Anesthésiste

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Anesthésiste

L’anesthésiste occupe une place essentielle dans les blocs de chirurgie. Un métier de l’ombre qui demande une capacité à gérer le stress et de bien connaître la physiologie du corps humain. Zoom à la Maternité avec la Dre Domitille Dereu.

Endormir, réveiller, contrôler. Ce sont trois verbes que l’anesthésiste conjugue au quotidien. Ces actions résument en réalité une activité beaucoup plus complexe. « Nous sommes là, garants et garantes de la sécurité, pour que le voyage de la chirurgie se fasse le mieux possible », souffle la Dre Domitille Dereu, médecin adjointe à l’Unité d’anesthésie gynéco-obstétricale-ophtalmologique. En effet, l’anesthésiste est la personne qui maintient les fonctions vitales (oxygénation, respiration, rythme cardiaque, fonction rénale, métabolisme, etc.) et prévient les douleurs durant l’opération. « Cela demande d’excellentes connaissances en physiologie et en pharmacologie », précise cette dernière.

Avant, pendant et après l’intervention

Imaginer que l’activité se confine au bloc opératoire serait réducteur. Elle commence avant l’intervention. La consultation préanesthésique est un moment clé pour connaître les antécédents de la personne et discuter avec elle de ses souhaits et de la meilleure stratégie pour son anesthésie. « C’est aussi une opportunité pour demander des examens complémentaires ou un avis spécialisé. Parfois, nous devons traiter un autre problème avant d’opérer », remarque-t-elle. Et le suivi se prolonge : « Au réveil, notre prise en charge comprend la gestion de la douleur et l’adaptation du traitement – poursuite ou introduction d’un nouveau – en fonction de l’évolution.»

Selon le contexte – chirurgie viscérale, orthopédique, pédiatrique, etc. –, la pratique de l’anesthésie diffère. Qu’en est-il au Service d’obstétrique ? « La situation est assez particulière, car la patiente n’est pas malade et certains gestes que nous pratiquons, comme la péridurale, présentent des risques. Nous intervenons également en urgence pour les accouchements, souvent sans savoir dans quel état se trouve la personne. Pour anticiper certaines situations plus complexes, nous participons à des colloques multidisciplinaires et échangeons avec plusieurs spécialistes. Enfin, autre spécificité de ce domaine : l’hémorragie. Elle peut être massive et stressante. Dans ces situations, nous devons maintenir l’organisme en aidant le cœur et en compensant les pertes avec des transfusions », répond la Dre Domitille Dereu.

Renfort durant le Covid

Le métier demande la maîtrise de gestes techniques (intubation, pose de cathéters, de péridurale, d’une rachianesthésie, etc.), une excellente connaissance de la physiologie du corps humain et des compétences transversales en réanimation, cardiologie, pneumologie, néphrologie ou encore hématologie. Grâce à ces compétences théoriques et pratiques, des équipes de médecins et d’infirmières et infirmiers anesthésistes ont d’ailleurs pu renforcer celles des soins intensifs auprès des personnes malades les plus sévèrement atteintes par le Covid-19, et cela quasiment du jour au lendemain. « Il faut aimer le stress car nous devons gérer des situations urgentes où il faut stabiliser la personne et assurer sa sécurité tout en prévenant la douleur et les complications. Autre particularité : en très peu de temps, créer un lien avec quelqu’un dont nous allons avoir la vie entre nos mains », souligne-t-elle. Et d’insister sur la collaboration : « Différentes personnes se côtoient au bloc opératoire et travaillent en équipe au sein de laquelle, nous formons un binôme particulièrement soudé avec l’infirmier ou infirmière anesthésiste. »

« Il faut que les personnes s’endorment sereines »

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Domiltille Dereu anesthesiste
Dre Domitille Dereu
Anesthésiste

Active depuis plus de dix ans à la Maternité, la Dre Domitille Dereu ne manque pas de se former continuellement. Son activité, qui allie notamment gestes techniques, connaissances des machines et monitorage, utilisation d’hypnotiques, morphiniques et autres curares, exige de se tenir au courant des dernières évolutions. La formation continue occupe d’ailleurs une place importante au sein du Service d’anesthésiologie. Des ateliers de simulation avec mannequin sont organisés pour s’exercer à des situations d’urgence, à la communication et à la prise de décision. « C’est une profession en perpétuelle évolution, très transversale, à la croisée entre l’humain et la technologie hyperavancée », relève-t-elle. Et s’il fallait trouver une bonne raison de se lever tous les matins, elle n’hésite pas un instant : « Nous sommes la dernière personne à parler aux patientes. Il faut qu’elles s’endorment sereines. Ce moment est très intense. Il y a un côté magique. »

Publié le 23 Novembre 2022 | Auteur: Giuseppe Costa
Crédit photo: Julien Gregorio

Dernière mise à jour : 29/08/2025