Anémie

Ce chatbot vous donne la possibilité de poser des questions et d’obtenir des informations générales et non personnalisées sur des sujets en médecine générale. Ses réponses sont données à titre informatif seulement. Il n’a pas pour but, ni n’est capable de poser un diagnostic médical ou de proposer un traitement et ne peut pas être utilisé pour vérifier votre état de santé. Ce chatbot ne remplace en aucun cas un avis médical professionnel. Toutes les informations sont basées sur les stratégies de médecine de premier recours développées par les HUG. Ces informations sont destinées à encourager, et non à remplacer, les relations directes entre le ou la patiente et les professionnels de santé. Aussi, si vous pensez que votre état de santé ou celui d’un de vos proches nécessite une prise en charge médicale, il vous appartient de contacter un médecin ou, en cas d’urgence, de composer le 144 ou de vous rendre auprès d’un service médical d’urgence.

Introduction 

L’anémie se caractérise par un taux d’hémoglobine dans le sang inférieur à la normale chez une personne, en comparaison avec des individus de même âge et de même sexe. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dit que les niveaux normaux d'hémoglobine sont de 120 grammes par litre de sang pour les femmes qui ne sont pas enceintes et de 130 grammes par litre de sang pour les hommes, au niveau de la mer. En fonction de la gravité de la baisse de l'hémoglobine, on peut dire que l'anémie est légère, modérée ou sévère. En pratique, si le taux d'hémoglobine d'une personne diminue de manière importante (de plus de 10%) sans atteindre les critères de l'OMS pour l'anémie, et que la personne a des symptômes comme la fatigue ou la difficulté à respirer, cela peut aussi être une raison de consulter le ou la médecin pour des examens supplémentaires.

Selon l'OMS, un grand nombre de personnes dans le monde, soit environ un quart de la population mondiale, souffrent d'anémie. La plupart de ces personnes sont des femmes et des jeunes enfants qui ne sont pas encore à l'école, et cela est principalement dû à la malnutrition et/ou à des maladies infectieuses. En Suisse, l'anémie est particulièrement fréquente chez les personnes âgées qui résident dans des institutions ou qui sont hospitalisées. 

L'anémie se produit lorsque le corps ne produit pas suffisamment de globules rouges (érythrocytes) par rapport à ceux qui sont détruits. Les globules rouges ont une durée de vie d'environ 120 jours, et chaque jour, environ 1% d'entre eux sont éliminés de la circulation sanguine par certaines cellules appelées macrophages, mais ils sont remplacés par de nouveaux globules rouges appelés réticulocytes.

Définition et classifications 

Les résultats des tests sanguins qui mesurent les caractéristiques des globules rouges d'une personne (comme le volume moyen, la quantité d'hémoglobine, et la concentration d'hémoglobine) peuvent aider à déterminer de quel type d'anémie souffre une personne.

Il y a différents types d'anémie en fonction de la taille et de la teneur en hémoglobine des globules rouges

  • Anémie normocytaire : C'est une anémie où les globules rouges ont une taille normale, avec un volume moyen compris entre 82 et 98 fl (c'est une mesure de leur taille).
  • Anémie microcytaire : Dans ce cas, les globules rouges sont plus petits que la normale, avec un volume inférieur à 82 fl.
  • Anémie macrocytaire : Cette anémie est caractérisée par des globules rouges plus gros que la normale, avec un volume supérieur à 98 fl.
  • Anémie normochrome : Il s'agit d'une anémie où la quantité d'hémoglobine à l'intérieur des globules rouges est normale, avec un MCHC entre 320 et 360 g/l. Le MCHC est un paramètre mesuré dans un hémogramme qui reflète la concentration moyenne d'hémoglobine dans les globules rouges.
  • Anémie hypochrome : Cette anémie se produit lorsque la quantité d'hémoglobine à l'intérieur des globules rouges est inférieure à la normale, avec un MCHC inférieur à 320 g/l.

En ce qui concerne les réticulocytes, ce sont des globules rouges immatures qui sont produits dans la moelle osseuse. Les réticulocytes circulent dans le sang pendant 1 à 2 jours avant de devenir des globules rouges matures. Le nombre de réticulocytes dans le sang peut aider à diagnostiquer une anémie et à indiquer la gravité de l'anémie. En général, plus le taux de réticulocytes est élevé, moins l'anémie est sévère.

