32. Quels sont les effets secondaires du candidat vaccin VSV-ZEBOV observés aux HUG?
Les premiers résultats ont montré que la vaccination est bien tolérée par les volontaires. Dans les heures et les jours suivant l’injection, certains volontaires ont présenté des maux de tête, de la fièvre et/ou des douleurs dans les muscles. Ces réactions étaient attendues, et les volontaires en avaient été informés lors de la consultation préalable à leur inclusion dans l’étude. 10 et 15 jours après l’injection, certains volontaires ont aussi ressenti des douleurs légères à modérées dans les articulations, surtout des pieds et des mains, avec une inflammation de type rhumatismal. Aucun volontaire n’a dû être mis en arrêt de travail ou hospitalisé. Les douleurs ont disparu après quelques jours ou une semaine, même sans traitement.
33. Quelle a été la procédure suivie lorsque des effets secondaires inattendus ont été découverts chez certains volontaires?
Les douleurs articulaires ne faisaient pas partie des réactions attendues lors de ce premier essai clinique chez l’être humain, et n’étaient donc pas mentionnées dans les informations données aux volontaires. Par mesure de précaution, les injections ont été interrompues une semaine plus tôt que prévu dans le protocole, afin d'étudier ce phénomène et de consulter les autres centres qui testent ce vaccin expérimental – la priorité d’une étude clinique reste la sécurité des volontaires. Des investigations ont été lancées pour s’assurer que ces douleurs articulaires sont bénignes et transitoires. Les 59 volontaires ayant reçu une injection de vaccin ou de placebo ont été recontactés pour savoir s’ils avaient ressenti de telles douleurs sans les signaler. Il s'est finalement avéré que, au total, 10 volontaires ont ressenti des douleurs dans une ou plusieurs articulations. Les observations et analyses complémentaires ont montré qu'il s'agit d'inflammations articulaires – induites par la vaccination – similaires à celles ressenties lors de certains rhumatismes.
34. Qu'est-ce qui démontre qu'il s'agit d'effets secondaires induits par la vaccination?
Premièrement, ces douleurs articulaires surviennent toujours au même moment, environ 10 jours après l’injection. Deuxièmement, les analyses ont permis d'éliminer une longue liste d'autres causes possibles d’inflammation articulaire. Enfin, et surtout, des particules de vaccin ont été retrouvées dans certaines articulations enflammées: il s’agit donc bien d’inflammations articulaires («d’arthrites » vaccinales). L’apparition de douleurs dans les articulations après une infection ou une vaccination avec un vaccin vivant est un phénomène fréquent. C’est le cas par exemple d’une personne adulte sur cinq après une vaccination contre la rubéole. Ces inflammations guérissent toujours complètement, sans séquelles.
35. Le vaccin étant injecté dans le bras, comment se fait-il qu’on l’ait retrouvé dans les articulations?
Le vaccin VSV-ZEBOV est un virus vivant qui ne reste pas là où on l’injecte. Il entre dans certains globules blancs qui le distribuent un peu partout dans le corps. C’est comme ça qu’il stimule efficacement le système immunitaire ! Le vaccin est ensuite éliminé du sang en quelques jours, mais il persiste plus longtemps à d’autres endroits – environ 2 semaines. C’est ce que font tous les virus et tous les vaccins vivants, tels ceux contre la rougeole ou la rubéole. Le virus vaccinal peut donc parvenir dans une articulation, y rester quelques jours et y déclencher une réponse inflammatoire. Cette réponse inflammatoire peut-être douloureuse, mais c’est aussi grâce à elle que le virus est éliminé et que tout redevient normal.
36. L'équipe des HUG a-t-elle été la seule à faire ces observations?
L’équipe de Genève est en contact permanent avec les autres centres impliqués dans l’étude du VSV-ZEBOV en Allemagne, au Canada, aux Etats-Unis et au Gabon. Ces centres n’ont pas encore observé de symptômes inflammatoires parmi leurs volontaires – ce qui peut s'expliquer de différentes manières. D’abord, bien que tous les centres utilisent le même lot de vaccin, les HUG ont testé des doses de vaccin plus élevées que la plupart des autres centres. Ensuite, beaucoup de volontaires de l’étude des HUG sont issus du milieu médical ou des organisations internationales et sont donc particulièrement attentifs aux réactions de leur corps: ils rapportent très précisément tout ce qui leur arrive, comme nous le leur demandons, même si cela pourrait avoir aucun lien avec la vaccination. Et enfin, les HUG disposent d'un excellent laboratoire de virologie, probablement le seul au monde capable actuellement de confirmer en quelques heures seulement la présence du candidat vaccin dans un échantillon.
37. Le protocole de l'essai clinique a-t-il été modifié sur la base de ces observations?
Oui. Puisque la réponse immunitaire à VSV-ZEBOV semble bonne – le vaccin a fait fabriquer des anticorps aux volontaires d’une étude pilote américaine – la 2e partie de l'essai clinique mené aux HUG teste une dose de vaccin faible (300'000 particules de vaccin, donc entre 30 et 160 fois moins que celles utilisées dans la première partie de l’étude). A cette dose, le candidat vaccin VSV-ZEBOV devrait être mieux toléré, tout en induisant une production d’anticorps suffisante. Cette modification du protocole de l'essai clinique a été approuvée par Swissmedic et les trois comités d'éthique et de sécurité vaccinale concernés. Les injections ont repris le 5 janvier avec cette dose plus faible de candidat vaccin – ou un placebo.