiment urinaire est la cytométrie de flux, où le nombre de globules rouges (GR) est exprimé en millions par litre (M/L). Ce nombre peut aussi être exprimé en cellules par microlitre (µL) ou en nombre de cellules visibles dans un champ d'observation au microscope.

Il existe une relation entre ces différentes méthodes de comptage : 5 millions de cellules par litre (M/L) mesurées par cytométrie équivalent approximativement à 1 globule rouge par champ d'observation microscopique.

Dans le laboratoire des HUG, le seuil physiologique pour détecter la présence de sang dans l’urine ou hématurie est généralement fixé à 26 millions de cellules par litre, ce qui correspond à environ 5 globules rouges par champ au microscope. Ce seuil peut varier légèrement selon le laboratoire, mais cette variation n'est pas significative.

La sensibilité du test, c'est-à-dire sa capacité à détecter les cas d'hématurie, varie entre 18 et 44%. En revanche, sa spécificité, qui est sa capacité à exclure les personnes sans hématurie, est de 88 à 89%.

Enfin, si un examen montre un nombre élevé de globules rouges au sédiment urinaire, un examen plus détaillé au microscope, utilisant une technique spécifique, est nécessaire pour analyser la forme des globules rouges et déterminer l'origine de l'hématurie.

Examen par microscopie de l’urine 

L'examen par microscopie à contraste de phase est une méthode utilisée pour analyser en détail la forme des globules rouges présents dans l'urine. Cet examen permet de différencier les globules rouges selon leur origine : qu'ils proviennent des reins (glomérulaire), d'autres parties des voies urinaires (non glomérulaire), ou d'une combinaison des deux. Il peut aussi détecter la présence de structures particulières comme des cylindres érythrocytaires, qui sont des amas de globules rouges et peuvent indiquer des problèmes rénaux spécifiques.

Cet examen améliore la précision du diagnostic par rapport à un test urinaire plus simple comme le sédiment urinaire. Cependant, sa principale limitation réside dans le fait qu'il dépend beaucoup de la personne qui réalise l'examen. La façon dont l'examinateur interprète les résultats peut varier, ce qui peut rendre les résultats moins reproductibles, c'est-à-dire moins fiables s'ils sont répétés par une autre personne ou à un autre moment.

Approches et étiologies

Lorsqu'on analyse les urines, on peut déterminer non seulement la quantité de globules rouges, mais aussi leur forme. Ces informations aident à identifier l'origine du problème. Si les globules rouges ont une forme non-glomérulaire, cela indique souvent un problème urologique, c'est-à-dire qui concerne les voies urinaires (comme la vessie ou l'urètre). En revanche, si les globules rouges ont une forme glomérulaire, cela suggère un problème rénal, c'est-à-dire lié aux reins. Ce type d'analyse est souvent réalisé par le ou la médecin traitant. Selon les résultats, le ou la médecin traitant peut décider s'il est nécessaire de vous orienter vers un urologue (pour les problèmes des voies urinaires) ou un néphrologue (pour les problèmes rénaux). Cette décision dépend de plusieurs facteurs, dont les risques personnels, les symptômes présents, et d'autres informations biologiques.

Présence de sang d’origine rénale dans les urines ou hématurie glomérulaire

L'hématurie glomérulaire, c'est-à-dire la présence de globules rouges provenant des reins, est particulièrement préoccupante. Elle est souvent le signe d'une maladie rénale sous-jacente. La cause n'est pas toujours évidente, et c'est pourquoi des examens cliniques et biologiques supplémentaires sont nécessaires pour détecter une possible progression vers une insuffisance rénale.
Il est important de rechercher précocement une glomérulonéphrite, une maladie rénale spécifique, car elle peut représenter jusqu'à 10 à 15 % des cas d'insuffisance rénale terminale. Cette condition est la troisième cause d'insuffisance rénale après le diabète et l'hypertension. Selon la cause, la maladie peut évoluer rapidement vers une insuffisance rénale sévère en quelques semaines.