Lorsqu'on regarde le taux de réticulocytes dans le sang, on peut identifier deux types d'anémie :

  • Anémie régénérative : L'anémie régénérative se produit lorsque le nombre de réticulocytes dans le sang est égal ou supérieur à 120 G/l. Elle est souvent observé dans des situations telles que des saignements graves ou une destruction rapide des globules rouges (hémolyse).
  • Anémie arégénérative : L'anémie arégénérative se produit lorsque le nombre de réticulocytes dans le sang est inférieur à 70 G/l. Elle peut être causé par diverses raisons, notamment des inflammations, des carences nutritionnelles, des substances toxiques, des problèmes de la moelle osseuse (comme l'aplasie médullaire) ou des maladies du sang.

Manifestations cliniques 

Lorsqu'une personne est anémique, le corps de la personne réagit en mettant en place des mécanismes de compensation pour s'assurer que les tissus reçoivent suffisamment d'oxygène. Cela comprend une augmentation de la quantité d'oxygène extraite par les tissus (de 25 à 60%), une augmentation de la fréquence cardiaque de la personne et de la quantité de sang éjectée par le cœur de la personne. Les signes et symptômes qu'une personne ressent en raison de l'anémie dépendent principalement de la gravité de l'anémie et de la rapidité avec laquelle l'anémie se développe. Voici quelques-uns des signes et symptômes possibles d'une personne qui est anémique :

Symptômes liés à un manque d'oxygène dans les tissus :

  • Pâleur de la peau
  • Fatigue
  • Essoufflement lors d'efforts physiques
  • Risque accru d'ischémie myocardique (problèmes cardiaques)

Symptômes liés aux mécanismes compensatoires du corps :

  • Palpitations (sensation de battements cardiaques rapides ou irréguliers)
  • Pouls fort et palpable
  • Souffle cardiaque
  • Possibilité de bourdonnements dans les oreilles (tinnitus)

Symptômes liés à une diminution du volume sanguin (hypovolémie) :

  • Baisse de la pression artérielle
  • Sensation de vertige en se levant (orthostatisme)
  • Marbrures sur la peau
  • Diminution de la production d'urine
  • Risque d'état de choc (en cas d'anémie sévère)

Ces signes et symptômes varient en fonction de la sévérité de l'anémie de la personne et peuvent affecter différentes parties du corps de la personne, y compris la peau de la personne, du cœur, du système circulatoire et de la respiration de la personne. Si la personne ressent ces symptômes, il est important de consulter un ou une médecin pour un diagnostic et un traitement appropriés.

Diagnostic 

Une fois que le type d'anémie (microcytaire/hypochrome, normocytaire/normochrome, macrocytaire) et la gravité de l'anémie d'une personne sont déterminés, la prochaine étape consiste à découvrir ce qui en est la cause. 

En général, en posant des questions détaillées sur l'histoire médicale de la personne et en effectuant un examen approfondi, le ou la médecin peut souvent avoir une idée de la raison sous-jacente de l'anémie. Il est important de rechercher des signes et des symptômes qui pourraient indiquer des causes graves de l'anémie.

Voici quelques signes et symptômes à surveiller qui peuvent être des indicateurs de causes potentiellement graves de l'anémie (appelés « red flags » ou « drapeaux rouges ») :

  • Présence de fièvre
  • Sudations nocturnes
  • Perte de poids inexpliquée
  • Ganglions lymphatiques enflés
  • Augmentation du volume du foie et de la rate
  • Jaunissement de la peau (ictère)
  • Formation de petits points rouges sous la peau (pétéchies) ou des ecchymoses importantes (purpura)
  • Difficultés à avaler
  • Douleurs abdominales
  • Problèmes de transit intestinal
  • Vomissements de sang, saignements rectaux ou selles noires (méléna)
  • Perte de poids inexpliqué

Ces signes et symptômes peuvent être liés à différentes causes potentielles de l'anémie, telles que des infections, des problèmes hépatiques, des troubles de la coagulation sanguine, des cancers, des maladies du système immunitaire et bien d'autres. En fonction de ces résultats, des examens complémentaires seront effectués en suivant un plan spécifique, basé sur l'approche de l'investigation morphologique de l'anémie. L'objectif est d'identifier la cause sous-jacente de l'anémie et de déterminer le meilleur traitement à suivre.

