La grippe dite « espagnole » fait des ravages en 1918-1919 dans le monde entier (plusieurs dizaines de millions de morts). La Suisse n’échappe pas à la pandémie. Elle est frappée par deux vagues principales : en été 1918, puis de septembre 1918 à mai 1919. Selon les estimations, la moitié de la population nationale est touchée par la maladie, soit deux millions d’individus. Près de 25 000 personnes en décèdent. La tranche d’âge des 20 à 50 ans paie le plus lourd tribut. Particulièrement agressif, le virus présente un risque élevé de complications pulmonaires et les formes foudroyantes sont fréquentes.
À Genève, 24'392 cas de grippe sont déclarés entre le 1.7.1918 et le 30.6.1919, soit 141 habitants pour mille (contre 187 pour mille au niveau national). Le nombre de personnes grippées qui ne consultent pas et échappent donc à la déclaration, pourtant obligatoire, est inconnu, mais probablement important.
La Commission sanitaire genevoise propose diverses mesures au Conseil d’État : fermeture des écoles, interdiction de spectacles ou de réunions publiques… Certains services publics, comme les standards téléphoniques ou la distribution du courrier, sont restreints par manque de personnel. Les taxis sont réquisitionnés pour les médecins de ville, l’essence étant rationnée en raison de la guerre et peu disponible pour les privés.