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Introduction
Il est courant de découvrir des anomalies dans les tests de la fonction hépatique (du foie) lors des consultations médicales, même chez des personnes sans symptômes apparents, avec une fréquence estimée entre 8 et 20 %. Les résultats des tests hépatiques peuvent varier naturellement selon l’âge, le sexe, la grossesse, le groupe sanguin, le moment de la journée (après avoir mangé) ou encore après l'exercice physique. C'est pourquoi il est important de toujours interpréter ces résultats en fonction du contexte médical de la personne, de la situation locale et du type de perturbation observée.
Ces anomalies peuvent être temporaires. Par exemple, si les tests sont refaits après 3 semaines, environ 30 % des personnes ayant un taux élevé de l'enzyme ALT (alanine aminotransférase) et 17 % de celles avec un taux élevé de PAL (phosphatase alcaline sérique) peuvent retrouver des résultats normaux.
Le plus souvent, les augmentations des enzymes du foie sont légères et il est possible d'identifier la cause grâce à une discussion approfondie sur les antécédents de la personne. Un processus de diagnostic rigoureux permet ensuite de trouver la maladie ou le facteur à l’origine du problème.
Le but de la détection précoce d’une maladie chronique du foie est d’exclure une fibrose hépatique avancée (une cicatrisation importante du foie), qui est le facteur déterminant pour le pronostic. C’est d’autant plus important que de nombreuses maladies du foie n’entraînent pas de symptômes et peuvent se manifester même avec des tests hépatiques normaux.
Quand effectuer des tests hépatiques en l’absence de symptômes
Les maladies du foie ont tendance à se développer de manière silencieuse, sans symptômes. Un bilan hépatique est recommandé une fois tous les 1 à 3 ans pour les personnes qui présentent des facteurs de risque. Ce bilan inclut les tests des enzymes hépatiques (alanine aminotransférase ALAT, phosphatase alcaline PAL, gamma-glutamyl transférase GGT), de la bilirubine et une formule sanguine datant de moins d’un an.
Voici les principaux facteurs de risque justifiant un bilan hépatique :
- Syndrome métabolique (obésité, hypertension, résistance à l'insuline et/ou diabète de type 2, troubles des lipides)
- Consommation excessive d'alcool (14 unités ou plus par semaine)
- Exposition à des substances toxiques pour le foie (médicaments, produits en vente libre, phytothérapie, drogues illicites, toxines)
- Antécédents personnels de maladies auto-immunes
- Antécédents familiaux de maladies du foie (comme l’hépatite B ou l’hémochromatose)
- Situations à risque d’hépatites virales :
- Relations sexuelles non protégées
- Injection de drogues par voie intraveineuse
- Consommation de drogues par voie nasale
- Origine ou voyages fréquents dans des zones à risque d’hépatites virales (Europe de l’Est, Asie, Afrique)
- Transfusions sanguines avant 1992
- Tatouages ou piercings réalisés dans des conditions non stériles
- Antécédents familiaux
Signes ou symptômes qui peuvent indiquer un problème au foie
Si une personne présente des signes ou des symptômes qui peuvent faire penser à un problème du foie (aigu ou chronique), un bilan complet de la fonction hépatique doit être réalisé, y compris le test de coagulation (TP).
- Signes visibles sur la peau :
- Jaunisse (peau et yeux jaunâtres)
- Rougeurs sur les paumes des mains
- Petits vaisseaux sanguins visibles sous la peau (télangiectasies ou angiomes stellaires)
- Déformation des ongles et des doigts (ongles bombés)
- Signes liés aux hormones :
- Développement des seins chez l’homme (gynécomastie)
- Diminution de la production d'hormones sexuelles et infertilité
- Perte de poils
- Autres signes :
- Perte d'appétit et perte de masse musculaire
- Augmentation de la taille du foie et de la rate (hépatosplénomégalie)
- Accumulation de liquide dans le ventre (ascite)
- Signes de problèmes aigus du foie :
- Encéphalopathie hépatique : confusion, tremblements des mains (astérixis)
- Apparition soudaine de jaunisse
Définitions simplifiées des tests hépatiques
ALAT (alanine aminotransférase) : C’est une enzyme fabriquée par le foie et, en plus petite quantité, par d'autres tissus. Son taux augmente quand le foie est endommagé, par exemple en cas d’hépatite ou de lésion musculaire.