Prise d’informations et examen clinique effectués par le ou la médecin traitant

Lorsqu'on cherche à comprendre l'origine d'une hématurie glomérulaire (présence de sang dans les urines provenant des reins), le ou la médecin traitant va poser certaines questions et va réaliser un examen clinique détaillé. Plusieurs éléments peuvent orienter le diagnostic :

  • Symptômes généraux : Par exemple, des vertiges, des maux de tête, des bourdonnements dans les oreilles, ou une douleur thoracique, peuvent suggérer une hypertension artérielle non contrôlée ou une autre condition sous-jacente.
  • Facteurs de risque infectieux : Si une personne a des antécédents de rapports sexuels non protégés ou d'injections de substances, ou si elle a été exposée à certains virus (comme le VIH ou l'hépatite C), il pourrait y avoir un risque d'infection qui affecte les reins.
  • Infections récentes : Une infection récente des voies respiratoires, par exemple, pourrait être liée à une glomérulonéphrite, une inflammation des reins qui survient après certaines infections.
  • Symptômes cutanés ou articulaires : La présence de ces symptômes peut indiquer une maladie systémique, qui affecte plusieurs organes, dont les reins.
  • Antécédents familiaux : Si d'autres membres de la famille ont eu des problèmes rénaux ou une perte d'audition, cela pourrait suggérer un syndrome d'Alport, une maladie héréditaire qui affecte les reins et l'ouïe.

En cas d'hématurie glomérulaire persistante, surtout si aucune cause n'est trouvée après des examens approfondis, il peut être nécessaire de faire un bilan urologique pour écarter d'autres pathologies, notamment en présence de facteurs de risque de cancer.

Il existe certaines associations entre des symptômes et des maladies rénales spécifiques. Par exemple :

  • Une hématurie glomérulaire isolée peut être associée à une néphropathie à IgA.
  • Une histoire familiale de surdité peut indiquer un syndrome d'Alport. (maladie génétique affectant les reins, l’ouïe et parfois la vision)
  • Des signes de lupus tels que des douleurs articulaires, une éruption cutanée, de la fatigue persistante, et des anomalies dans les analyses de sang peuvent pointer vers une néphrite lupique.
  • D'autres symptômes comme le purpura (taches rouges sur la peau) ou des infections récentes peuvent également orienter vers des maladies rénales spécifiques.

Examens complémentaires

En cas de présence de sang dans les urines provenant des reins (hématurie glomérulaire), plusieurs examens doivent être réalisés pour mieux comprendre la situation :

  1. Formule sanguine complète : Cet examen est utilisé pour vérifier la présence d'une anémie, qui peut être liée à un problème rénal.
  2. Chimie sanguine : Un ensemble de tests pour mesurer différents composants du sang, tels que la créatinine (pour évaluer la fonction rénale), les électrolytes (comme le sodium, le potassium, le calcium), et d'autres marqueurs comme la CRP (qui indique une inflammation) et l'albumine (une protéine qui peut être anormale en cas de problèmes rénaux ou hépatiques).
  3. Sédiment urinaire : Un test de l'urine pour détecter la présence de protéines (protéinurie) ou d'albumine (albuminurie), ce qui peut indiquer un problème au niveau des reins.
  4. Ultrason rénal : Une échographie des reins pour examiner leur structure, leur taille, et la présence éventuelle d'anomalies comme une dilatation ou des problèmes de circulation sanguine dans les reins. Ce test n'est pas urgent si la présence de sang dans l'urine est découverte pour la première fois et en petite quantité.

Ces examens permettent de mieux comprendre la cause de l'hématurie et d'orienter le traitement approprié.

Orientation vers le service de néphrologie

Lorsqu'il y a du sang dans les urines provenant des reins (hématurie glomérulaire), il est essentiel de réaliser plusieurs examens complémentaires pour évaluer la gravité de la situation. Ces examens incluent la vérification du fonctionnement des reins (débit de filtration glomérulaire), la recherche de protéines dans l'urine (protéinurie), la mesure de la tension artérielle, et la présence éventuelle de symptômes affectant tout le corps (symptômes systémiques).

Ces éléments permettent de déterminer la rapidité avec laquelle il faut consulter un spécialiste des reins, le néphrologue. Dans certains cas, un bilan plus approfondi, pouvant inclure une biopsie rénale (prélèvement d'un petit échantillon de tissu rénal pour analyse), sera nécessaire.

Il est recommandé que toute hématurie soit évaluée par un néphrologue pour un premier avis. Cependant, il est particulièrement urgent de consulter si :

  • Il y a plus de 30 mg d'albumine (protéine du sang qui peut montrer un dommage des reins si elle présente en forte quantité dans les urines) dans les urines sur 24 heures.
  • Le débit de filtration glomérulaire (une mesure de la fonction rénale) est inférieur à 60 mL/min/1.73m².
  • Il y a une hypertension artérielle ou des symptômes qui suggèrent une maladie systémique.