Anémie microcytaire/hypochrome

La carence en fer est la raison la plus courante d'anémie. Pour confirmer ce diagnostic, un test sanguin appelé dosage de la ferritine dans le plasma est souvent utilisé. Si le résultat est inférieur à 30 µg/l, cela confirme généralement la carence en fer comme la cause de l'anémie. Cependant, si le niveau de ferritine est supérieur à 30 µg/l, cela peut également indiquer d'autres causes d'anémie, telles que l'inflammation. Il est donc important de faire des investigations supplémentaires pour comprendre la cause exacte de l'anémie lorsque la ferritine est élevée.

Anémie macrocytaire

Dans un premier temps, il est important de déterminer si l'anémie est due à un manque d'acide folique et/ou de vitamine B12. Pour ce faire, un test sanguin est réalisé pour mesurer la quantité de vitamine B12 circulant dans le sang, appelée cyanocobalamine.

  • Si le résultat est inférieur à 150 pmol/l, le résultat confirme un déficit en vitamine B12, et un traitement de remplacement est nécessaire.
  • Si le résultat est supérieur à 300 pmol/l, le résultat exclut généralement un déficit en vitamine B12, et il faut alors chercher d'autres causes d'anémie.
  • Il peut y avoir une zone d'incertitude lorsque le taux de vitamine B12 dans le sang se situe entre 150 et 300 pmol/l. Dans de tels cas, d'autres tests sanguins tels que le dosage de l'acide méthyl-malonique (MMA) et/ou de l'homocystéine ne sont pas toujours très utiles pour poser un diagnostic précis en raison de leur variabilité. C'est pourquoi ces tests sanguins ne sont pas couramment recommandés.

La transcobalamine est une protéine de transport qui joue un rôle dans la manière dont le corps utilise la vitamine B12. Le complexe formé entre la vitamine B12 et la transcobalamine, appelé holotranscobalamine, est censé refléter de manière plus précise la quantité de vitamine B12 disponible pour les tissus du corps. Cependant, ce test n'est pas systématiquement effectué.

Si l'anémie est de type macrocytaire et que l'anémie n'est pas due à une carence vitaminique, ou si l'anémie ne s'améliore pas après le traitement de remplacement, il est important de considérer d'autres causes possibles. Cela peut inclure des saignements internes ou une anémie hémolytique (destruction rapide des globules rouges) ou même un syndrome myélodysplasique (un trouble de la moelle osseuse).

Anémie normocytaire normochrome 

Lorsque l'anémie est de type normocytaire, il est essentiel de mener une enquête approfondie pour comprendre les causes de l'anémie. La première étape consiste à déterminer si l'anémie est régénérative ou non régénérative. Si l'anémie est régénérative, cela signifie qu'il y a une réponse active du corps pour compenser l'anémie, et il est important de rechercher rapidement la source de saignement ou de destruction des globules rouges (hémolyse). 

Chez les personnes âgées et/ou ayant plusieurs problèmes de santé, la cause de l'anémie est souvent due à plusieurs facteurs à la fois. Par exemple, une personne peut présenter des carences en fer, en vitamine B12 et en acide folique en même temps, ce qui peut conduire à une anémie qui est à la fois normocytaire et normochrome. Cela signifie que les globules rouges ont une taille et une teneur en hémoglobine normales, mais il y a un manque de ces nutriments essentiels pour produire suffisamment de globules rouges sains.

Recours à un avis spécialisé

Il est conseillé de consulter un ou une spécialiste en hématologie dans certaines situations, notamment lorsque la personne a une anémie due à une destruction rapide des globules rouges (anémie hémolytique), une maladie génétique affectant l'hémoglobine (hémoglobinopathie), lorsque la cause de l'anémie n'est pas identifiée malgré des investigations, ou si l'état de la personne ne s'améliore pas malgré un traitement approprié. Dans ces cas, un avis médical spécialisé en hématologie est recommandé pour une évaluation plus approfondie et une gestion appropriée de la condition de la personne.

Prise en charge

Indications pour une transfusion rapide

Voici les critères pour qu'une personne soit hospitalisée et bénéficie d'une transfusion sanguine 

  • Si la circulation sanguine est instable.
  • Si le niveau de l'hémoglobine dans le sang est très bas, inférieur ou égal à 70 grammes par litre.
  • Si le niveau d'hémoglobine est entre 70 et 80 grammes par litre et que la personne a déjà des problèmes cardiaques.

