Les coordinateurs et coordinatrices de transplantation assurent le suivi des personnes en attente de greffe et sont au premier rang pour coordonner l’intervention lorsqu’un greffon est disponible.
Un relais pour la vie
« Il y a un donneur identifié à Saint-Gall : un homme, 32 ans, en état de mort cérébrale, aux soins intensifs depuis deux jours. Je te propose le foie en première position pour M. Philippe Dupont », explique au téléphone l’infirmière de Swisstransplant, sise à Berne. À l’autre bout du fil, aux HUG, Alizée Bouvet, Sabine Leray ou un ou une collègue, coordinatrice de transplantation. Ces huit personnes assurent à tour de rôle des piquets 24h/24 pour répondre aux offres d’organes. À ce moment-là, un marathon de 12 à 24 heures de coordination commence. Il s’agit tout d’abord de prendre connaissance dans le détail du dossier proposé, de contacter la ou le receveur, prioritaire sur la liste d’attente, ainsi que le ou la chirurgienne ou le ou la médecin spécialiste concernée par l’organe. « C’est un travail minutieux, où il faut pointer les éléments probants, et en même temps une vraie course contre la montre, car le temps d’ischémie, autrement dit la durée de vie des organes privés d’apport sanguin, est compté », précise Alizée Bouvet.
Capacité à négocier
Si tous les feux sont au vert, il est ensuite nécessaire d’avertir rapidement toutes les autres personnes concernées par la prise en charge : urgences, unité et équipe de transplantation, anesthésistes, équipe infirmière de bloc, de soins intensifs et laboratoires. « Nous avons un vrai rôle de coordination avec toutes ces personnes qui, à tour de rôle, entrent en scène. Cela demande une grande capacité à négocier de façon bienveillante pour que tout s’enchaîne bien », relève Sabine Leray. S’ensuivent l’accueil du ou de la receveuse, la préparation de son dossier pour le bloc opératoire, la réception de l’organe sur l’héliport ou aux urgences et sa livraison à l’équipe de transplantation... qui procède à l’intervention.
Accompagnement durant l’attente
Si la greffe marque l’apothéose du parcours, l’autre pan de l’activité de coordination de transplantation a lieu en amont de ce moment tant attendu. Il s’agit d’assurer le suivi des personnes en attente de greffe et celui des donneuses et donneurs vivants de foie ou de rein : consultations de préparation à la transplantation en binôme avec la ou le médecin spécialiste, bilan de prégreffe, contacts avec des spécialistes pour des avis complémentaires, suivi du bon déroulement des examens, constitution du dossier. « Nous accompagnons ces personnes durant toute la durée de l’attente. En plus de l’évaluation clinique régulière avec la ou le médecin, généralement tous les trois mois, nous répondons au téléphone à toutes leurs questions, prêtons une oreille attentive à leurs craintes et sommes également à disposition de leur famille », souligne Sabine Leray qui, comme ses collègues, a suivi une formation d’infirmière.
« Davantage qu’un savoir-faire, c’est un savoir-être qui est recherché : qualités relationnelles, écoute, disponibilité »
La plupart de ces coordinateurs et coordinatrices proviennent de la chirurgie, des urgences, des blocs opératoires et des soins intensifs. « Mais ce n’est pas un prérequis, car il faut de toute façon apprendre les spécificités de la fonction. D’ailleurs, davantage qu’un savoir-faire, c’est un savoir-être qui est recherché : qualités relationnelles, écoute, disponibilité », relève Alizée Bouvet. « Cela demande beaucoup d’organisation et de gestion du stress », ajoute sa collègue.
Montagnes russes émotionnelles
Si aucune transplantation ne ressemble à une autre, il y a ce moment unique qui vient à chaque fois récompenser cet investissement sans faille. « Ce métier est passionnant parce que nous vivons des montagnes russes émotionnelles. Le moteur principal demeure la vie d’une personne que nous cherchons à sauver. Lorsque nous l’appelons pour lui annoncer qu’un organe va arriver, nous sentons l’émotion à l’autre bout du fil et éprouvons un sentiment de plénitude ! C’est une libération : elle comprend qu’elle va vivre et se souviendra à vie de ce téléphone. Nous nous inscrivons pour toujours dans leur histoire », confient-elles à l’unisson. Rien de tel pour s’engager sans compter.
Publié le 23 Janvier 2024 | Auteur: Giuseppe Costa
Crédit photo: Julien Gregorio