ASAT (aspartate aminotransférase) : C’est une enzyme produite par le foie, mais aussi par le cœur, les muscles, le cerveau et le sang. Son augmentation est moins spécifique pour le foie que celle de l'ALAT.
Phosphatase alcaline (PA) : Cette enzyme est présente dans les canaux biliaires du foie et dans les os. Son taux peut augmenter naturellement (pendant la grossesse, la croissance, ou après un repas) ou à cause de problèmes du foie. Si la GGT (gamma-glutamyl transférase) est également élevée, cela indique souvent un problème au foie.
Gamma-glutamyl transférase (GGT) : C’est une enzyme présente dans le foie et les voies biliaires. Son augmentation est sensible pour détecter des problèmes hépatiques, mais elle peut aussi être élevée en cas de maladies pulmonaires ou rénales.
Bilirubine : C’est un pigment produit par la dégradation de l’hémoglobine. Le foie transforme la bilirubine en une forme qui est ensuite éliminée par la bile. Si le taux de bilirubine augmente, cela peut indiquer un problème dans la production (comme une hémolyse ou destruction des globules rouges), la transformation ou l’élimination de la bilirubine (comme une hépatite ou une obstruction des voies biliaires).
Urobilinogène : C’est une substance dérivée de la bilirubine, produite par les bactéries dans les intestins et éliminée dans les selles et les urines. Son augmentation dans les urines peut indiquer un problème du foie ou une maladie dans le sang.
Albumine : C’est une protéine fabriquée par le foie, dont le taux diminue en cas de malnutrition, de maladies graves ou de problèmes rénaux. Elle permet aussi de surveiller l’état du foie sur le long terme, car sa durée de vie est de 3 semaines environ.
Temps de Prothrombine (TP) : Il mesure la capacité du foie à produire les facteurs de coagulation. Une augmentation du TP peut indiquer une diminution de la fonction du foie, notamment en cas de maladie hépatique ou de problèmes d’absorption de la vitamine K (souvent lié à une mauvaise circulation de la bile).
Démarche face à une élévation des tests hépatiques
Quand les tests de la fonction hépatique montrent une forte augmentation des transaminases (enzymes du foie), mais que les autres marqueurs du foie (comme la phosphatase alcaline, la bilirubine et la GGT) sont normaux ou légèrement augmentés, il est important de comprendre ce qui cause ce problème.
Pour déterminer la cause, on prend en compte plusieurs éléments, comme l’âge, l’origine géographique, les autres problèmes de santé, les médicaments ou substances consommées, ainsi que la présence de signes ou symptômes liés à un problème du foie, qu'il soit récent (moins de 6 semaines) ou chronique (plus de 6 mois). Consulter les anciens résultats de tests de la fonction hépatique peut aussi être très utile pour orienter le diagnostic.
Causes courantes de l’élévation des transaminases :
Lésion hépatique causée par des médicaments ou des plantes (DILI) :
- Facteurs de risque : âge, sexe (femmes plus à risque), origine ethnique, syndrome métabolique
- Taux de transaminases : très élevé (plus de 10 fois la normale).
- Les lésions peuvent être de types différents (hépatocellulaire, cholestatique ou mixte).
Hépatites virales aiguës (A-E, herpès) :
- Facteurs de risque : origine géographique, comportements à risque, consommation de drogues.
- Taux de transaminases : modérément à très élevé (5 à plus de 10 fois la normale).
- Peut devenir chronique dans certains cas (comme avec les virus de l’hépatite B et C).