Ces critères indiquent que la situation pourrait être plus grave et nécessiter une prise en charge rapide.

Hématurie glomérulaire isolée

Lorsqu'il y a du sang dans les urines qui provient des reins, mais sans autres symptômes comme une tension artérielle élevée, des protéines dans l'urine, ou une diminution de la fonction rénale, on parle d'hématurie glomérulaire isolée. Même si cela semble moins inquiétant, il est important de ne pas l'ignorer, car cela peut indiquer une maladie rénale sous-jacente. Bien que cette situation ne nécessite pas une consultation en urgence avec un spécialiste des reins (néphrologue), il est tout de même nécessaire de consulter un néphrologue pour une évaluation plus approfondie.

Hématurie non glomérulaire

Contrairement à l'hématurie glomérulaire qui suggère un problème au niveau des reins, l'hématurie non glomérulaire peut provenir de n'importe quelle partie des voies urinaires situées après les reins, comme la vessie ou l'urètre. Parfois, elle peut aussi être causée par des conditions systémiques plus rares. Identifier la source de cette hématurie est important pour orienter le diagnostic et le traitement appropriés.

La présence de sang dans les urines (hématurie) peut avoir plusieurs différentes causes possibles en fonction de la localisation dans le système urinaire.

Problèmes vasculaires (au niveau des vaisseaux sanguins qui alimentent les reins) :

  • Malformations des vaisseaux (comme les MAV ou télangiectasies)
  • Thrombose de la veine rénale ou embolie rénale (obstruction d'un vaisseau)
  • Hypertension artérielle non contrôlée
  • Syndrome casse-noisette (compression d'une veine rénale)
  • Complications post-intervention chirurgicale ou traitement (iatrogène)

Rein, après le glomérule (partie des reins où se fait la filtration du sang) :

  • Maladies rénales tubulo-interstitielles (affectant les tubules et l'espace entre eux)
  • Pyélonéphrite ou abcès (infections rénales)
  • Présence de tumeurs bénignes ou malignes (comme l'angiomyolipome ou oncocytome)
  • Anomalies structurelles (reins polykystiques, rein médullaire spongieux)
  • Conditions comme l'hypercalcémie ou hyperuricosurie (excès de calcium ou d'acide urique)
  • Nécrose papillaire (dégâts aux papilles rénales) due au diabète, à certains médicaments, ou autres conditions
  • Infection par le virus BK chez les personnes ayant subi une transplantation rénale

Uretère (tube reliant les reins à la vessie) :

  • Peut être affecté par les mêmes causes que le reste du tractus urinaire
  • Sténose urétérale (rétrécissement de l'uretère)
  • Complications post-intervention chirurgicale

Vessie :

  • Néoplasie (tumeurs)
  • Dommages dus aux radiations
  • Cystite allergique, parfois causée par un traitement comme le BCG (utilisé pour certaines formes de cancer de la vessie)

Prostate et urètre (chez les hommes) :

  • Hyperplasie bénigne de la prostate (HBP), qui est un élargissement de la prostate
  • Tumeurs (néoplasie)
  • Complications suite à des interventions médicales (iatrogène)
  • Infections
  • Diverticule urétral (une sorte de poche qui se forme dans l'urètre)

Causes qui affectent l'ensemble du tractus urinaire :

  • Calculs rénaux (lithiase urinaire)
  • Infections, y compris la tuberculose et la schistosomiase
  • Traumatismes ou présence de corps étrangers
  • Inflammations dues au contact avec des organes voisins
  • Tumeurs
  • Effets secondaires de certains traitements médicaux (iatrogène)
  • Efforts physiques intenses

En résumé, le sang dans les urines peut provenir de nombreuses causes différentes, selon la localisation du problème dans le système urinaire. Il est important d'identifier l'origine pour déterminer le traitement approprié.

Personne symptomatique

Pour comprendre d'où vient le sang dans les urines (hématurie), un entretien détaillé avec la personne et un examen clinique minutieux sont essentiels. Les causes les plus fréquentes de cette situation incluent des infections, un élargissement bénin de la prostate (appelé hyperplasie bénigne de la prostate ou HBP), ou des calculs urinaires (lithiases). Cependant, il est important de ne pas négliger les organes voisins, comme le système digestif ou gynécologique, qui pourraient aussi être à l'origine du problème.
Dans les cabinets médicaux où une échographie est disponible, l'utilisation d'un POCUS (Point Of Care Ultrasound, une échographie rapide réalisée sur place) peut être très utile pour identifier rapidement une cause possible d'obstruction dans les voies urinaires.