Anémie ferriprive

Le traitement de l'anémie due au manque de fer implique trois étapes importantes. D'abord, il faut trouver la raison pour laquelle une personne a une carence en fer et la traiter. Ensuite, il faut compenser la quantité de fer manquante en donnant à la personne ce dont elle a besoin. Enfin, il faut surveiller la personne et vérifier que l'anémie s'améliore au fil du temps.

Causes des anémies ferriprives

Les raisons pour lesquelles une personne peut développer une anémie due à un manque de fer sont multiples :

  • Les saignements : C'est la cause la plus courante et cela se produit souvent dans la région de l'estomac et des intestins. Parfois, le saignement peut être lié à une maladie grave, il est donc important de la rechercher. La présence de sang caché dans les selles nécessite des examens plus approfondis tels qu'une endoscopie gastrique, une coloscopie ou une vidéocapsule. Les dons de sang fréquents, les patients en période post-opératoire ou ceux qui subissent des prélèvements sanguins fréquents peuvent également causer une anémie due à la perte de sang. Chez les femmes en âge de procréer, il faut également enquêter sur d'éventuels saignements menstruels abondants, ainsi que sur les saignements après l'accouchement.
  • Une malabsorption de fer : Certains personnes ne sont pas en mesure d'absorber le fer correctement en raison de problèmes tels qu'une inflammation de l'estomac, une infection à Helicobacter pylori, la maladie cœliaque ou après avoir subi une chirurgie pour la perte de poids.
  • Une insuffisance d'apport en fer : Si une personne suit un régime végétalien, elle a un risque accru de manquer de fer. Cependant, pour les personnes suivant un régime végétarien, le risque de carence en fer est généralement faible, sauf chez les femmes avant la ménopause.
  • Des besoins accrus en fer : Les besoins en fer sont plus élevés pendant les périodes de croissance, comme l'enfance et l'adolescence, ainsi que pendant la grossesse, notamment en cas de grossesse gémellaire, et pendant la période d'allaitement.
  • Autres causes : Il existe d'autres raisons moins courantes à une carence en fer, telles que la destruction des globules rouges à l'intérieur des vaisseaux sanguins (hémolyse intravasculaire), l'accumulation de fer dans les poumons (hémosidérose pulmonaire) ou en réponse à la prise d'agents stimulant l'érythropoïèse tels que l'EPO (érythropoïétine) ou les ESA (agents stimulant l'érythropoïèse).

Traitement des anémies ferriprives 

Traitement de fer par voie orale

Le traitement du manque de fer par voie orale en utilisant des formes telles que le sulfate ou le fumarate de fer est une méthode abordable et efficace. La plupart des experts recommandent une dose quotidienne de fer comprise entre 100 et 200 mg. Si une personne ne montre pas d'amélioration malgré le traitement, cela est souvent dû au fait que la personne ne suit pas correctement le traitement, en raison des effets secondaires fréquents, en particulier des problèmes digestifs tels que la constipation, la diarrhée, les douleurs abdominales, les nausées et les problèmes d'estomac. Cependant, ces effets secondaires peuvent être réduits et l'efficacité du traitement améliorée en suivant quelques conseils simples :

  • Évitez les comprimés enrobés ou à libération prolongée, car les comprimés sont moins bien absorbés. 
  • Prendre le traitement de fer avec un peu de jus d'orange, car le fer est mieux absorbé sous forme de Fe2+ (fer réduit) dans un environnement acide, comme celui que crée le jus d'orange.
  • Évitez de prendre le traitement de fer dans les 2 heures précédant ou les 4 heures suivant la prise d'un IPP (inhibiteur de la pompe à protons) ou d'un antacide. Cela permettra une meilleure absorption du fer.
  • Prendre le fer en dehors des repas, car certains aliments comme l'avoine, le blé, le son, le thé, les kakis, les raisins, le soja et les fruits rouges peuvent réduire l'absorption du fer. Le traitement de fer peut aussi être pris pendant les repas si la personne a du mal à le supporter sur un estomac vide, ou si la personne prend le traitement de fer sous une forme avec une dose plus faible de Fe2+ pour réduire les effets secondaires digestifs.