Hépatite alcoolique sévère :
- Facteur de risque : consommation excessive d’alcool (plus de 80 g/jour pendant plusieurs années).
- Taux de transaminases : modérément élevé (2 à 10 fois la normale).
- Peut devenir chronique. La GGT et le rapport ASAT/ALAT peuvent aider au diagnostic.
Obstruction des voies biliaires :
- Facteurs de risque : obésité, sexe (femmes plus touchées), âge (plus de 40 ans).
- Taux de transaminases : élevé (5 à 10 fois la normale).
- Les symptômes peuvent précéder une augmentation de la bilirubine (jaunisse).
MASLD (maladie du foie liée au syndrome métabolique) :
- Facteurs de risque : syndrome métabolique, obésité.
- Taux de transaminases : normal à légèrement augmenté (moins de 5 fois la normale).
- Peut évoluer en maladie chronique même avec des tests normaux.
Si la cause n’est pas trouvée après les premiers tests, il peut être nécessaire de rechercher d’autres causes, comme :
Hépatite auto-immune :
- Peut être liée à des infections virales ou d'autres maladies auto-immunes.
- Taux de transaminases : modérément élevé (5 à 10 fois la normale).
- Peut devenir chronique, avec des symptômes souvent peu spécifiques.
Autres causes génétiques :
- Maladie de Wilson, déficit en A1AT, maladie cœliaque
- Taux de transaminases : normal à modérément élevé.
- Diagnostic guidé par des symptômes particuliers ou des tests génétiques.
Causes toxiques spécifiques :
- Alcool :
L’hépatite alcoolique survient après une consommation importante sur plusieurs années, mais il n’y a pas de seuil précis. Elle peut provoquer une jaunisse et des signes de décompensation du foie. Les tests sanguins montrent une légère augmentation des transaminases (moins de 6 fois la normale) et un risque de complications graves. La fibrose (cicatrisation) du foie et la cirrhose peuvent survenir chez environ 30 % des personnes après plusieurs années de consommation. Le traitement repose sur l’arrêt de la consommation d’alcool et le suivi des tests de la fonction hépatique.
- Médicaments et substances toxiques pour le foie :
De nombreux médicaments et plantes médicinales peuvent causer des lésions au foie, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les statines, les médicaments pour l’épilepsie, certains antibiotiques et les médicaments contre la tuberculose. Il existe un outil en ligne (LiverTox) pour connaître le risque de toxicité hépatique des médicaments et autres produits, ainsi que les conseils pour gérer les effets sur le foie.
Hépatites virales
Les hépatites virales peuvent causer des symptômes assez généraux (comme de la fièvre, des douleurs articulaires, de la fatigue) mais parfois aussi des signes plus spécifiques de problèmes au foie, comme la jaunisse (peau et yeux jaunâtres). Les symptômes sont plus fréquents dans les hépatites aiguës A (80 % des adultes) et B (30-50 %) que dans les hépatites aiguës C (20 %). Une inflammation persistante du foie due à une infection chronique par les virus de l’hépatite B (HBV) ou C (HCV) peut évoluer vers une fibrose (cicatrisation) puis une cirrhose (détérioration sévère du foie).
Hépatite A :
- Transmise par la consommation de nourriture ou d'eau contaminée.
- Tests pour le diagnostic : recherche d’anticorps IgM et IgG anti-HAV.
- Traitement : guérison spontanée, avec des soins de soutien pour soulager les symptômes.
Hépatite B :
- Transmise par le sang, les relations sexuelles, ou de la mère à l’enfant. Chez les nouveau-nés, plus de 90 % des cas d'hépatite B deviennent chroniques. Ce risque diminue avec l’âge.
- Tests pour le diagnostic : recherche de marqueurs spécifiques (HbsAg, HbeAg/anti-Hbe, ADN HBV).
- Examens complémentaires : échographie du foie et FibroScan.
- Le traitement est décidé par un spécialiste, surtout si les tests montrent une forte activité du virus ou des lésions au foie.