Si l'une de ces causes est identifiée, il est important de commencer le traitement approprié. Toutefois, il est recommandé de refaire un test pour vérifier la présence de sang microscopique dans les urines après la disparition des symptômes ou à la fin du traitement. Ceci est crucial car il pourrait encore y avoir une cause plus sérieuse, comme un cancer, qui n'aurait pas été détectée, surtout chez les personnes atteintes d'HBP.

Personne asymptomatique

Lorsqu'il y a du sang dans les urines qui est invisible à l'œil nu (hématurie microscopique), mais sans aucun autre symptôme et que l'origine n'est pas liée aux reins (non glomérulaire), il est important de faire des examens de base pour en trouver la cause. Ces examens incluent une prise de sang complète et des tests de chimie sanguine pour mesurer les électrolytes présents dans le sang.

Même pour les personnes qui prennent des anticoagulants (médicaments qui fluidifient le sang), les experts recommandent de suivre la même démarche diagnostique. En effet, bien que les anticoagulants puissent parfois causer du sang dans les urines, il est essentiel de vérifier qu'il n'y a pas une autre cause sous-jacente.

Hématurie microscopique et facteurs de risque de cancer

Lorsque du sang qui ne provient pas des reins est détecté dans les urines sans autre symptôme (hématurie microscopique non glomérulaire), il est important d'évaluer le risque de présence d'un cancer dans les voies urinaires (cancer néoplasique). Cette évaluation se base sur plusieurs critères, comme l'âge, les antécédents médicaux, et les habitudes de vie, notamment le tabagisme. 

Classification du risque de cancer des voies urinaires :

L'évaluation du risque est classée en trois niveaux : bas, intermédiaire, et élevé.

Risque bas de cancer de l’appareil urinaire :

  • Femmes de moins de 50 ans et hommes de moins de 40 ans.
  • Aucun facteur de risque connu pour un cancer urinaire.
  • Non-fumeur ou fumeur léger (moins de 10 unités paquet-année ou UPA).
  • La présence de 26 à 50 millions de cellules par litre (M/L) dans l'analyse urinaire.

Risque intermédiaire de cancer de l’appareil urinaire :

  • Femmes de 50 à 59 ans et hommes de 40 à 59 ans.
  • Présence d'un ou plusieurs facteurs de risque pour un cancer urinaire.
  • Fumeur modéré (10 à 30 unités paquet-année ou UPA).
  • Une présence de 51 à 125 M/L de cellules sanguines au sédiment urinaire, ou 26 à 50 M/L confirmée sur une deuxième analyse.

Risque élevé de cancer de l’appareil urinaire :

  • Femmes et hommes de plus de 60 ans.
  • Présence d'un ou plusieurs facteurs de risque pour un cancer urinaire ou des antécédents de macrohématurie (sang visible dans les urines).
  • Fumeur important (plus de 30 unités paquet-année ou UPA).
  • Une présence de plus de 125 M/L de cellules sanguines sur une analyse urinaire.

Facteurs de risque de cancer de l’appareil urinaire :

Certains éléments augmentent le risque de développer un cancer des voies urinaires, comme :

  • L'âge avancé.
  • Le sexe masculin.
  • Le tabagisme (actuel ou passé).
  • Antécédents d'infections urinaires chroniques.
  • Exposition à des produits chimiques ou toxiques comme le benzène.
  • Schistosomiase (une infection parasitaire).
  • Présence chronique d'un corps étranger dans les voies urinaires, comme une sonde urinaire à demeure.
  • Antécédents de radiation dans la région pelvienne.
  • Exposition à des agents cancérogènes, y compris certains médicaments.
  • Antécédents familiaux de cancer des voies urinaires.

En fonction de ces critères, le ou la médecin traitant décide de la nécessité de consulter un spécialiste pour des examens complémentaires. Même si certains cas peuvent sembler moins préoccupants (risque bas), une évaluation minutieuse est toujours nécessaire pour exclure tout risque sérieux, comme le cancer.

Risque bas

Pour les personnes dans la catégorie de "risque bas", la probabilité de développer un cancer des voies urinaires est très faible, environ 0,5%. Cela signifie que des examens supplémentaires pourraient ne pas être nécessaires et, dans certains cas, nuisibles. En effet, l’imagerie par tomodensitométrie (CT) implique des radiations ionisantes, et la cystoscopie est une procédure invasive au cours de laquelle on examine l'intérieur de la vessie avec une petite caméra. Par ailleurs, il existe un risque que les résultats de ces examens reviennent faussement positifs. C’est pourquoi ces examens ne sont recommandés que lorsque le risque de cancer est intermédiaire ou haut.