Traitement de fer par voie intraveineuse

Le traitement du fer par voie intraveineuse (c'est-à-dire directement dans la circulation sanguine) peut être nécessaire dans certaines situations lorsque la personne a une anémie ou un manque de fer. 

Voici les raisons pour lesquelles un traitement de fer par voie intraveineuse pourrait être envisagé :

  • Si la personne ne répond pas bien à un traitement par voie orale et que la personne a bien suivi ce traitement correctement.
  • Si la personne continue à perdre du sang à un rythme qui dépasse la quantité de fer que le corps de la personne peut absorber par voie orale.
  • Si la personne souffre d'une maladie inflammatoire de l'intestin et que le traitement par voie orale provoque des effets secondaires désagréables.
  • Si la personne a une anémie due à une insuffisance rénale chronique.
  • Si la personne a une insuffisance cardiaque chronique.
  • Pendant la grossesse et en cas de saignements utérins anormaux.
  • Après une chirurgie de perte de poids (chirurgie bariatrique).
  • En cas d'anémie dans le cadre d'une intervention chirurgicale
  • En cas de l'utilisation d'ESA (agents stimulants de l'érythropoïèse) 

Le fer administré directement dans la circulation sanguine peut prendre la forme de saccharate, comme le produit Ferinject® à une dose de 200 mg. Le fer administré dans la circulation sanguine peut être administré jusqu'à trois fois par semaine pour une dose totale de 1000 mg par semaine (15 mg par kilogramme du poids corporel). Cela se fait par perfusion sur une période de 15 minutes, et pendant ce temps, le cœur de la personne est surveillé pour s'assurer que tout se passe bien. 

Correction et suivi de la carence en fer

Lorsqu'une personne reçoit un traitement pour une anémie, on peut s'attendre à une amélioration rapide de certains symptômes tels que la fatigue, l'irritabilité et les problèmes de concentration. D'autres symptômes, comme des problèmes de peau ou des anomalies des ongles et des cheveux, peuvent prendre plus de temps à s'améliorer. 

Un indicateur important de l'amélioration de l'anémie d'une personne est le taux de réticulocytes, qui sont de jeunes globules rouges. Ce taux augmente en fonction de la gravité de l'anémie et atteint un niveau maximal environ 7 à 10 jours après le début du traitement. Cela signifie que le corps commence à produire de nouveaux globules rouges pour compenser la carence en oxygène. 

Après environ une semaine de traitement, le taux d'hémoglobine, la protéine qui transporte l'oxygène dans le sang, devrait augmenter. Il faudra généralement de 6 à 8 semaines de traitement pour que le taux d'hémoglobine revienne à la normale, mais la vitesse de cette correction dépendra du taux d'hémoglobine initial.

Si la personne prend des suppléments de fer par voie orale, il est recommandé que la personne contrôle le taux de ferritine, la protéine de stockage du fer, après 3 mois de traitement. Cependant, avant de faire ce contrôle, il est important d'arrêter temporairement le traitement de substitution pendant au moins deux semaines pour obtenir des résultats précis.

Si la personne reçoit un traitement intraveineux (par injection dans une veine), le contrôle de la ferritine ne devrait pas être effectué avant 3 à 4 semaines après la dernière injection. Cela donne au traitement le temps de prendre effet et d'augmenter le taux de ferritine.

Carence en fer sans anémie

C'est une condition assez courante, même dans les pays développés, avec une fréquence allant de 4% à 33%. Une étude a montré que jusqu'à 7% chez les nouvelles recrues militaires suisses avaient une carence en fer sans anémie. Si une personne présente des symptômes et que son taux de ferritine est bas, ce diagnostic peut être posé et un traitement peut être considéré après avoir exclu d'autres causes possibles.

Les principaux symptômes en cas de manque de fer sans anémie sont les suivants :

  • Fatigue persistante,
  • Difficultés de concentration et de pensée,
  • Perte d'endurance physique,
  • Syndrome des jambes sans repos
  • Perte de cheveux.

Le traitement de base pour une carence en fer sans anémie consiste à prendre du fer par voie orale. Si ce traitement ne donne pas de résultats satisfaisants, une option à envisager est le traitement par voie intraveineuse.