Hépatite C :
- Transmise par le sang (partage de seringues, transfusions avant 1992).
- Tests pour le diagnostic : recherche des anticorps anti-HCV et de l’ARN du virus.
- Examens complémentaires : échographie du foie et FibroScan.
- Le traitement est recommandé pour toutes les personnes ayant une hépatite C chronique, sous la supervision d’un spécialiste.
Hépatite D :
- Survient souvent en même temps qu’une hépatite B.
Hépatite E :
- Transmise par la consommation de nourriture ou d'eau contaminée. La forme aiguë est rare et touche moins de 5 % des personnes, mais elle peut devenir chronique chez celles dont le système immunitaire est affaibli.
- Tests pour le diagnostic : recherche du virus dans le sang ou les selles par PCR.
- Traitement : guérison spontanée pour les formes aiguës, mais un traitement est nécessaire pour les infections chroniques chez les personnes immunodéprimées, sous la supervision d’un spécialiste.
Suivi des hépatites virales :
Hépatite C : Toute personne avec une hépatite C chronique doit être évaluée pour un traitement par un spécialiste. Le suivi dépend de l’état de la fibrose du foie. Même après guérison, un suivi reste nécessaire si le foie est déjà endommagé.
Hépatite B : Toute personne avec une hépatite B doit être évaluée pour un traitement par un spécialiste. Si un traitement immunosuppresseur est prévu, un traitement de l’hépatite B est obligatoire. Le suivi inclut des tests réguliers des enzymes du foie et une échographie pour surveiller le risque de cancer du foie.
Obstruction biliaire aiguë
Les blocages soudains des voies biliaires peuvent causer des douleurs intenses sous les côtes droites, de la fièvre, et un jaunissement de la peau. Ces blocages peuvent être dus à des infections de la vésicule biliaire, des calculs, ou une inflammation du pancréas.
- Facteurs de risque : obésité, manque d’activité physique, femmes de plus de 40 ans, chirurgie de perte de poids.
- Examens nécessaires : échographie du foie, IRM si nécessaire pour confirmer le diagnostic.
Traitement : Si la vésicule est infectée ou obstruée, un traitement antibiotique est nécessaire, et parfois une intervention chirurgicale. En cas d’infection des voies biliaires, un drainage est souvent requis en urgence. Pour les pancréatites dues à une obstruction biliaire, un examen des voies biliaires (ERCP) peut être nécessaire pour libérer le passage.
MASLD (maladie hépatique stéatosique associée à un dysfonctionnement métabolique) ou stéatopathie non alcoolique
La MASLD, anciennement appelée NAFLD (maladie hépatique stéatosique non alcoolique), est la forme de maladie du foie la plus courante dans le monde, touchant environ 25 % de la population. Elle se définit par la présence de plus de 5 % de graisse dans le foie sans consommation récente d'alcool ni autres maladies du foie. Elle est souvent associée à des conditions comme le diabète de type 2, le surpoids, l'obésité ou d'autres troubles métaboliques. La MASLD est généralement sans symptôme et peut causer une légère augmentation des tests de la fonction hépatique.
Des études montrent que même avec une fibrose (un durcissement du foie), les taux de transaminases peuvent rester bas (<40 U/L). Chez environ 20 % des personnes, cette accumulation de graisse dans le foie peut provoquer une inflammation, appelée MASH (stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique), ce qui peut entraîner une fibrose. La fibrose est classée de 0 à 4, le stade 4 étant la cirrhose. Moins de 5 % des personnes atteintes de MASLD ont une fibrose avancée, et seulement 1 % ont une cirrhose.
Pour diagnostiquer cette maladie, on utilise souvent une échographie qui montre un foie plus brillant, et un FibroScan, un examen qui mesure la dureté du foie pour détecter une éventuelle fibrose. Si le FibroScan est inférieur à 7,9 kPa, il est peu probable qu'il y ait une fibrose avancée. Parfois, une biopsie du foie est nécessaire pour différencier MASLD et MASH et évaluer la fibrose, mais des biomarqueurs comme le FIB-4 sont aussi utilisés pour surveiller la fibrose.