Cependant, une échographie (US) est un examen simple, rapide, abordable et sans risque. Elle peut être utile pour détecter des causes bénignes de l'hématurie, comme des calculs rénaux, une dilatation des voies urinaires, ou des lésions évidentes dans la vessie ou les reins. Ce type d'échographie peut être fait par un radiologue ou même par le ou la médecin traitant si elle est formé à cet outil (POCUS, Point-Of-Care UltraSound, une échographie rapide réalisée sur place). Cela peut déjà fournir des réponses importantes, comme la présence de calculs ou de masses.

Même si l'échographie est normale, il est recommandé de refaire une analyse d'urine dans six mois. Si cette nouvelle analyse montre encore 26 à 50 millions de cellules sanguines par litre, cela placerait la personne dans une catégorie de "risque intermédiaire", ce qui justifierait alors une consultation avec un urologue pour des examens plus approfondis.

Risque intermédiaire et haut

Lorsque le risque de cancer des voies urinaires est jugé intermédiaire ou élevé, il est important d'effectuer des examens plus approfondis pour s'assurer qu'aucun problème grave, comme un cancer, n'est manqué.

Le cancer le plus fréquent dans les voies urinaires est le cancer de la vessie. Pour cette raison, une cystoscopie est recommandée dès le début pour les personnes présentant un risque intermédiaire ou élevé. La cystoscopie est une procédure où on examine l'intérieur de la vessie avec une petite caméra, et c'est un test très précis, avec une sensibilité de 98%. Il est donc essentiel de consulter un urologue pour organiser cet examen.

Imagerie pour le tractus urinaire supérieur : En plus de la cystoscopie, il est également nécessaire d'imager les parties supérieures des voies urinaires (comme les reins et les uretères). Le type d'imagerie dépendra de chaque cas et sera discuté avec les spécialistes.

  • Risque intermédiaire : Une échographie rénale (US) peut être demandée seule pour commencer, car elle permet de détecter certaines tumeurs rénales. Cependant, cet examen n'est pas très efficace pour détecter les cancers des voies urinaires supérieures (avec une sensibilité de seulement 14%). Si l'échographie ne montre rien d'anormal, et étant donné la faible probabilité de trouver un cancer, il pourrait être discuté de faire un scanner (CT) pour une évaluation plus précise.
  • Risque élevé : Pour les personnes à risque élevé, et s'il n'y a pas de contre-indication, un scanner multiphasique (CT) est l'examen de choix car il offre une vue détaillée du tractus urinaire. Si un scanner n'est pas possible, une IRM (imagerie par résonance magnétique) est une alternative appropriée. Si aucune de ces options n'est disponible ou possible, une pyélographie rétrograde (un type spécial de radiographie) avec un scanner ou une IRM non contrastée peut être réalisée. Une échographie rénale peut être envisagée si aucun autre examen n'est possible, mais elle n'est pas idéale car il existe un risque important de manquer un cancer des voies urinaires supérieures.

Si une personne de risque intermédiaire a une échographie rénale normale mais continue d'avoir du sang dans les urines, d'autres examens, comme un scanner ou une IRM, sont nécessaires pour une évaluation complète.

Cas particuliers

En cas d’antécédents familiaux de carcinome rénal, ou un syndrome génétique tumoral (pex Von-Hippel-Lindau, Birt-Hogg-Dube, sclérose tubéreuse...), une imagerie du tractus urinaire est à réaliser sans considération de la catégorie de risqué de cancer.

Suivi d’une hématurie microscopique après un premier bilan 

Lorsque du sang est trouvé dans les urines au microscope (hématurie microscopique), mais que les premiers examens n'ont pas révélé de cause évidente, un suivi est nécessaire pour s'assurer qu'aucun problème grave ne se développe par la suite.