En ce qui concerne le syndrome des jambes sans repos, il y a des avis divergents concernant l'efficacité de la supplémentation en fer. Certains experts recommandent que les personnes dont le taux de ferritine est inférieur à 75 ng/ml envisagent une supplémentation en fer par voie orale

Déficit en vitamine B12 

Lorsqu'une personne a une anémie due à un manque de vitamine B12, le processus de prise en charge comprend plusieurs étapes importantes : Tout d'abord, il faut identifier la cause sous-jacente de cette carence en vitamine B12. Ensuite, il faut traiter la carence en fournissant la vitamine B12 dont la personne a besoin. Enfin, il faut s'assurer que la carence en vitamine B12 est en train d'être corrigée.

Les explications principales pour lesquelles une personne peut manquer de vitamine B12 du plus fréquent au moins fréquent sont : des problèmes qui empêchent le corps de bien utiliser la vitamine B12, l'anémie de Biermer, des troubles de l'absorption des nutriments dans l'intestin, et une alimentation qui n'apporte pas suffisamment de vitamine B12.

Il est important de vérifier la présence d'une anémie de Biermer chez les personnes qui manquent de vitamine B12, mais qui n'ont pas de facteurs de risque. Cela peut être fait en effectuant un test qui combine la recherche d'anticorps contre le facteur intrinsèque et les cellules pariétales. Si le ou la médecin confirme le diagnostic, le ou la médecin peut recommander une procédure appelée œso-gastro-duodénoscopie (OGD) pour s'assurer qu'il n'y a pas de problème plus grave comme une tumeur cachée. Cependant, chez les personnes âgées de 75 ans et plus, ou les personnes dont l'espérance de vie est estimée à moins de 10 ans, il n'est pas toujours nécessaire de rechercher une anémie de Biermer, car il n'y a généralement pas suffisamment de temps pour que les complications se développent.

Substitution : qui substituer et comment ?

Le traitement pour corriger une carence en vitamine B12 peut être administré de deux manières différentes : par une injection dans un muscle (injection intra-musculaire) ou sous forme de médicaments à prendre par la bouche (voie orale). Les deux méthodes semblent avoir la même efficacité pour rétablir les niveaux de vitamine B12 dans le corps d'une personne.

Méthodes de traitement

Le traitement de la carence en vitamine B12 dépend de la situation :

  • Si la personne présente des symptômes liés à une carence (comme une anémie symptomatique, des problèmes neurologiques ou neuropsychiatriques), il est préférable d'utiliser la voie parentérale (injections). Le schéma recommandé est de prendre 1 mg de cyanocobalamine par jour pendant une semaine, puis 1 mg par semaine pendant un mois, suivi de 1 mg par mois pour une période qui sera déterminée en fonction de la situation de la personne.
  • Si la personne est dans une situation à risque (comme pendant la grossesse, si une personne a des problèmes de muqueuse ou une anémie de Biermer), le schéma de traitement recommandé est le même que pour la carence symptomatique, et il est administré par voie intramusculaire. Cependant, la substitution par voie orale peut être envisagée pour les doses d'entretien, mais la voie intramusculaire est préférable
  • En l'absence de symptômes de carence et de situations à risque, la voie orale est privilégiée, avec une dose de 1 à 2 mg par jour. Cette méthode évite l'inconfort, les inconvénients et les coûts des injections. Dans ces cas, il est recommandé de surveiller de près la réponse au traitement.

En ce qui concerne le traitement de maintien, il faut savoir que la voie orale peut être moins fiable que la voie intra-musculaire, car l'absorption de la vitamine B12 peut varier d'une personne à l'autre, et il peut être difficile de maintenir une bonne conformité au traitement sur le long terme. C'est pourquoi, en cas de carence grave avec des symptômes, la voie intra-musculaire est fortement recommandée.

Si une personne suit un régime végétalien (où les produits animaux sont totalement exclus), il est important de prendre un supplément quotidien de vitamine B12, soit 50 à 100 microgrammes par voie orale, ou 2 milligrammes une fois par semaine. En revanche, le simple fait de suivre un régime végétarien ne constitue pas une raison suffisante pour une supplémentation systématique en vitamine B12.