Hémochromatose héréditaire (HH)
L’hémochromatose héréditaire est une maladie génétique qui entraîne une accumulation de fer dans le corps, due à une anomalie du gène HFE (80 % des cas sont liés à la mutation p.C282Y). Elle touche 1 personne sur 200 à 400, principalement d'origine nord-européenne, et les symptômes apparaissent généralement après 40 ans. Les symptômes incluent fatigue, douleurs articulaires et troubles cardiaques.
Des analyses de sang montrent souvent une saturation de la transferrine (transporteur de fer) élevée (>50 % chez les hommes et >45 % chez les femmes) et un taux de ferritine élevé (supérieur à 200 µg/L chez les femmes et 300 µg/L chez les hommes). Si ces valeurs sont anormales, un test génétique est recommandé. Si le test est négatif, des examens complémentaires (IRM ou biopsie) peuvent être nécessaires. Le dépistage génétique est proposé aux proches pour identifier d'autres porteurs de la mutation. Le traitement consiste à effectuer des saignées régulières pour réduire le taux de fer.
Hépatite auto-immune
C'est une maladie rare qui touche environ 1 personne sur 6 000 à 7 000, surtout des femmes jeunes. Elle peut être associée à d'autres maladies auto-immunes comme la thyroïdite, la colite ulcéreuse ou la maladie cœliaque. Les symptômes sont souvent vagues (fatigue, douleurs abdominales) mais peuvent aussi ressembler à ceux d'une hépatite virale aiguë (fièvre, nausées, jaunisse). Les analyses de sang montrent une élévation des enzymes du foie et des taux élevés de globulines. Le diagnostic repose sur une biopsie du foie et la recherche de certains anticorps. La prise en charge nécessite un suivi par un spécialiste.
Déficit en alpha-1-antitrypsine (A1AT)
C'est une maladie génétique récessive qui touche 1 personne sur 3 000 à 5 000 d'origine européenne. L’alpha-1-antitrypsine est une protéine importante pour contrôler l'inflammation. Son déficit peut causer des problèmes pulmonaires (comme l'emphysème) et des maladies du foie. Le diagnostic se fait par un dosage de l’alpha-1-antitrypsine dans le sang et une électrophorèse. Le dépistage est recommandé chez les personnes ayant une maladie pulmonaire chronique ou des problèmes hépatiques inexpliqués. Le traitement dépend de l'avis d'un spécialiste en fonction des symptômes.
Maladie de Wilson (MW)
Il s'agit d'une maladie génétique rare qui entraîne une accumulation de cuivre dans le corps, souvent diagnostiquée entre 5 et 35 ans. Elle touche davantage les femmes. Les symptômes incluent des troubles neurologiques (tremblements, problèmes de coordination) et un anneau brun autour de l'œil (anneau de Kayser-Fleischer). Le diagnostic repose sur des analyses de sang (taux de céruloplasmine) et des examens spécifiques.
Maladie cœliaque
La maladie cœliaque est une réaction immunitaire à l'ingestion de gluten, qui touche environ 0,6 à 1 % de la population. Elle provoque une inflammation de l'intestin grêle et peut se manifester par des douleurs abdominales, de la diarrhée, une perte de poids ou une anémie. Le diagnostic se fait par des tests sanguins et une éventuelle biopsie de l'intestin. Le seul traitement est un régime sans gluten pour éviter les symptômes et les complications.
Démarche diagnostique devant une cholestase hépatique
La cholestase est une condition où la bile ne circule pas bien dans le foie. Cela peut être repéré par une augmentation de certaines enzymes dans le sang, comme la phosphatase alcaline (PAL) et la GGT, parfois accompagnée d'une augmentation de la bilirubine (une substance qui donne la couleur jaune à la peau lorsqu’elle s’accumule).