  • Suivi recommandé : Pour une personne ayant une hématurie microscopique non glomérulaire (c'est-à-dire qui n'est pas liée à un problème rénal), sans symptômes et avec un premier bilan normal, il est recommandé de faire une analyse d'urine annuelle pendant les 12 mois suivants. Si seulement une échographie seule a été réalisée chez une personne avec un risque initial de cancer urinaire faible il est conseillé de refaire l'analyse après 6 mois.
  • Si le suivi est normal : Si l'analyse d'urine réalisée après un an ne montre plus de sang, le suivi peut être arrêté, car cela signifie qu'il n'y a probablement pas de problème sous-jacent.
  • Si le problème persiste : Si le sang dans les urines persiste ou réapparaît, une discussion entre différents spécialistes doit avoir lieu pour décider des examens supplémentaires nécessaires.
  • Nouveaux symptômes : Si une personne, dont le premier bilan était normal, commence à voir du sang visible dans les urines (macrohématurie), si la quantité de sang microscopique augmente de manière significative, ou si de nouveaux symptômes urologiques apparaissent, il est important de refaire des examens plus approfondis, même si le risque de découvrir un nouveau cancer est faible (environ 1,2 à 1,3%).

En résumé, un suivi attentif est essentiel pour s'assurer qu'aucune condition sérieuse n'est manquée, mais si tout reste normal après un certain temps, il n'est plus nécessaire de poursuivre les examens.

Récapitulatif des examens complémentaires pour la présence de sang d’origine non rénale (microhématurie non glomérulaire) asymptomatique isolée

Lorsqu'il y a du sang dans les urines au microscope, mais sans autres symptômes apparents, il est important de choisir les examens appropriés pour comprendre la cause. Voici un résumé des principaux examens qui peuvent être réalisés et dans quelles situations ils sont recommandés :

Cystoscopie :

  • Indications : Recommandée pour toutes les personnes ayant un risque intermédiaire ou élevé de cancer des voies urinaires. Elle peut aussi être discutée avec la personne en cas de risque bas.
  • Pourquoi : C'est un examen qui permet de visualiser directement l'intérieur de la vessie avec une caméra pour détecter des anomalies.

Échographie rénale (US rénal) :

  • Indications : Recommandée pour les personnes avec un risque bas ou intermédiaire. Elle est utilisée pour rechercher des causes bénignes comme des calculs rénaux ou des kystes.
  • Pourquoi : C'est un examen rapide, non invasif, mais il ne permet pas de voir certains types de cancers des voies urinaires supérieures.

Scanner (CT-scan) avec injection :

  • Indications : C'est l'examen de choix pour les personnes à risque élevé de cancer. Il est très précis pour examiner les reins et les voies urinaires.
  • Pourquoi : Il permet de visualiser en détail le tissu rénal et les voies urinaires, notamment pour les phases avancées.

IRM avec gadolinium :

  • Indications : Utilisée si le scanner n'est pas possible, par exemple en cas d'allergie ou d'autres contre-indications (comme la grossesse ou la présence d'un pacemaker).
  • Pourquoi : Très performante pour examiner les reins, bien que son efficacité pour visualiser certaines parties des voies urinaires soit moins claire.

Urétéro-pyélographie rétrograde (UPR) :

  • Indications : En cas de contre-indications au scanner ou à l'IRM.
  • Pourquoi : C'est une radiographie spécifique des voies urinaires, souvent utilisée si d'autres examens ne peuvent pas être réalisés.

 Marqueurs urinaires :

  • Indications : Pas utilisés en routine, mais peuvent être discutés avec un spécialiste si l'hématurie persiste sans cause identifiée.
  • Pourquoi : Ils peuvent aider à détecter certains types de cancers difficiles à voir autrement, bien que leur utilisation soit encore en discussion.

En fonction des résultats du premier bilan et du profil de risque de la personne, votre médecin pourra recommander l'un ou plusieurs de ces examens pour approfondir l'investigation et s'assurer qu'aucune cause sérieuse n'est manquée.

Signaux d’alerte 

La présence de sang dans les urines, même en petite quantité, peut parfois révéler un problème de santé plus sérieux. Les signes suivants doivent alerter et justifient une évaluation médicale rapide : 

  • Apparition soudaine de sang dans les urines 
  • Présence de caillots sanguins 
  • Douleurs dans le bas du dos ou le côté 
  • Fièvre, frissons 
  • Brûlures en urinant, envie fréquente ou difficulté à uriner 
  • Fatigue inhabituelle, perte de poids inexpliquée  

Si vous présentez ces symptômes – ou si vous pensez que votre état de santé ou celui d’un de vos proches nécessite une prise en charge médicale – il est recommandé de contacter un médecin ou, en cas d’urgence, de composer le 144 ou de vous rendre auprès d’un service médical d’urgence. 
 

Dernière mise à jour : 16/05/2025