Déficit en Acide Folique

Les raisons les plus courantes d'une carence en acide folique sont les suivantes :

  • Une mauvaise alimentation ou la malnutrition.
  • La consommation excessive d'alcool sur une longue période.
  • Des besoins accrus en acide folique pendant la grossesse ou l'allaitement.
  • Des problèmes comme l'hémolyse (destruction des globules rouges).
  • Des troubles de l'absorption des nutriments, par exemple, à cause de problèmes familiaux, de la maladie cœliaque, de la maladie de Crohn, ou à la suite d’une résection intestinale ou un bypass gastrique.
  • La prise de certains médicaments, tels que le méthotrexate, la pyrazinamide et la triméthoprime.

Le traitement pour corriger un déficit en acide folique implique de prendre de l'acide folique par voie orale à raison de 5 milligrammes par jour, jusqu'à ce que les problèmes sanguins soient corrigés. Dans le cas où la cause de la carence est la prise simultanée de médicaments qui bloquent l'action de l'acide folique, il peut être nécessaire de prendre de l'acide folinique (souvent vendu sous le nom de Leucovorin®) sous la supervision d'un ou une spécialiste.

Anémie inflammatoire

Lorsqu'une personne a une anémie inflammatoire, il s'agit généralement d'une forme d'anémie caractérisée par des globules rouges de taille et de couleur normales. Ce qui la distingue de l'anémie par manque de fer, c'est un taux élevé de ferritine, une protéine qui stocke le fer dans le corps. Pour confirmer le diagnostic lorsque le taux de ferritine se situe dans une plage incertaine (entre 30 et 100 µg/l), on peut mesurer le taux de CRP (protéine C-réactive), qui est un marqueur d'inflammation.

L'anémie inflammatoire est une cause courante d'anémie. Sa physiopathologie est complexe, mais l'anémie inflammatoire implique notamment une augmentation de la production d'une hormone appelée hepcidine, qui influence la régulation du fer dans le corps, ainsi qu'une diminution de la production de globules rouges (érythropoïèse).

Le traitement de l'anémie inflammatoire consiste à identifier et à traiter la cause sous-jacente de l'inflammation.

Hémolyse

Si l'on soupçonne que l'anémie est due à une destruction accrue de globules rouges (ce que l'on appelle une origine hémolytique), plusieurs indicateurs peuvent le suggérer. Ces indicateurs comprennent une augmentation de la bilirubine et de la LDH (lactate déshydrogénase), ainsi qu'une diminution de l'haptoglobine, une protéine qui lie l'hémoglobine.

Pour confirmer la cause exacte de cette hémolyse, il est nécessaire de réaliser plusieurs examens complémentaires, tels qu'un test de Coombs et un frottis sanguin périphérique. Ces tests permettront de déterminer si l'hémolyse se produit à l'intérieur ou à l'extérieur des vaisseaux sanguins.

Il est essentiel de consulter rapidement un ou une spécialiste pour identifier la cause précise de l'hémolyse et déterminer le traitement approprié. Certaines causes incluent des raisons médicamenteuses, auto-immunes, infectieuses, ou des maladies comme le lupus, les vasculites, un rétrécissement de la valve aortique du cœur, une malformation dans les vaisseaux sanguins entre autres.

Thalassémies

La thalassémie est une maladie liée à des problèmes dans la production de l'hémoglobine, la protéine qui transporte l'oxygène dans le sang. Cette maladie se caractérise par un défaut dans la production d'une des chaînes de l'hémoglobine, soit la chaîne alpha, soit la chaîne bêta.

Pour la prise en charge des formes graves de thalassémie, appelées thalassémies majeures, il est essentiel de consulter un ou une spécialiste. Ces formes nécessitent généralement des transfusions sanguines régulières et des traitements pour éliminer l'excès de fer dans le corps. Dans certains cas, des interventions chirurgicales comme la splénectomie (ablation de la rate) ou la greffe de moelle osseuse peuvent être envisagées. Un suivi médical attentif, notamment au niveau cardiaque, hépatique et osseux, est également nécessaire.

Pour les formes moins graves de thalassémie, appelées thalassémies mineures, aucun traitement spécifique n'est généralement requis. Cependant, il est important d'avoir des conseils génétiques si vous envisagez d'avoir des enfants, car cela permet de déterminer le risque de transmission de la maladie si les deux partenaires sont porteurs de la même anomalie génétique.