La première étape pour comprendre la cause de la cholestase consiste à vérifier les médicaments pris et à faire une échographie du foie pour voir si les canaux biliaires sont dilatés, ce qui peut indiquer une obstruction (blocage) des voies biliaires, appelée cholestase extra-hépatique. Si les voies biliaires ne sont pas dilatées, la cause est peut-être une cholestase intra-hépatique, c'est-à-dire un problème au niveau du foie lui-même pour sécréter la bile. Des analyses de sang spécifiques, comme les anticorps, peuvent être nécessaires pour écarter une maladie auto-immune. Si ces tests ne révèlent rien, un spécialiste pourra conseiller d'autres examens comme une IRM ou une biopsie du foie.
Causes de cholestase :
- Cholestase extra-hépatique (problème de circulation de la bile à l'extérieur du foie) : calculs biliaires, cancers du pancréas ou des voies biliaires, ou inflammation des voies biliaires.
- Cholestase intra-hépatique (problème au niveau du foie) : médicaments, hépatites, cirrhose, infections, ou maladies auto-immunes.
Cholangite sclérosante primitive (CSP)
La cholangite sclérosante primitive est une maladie rare où les voies biliaires s'enflamment et se rétrécissent, souvent liée à des maladies inflammatoires de l'intestin. Elle touche surtout les adultes et peut rester longtemps silencieuse. Les symptômes peuvent inclure une fatigue importante, des douleurs sur le côté droit de l'abdomen et une jaunisse. Le diagnostic repose sur une IRM spécifique (cholangio-IRM), et parfois une procédure appelée ERCP peut être nécessaire. La maladie peut évoluer vers une cirrhose ou un cancer des voies biliaires, ce qui rend la surveillance médicale régulière indispensable, incluant des examens annuels.
Cholangite biliaire primitive (CBP)
La cholangite biliaire primitive, autrefois appelée cirrhose biliaire primitive, est une maladie chronique où les petites voies biliaires à l'intérieur du foie se détériorent progressivement, ce qui peut entraîner une fibrose (durcissement du foie) et même une cirrhose. Elle touche surtout les femmes d'âge moyen et peut être associée à d'autres maladies auto-immunes dans 20 % des cas. Les symptômes peuvent mettre plusieurs années à apparaître et incluent des démangeaisons, de la fatigue, des douleurs abdominales et une jaunisse. Le diagnostic se fait souvent grâce à la présence d'anticorps spécifiques dans le sang (anticorps anti-mitochondries). Dans certains cas, une biopsie du foie peut être nécessaire. Le suivi de la maladie se fait à l'aide de tests comme le FibroScan.
Cholangiocarcinome
Le cholangiocarcinome est un cancer des voies biliaires, souvent lié à la cholangite sclérosante primitive et à la cirrhose. Il est difficile à diagnostiquer et doit être suspecté si l'état de la personne se détériore rapidement. Des examens d'imagerie (comme une IRM) sont nécessaires pour évaluer les voies biliaires.
Élévation isolée de la phosphatase alcaline (PAL)
Une augmentation isolée de la phosphatase alcaline peut avoir plusieurs causes. Si la GGT est normale, les causes peuvent être :
- Des problèmes osseux
- La grossesse
- Une insuffisance rénale chronique
- Certains cancers ou lymphomes
- Une insuffisance cardiaque
- Croissance (enfants, adolescents)
- Un syndrome inflammatoire
Élévation isolée de la bilirubine
La bilirubine est une substance produite lors de la dégradation des globules rouges. Elle existe sous deux formes principales :
- Bilirubine non conjuguée : C'est la forme initiale produite par la dégradation des globules rouges. Elle est transportée vers le foie pour être transformée.
- Bilirubine conjuguée : Dans le foie, la bilirubine non conjuguée est transformée en bilirubine conjuguée, qui est plus soluble dans l'eau. Cette forme est ensuite éliminée par la bile dans les intestins.