Anémies secondaires

Les anémies secondaires sont liées à différentes maladies qui entraînent une anémie chronique nécessitant un suivi régulier pour en assurer la gestion. Ces maladies comprennent :

  • Une insuffisance rénale chronique (lorsque la filtration glomérulaire est inférieure à 30 ml/min/1,72 m2).
  • Des maladies du foie (hépatopathies). 
  • Un problème de la thyroïde (dysthyroïdies).
  • Une maladie d'Addison.
  • Un hypogonadisme.
  • Des maladies auto-immunes.

En l'absence d'un diagnostic clair, une ponction de la moelle osseuse peut être nécessaire pour rechercher des signes d'un processus pathologique ou d'une diminution du nombre d'érythroblastes, qui sont des cellules impliquées dans la formation des globules rouges.

Anémie induite par chimiothérapie

Impact des traitements anticancéreux sur les cellules saines

Les traitements anticancéreux ont pour objectif de cibler et de détruire les cellules cancéreuses dont la croissance est rapide. Malheureusement, ce type de traitement touche également les cellules saines et en particulier les cellules à division rapide. Parmi elles, on compte les cellules des cheveux, du sang, de la moelle osseuse et les cellules des organes reproducteurs. 

Rôle de la moelle osseuse

La moelle osseuse est un matériau mou et spongieux que l'on trouve dans les os longs et qui assure la production des globules rouges. Les globules rouges sont les cellules qui transportent l'oxygène vers d'autres cellules du corps. Leur durée de vie est de 120 jours, c'est pourquoi elles sont constamment régénérées. La chimiothérapie, ainsi que la radiothérapie peuvent modifier la capacité de la moelle osseuse à produire des globules rouges.

Lorsque le nombre de globules rouges en circulation dans le sang est trop faible, le corps ne reçoit plus assez d'oxygène. Si le corps est dépourvu d'oxygène, des symptômes comme la fatigue, des vertiges et une difficulté à respirer peuvent survenir. On appelle ce trouble l'anémie.

Détection et traitement de l'anémie

L'anémie peut être détectée à l'aide d'une simple analyse de sang. En cas d'anémie post-chimiothérapie, des traitements comme l'érythropoïétine sont disponibles.

L'érythropoïétine ou EPO est une hormone naturellement produite par le corps au niveau des reins. L'EPO stimule la production de globules rouges par l'organisme. Une forme synthétique d'érythropoïétine est disponible pour le traitement de l'anémie. En cas de manque sévère de globules rouges, une transfusion sanguine peut être nécessaire. 

Plus d'informations: https://www.hug.ch/atlas-sante/pathologie/anemie-induite-par-chimiotherapie

Transfusions sanguines

Le sang qui circule dans l’organisme est constitué de plusieurs composants :

  • les globules rouges qui transportent l’oxygène 
  • les globules blancs ou leucocytes qui luttent contre l’infection
  • et les plaquettes, également appelées thrombocytes, qui aident à la formation des caillots sanguins.

Le liquide jaune paille contenu dans le sang est appelé plasma. La prise en charge des symptômes liés au cancer et aux traitements du cancer peut nécessiter des transfusions sanguines.

Qu'est-ce qu'une transfusion ?

Une transfusion est l’administration de sang ou de composants sanguins à travers un cathéter, tube inséré dans l’organisme :

  • par une aiguille intraveineuse (IV),
  • par un cathéter veineux central (CVC),
  • ou par un cathéter veineux central inséré par voie périphérique (PICC).

Une transfusion peut inclure tous les composants sanguins ou bien un seul, et peut provenir d’un donneur ou avoir été recueilli du patient avant le traitement.

Avant de pouvoir pratiquer une transfusion, une analyse des résultats d'examens sanguins est nécessaire pour aider à déterminer de quel composant sanguin le patient a besoin.

Anémie : transfusion de globules rouges

Si le patient a des signes d’anémie et que les examens montrent un faible nombre de globules rouges (GR), des globules rouges seront transfusés. Lorsque le corps ne reçoit pas assez d’oxygène, des symptômes de fatigue, de vertiges et d'essoufflement peuvent se développer. 

Les patients sous chimiothérapie développent souvent de faibles taux de globules rouges, appelés «anémie induite par chimiothérapie». Les patients ayant cette pathologie reçoivent alors des globules rouges séparées du sang de donneur. Les globules rouges recueillis sont appelés «concentré de globules rouges» ou CGR.

Plus d'informations: https://www.hug.ch/atlas-sante/traitement/transfusion-sanguine

Dernière mise à jour : 14/01/2025