Lorsqu'il y a une élévation de la bilirubine, la première étape est de déterminer quel type de bilirubine est concerné :
Elévation de la bilirubine conjuguée
Ce type d'élévation est lié à un problème du foie pour éliminer la bilirubine. Cela peut se produire progressivement ou de façon soudaine, et peut être accompagné d'une augmentation des enzymes du foie. Une obstruction des voies biliaires (comme un blocage) peut être en cause, et les symptômes varient en fonction de la durée et de la gravité de cette obstruction.
Symptômes : Cela peut être silencieux (sans symptômes) ou entraîner des symptômes tels que la jaunisse.
Causes fréquentes : En cas d'élévation modérée de la bilirubine et des enzymes du foie, les infections virales, les dommages toxiques ou auto-immuns sont les plus courants. Un blocage spécifique des voies biliaires peut être dû à certains médicaments ou à des maladies auto-immunes comme la cholangite biliaire primitive (CBP) ou la cholangite sclérosante primitive (CSP).
Examens nécessaires : Une échographie de l'abdomen est essentielle pour vérifier s'il y a une obstruction.
Elévation de la bilirubine non-conjuguée
Le syndrome de Gilbert est une cause fréquente d'élévation non-conjuguée de la bilirubine. C'est une condition bénigne, due à une légère difficulté du foie à traiter la bilirubine, souvent sans impact sur la santé. Elle touche environ 5 % de la population et peut s'accentuer en cas de jeûne, de maladie, ou de prise de certains médicaments.
Symptômes : Souvent, aucun symptôme n'apparaît.
Diagnostic : Si une personne présente une légère augmentation de la bilirubine non-conjuguée (<70 µg/L) sans autres anomalies dans les analyses de sang et sans symptômes, le diagnostic de syndrome de Gilbert peut être posé. Cependant, si l'élévation est importante, on peut suspecter une maladie rare comme le syndrome de Crigler-Najjar, qui se manifeste dès la naissance.
Suivi des maladies chroniques du foie
Les maladies chroniques du foie peuvent évoluer vers une fibrose (durcissement du foie) et, à terme, une cirrhose. Plusieurs tests non invasifs permettent de dépister la fibrose, comme le score FIB-4, qui évalue le risque de fibrose avancée à partir de quelques paramètres simples (âge, enzymes hépatiques, plaquettes).
Interprétation du score FIB-4 :
- Un score FIB-4 inférieur à 1,30 indique une faible probabilité de fibrose avancée.
- Un score supérieur à 2,67 suggère une fibrose avancée dans environ 67 % des cas.
- En cas de FIB-4 supérieur à 1,3, un suivi par un spécialiste est recommandé pour confirmer le diagnostic avec un FibroScan (mesure de la dureté du foie). Si le score est inférieur, il peut être réévalué tous les 2 à 3 ans.
La cirrhose
La cirrhose est une transformation du foie en un tissu cicatriciel dur, avec une structure irrégulière. Elle est souvent asymptomatique jusqu'à ce que des signes de défaillance hépatique apparaissent (comme la jaunisse ou la rétention d'eau). La cirrhose résulte généralement d'une inflammation chronique du foie.
Diagnostic et suivi : Le diagnostic repose sur une biopsie du foie, une échographie, et des tests comme le FibroScan. La greffe de foie est envisagée en cas de cirrhose avancée.
Traitement : Il dépend de la cause de la cirrhose et de la gestion des complications. Un suivi régulier est nécessaire pour dépister le cancer du foie.
Prise en charge générale
Pour toutes les personnes souffrant de maladies chroniques du foie, il est essentiel de surveiller la glycémie, le cholestérol, de maintenir un poids sain, d'éviter les substances nocives pour le foie, et de réduire ou d’arrêter la consommation d’alcool. Les vaccins contre les hépatites A et B sont aussi recommandés si la personne n’est pas immunisée.