Depuis plus de vingt ans, l'étude Bus Santé, mandatée par l'Office cantonal de la santé (OCS) et menée par le Service de médecine de premier recours des HUG, suit de près l'accès aux soins dans la population genevoise. Les résultats les plus récents, qui viennent d'être publiés dans l'International Journal of Public Health, dressent un constat préoccupant : le renoncement aux soins pour des raisons financières touche désormais un quart de la population.
Une augmentation de près de deux tiers en quinze ans
Entre 2011 et 2025, la proportion de personnes déclarant renoncer à des soins pour des raisons financières est passée de 16% à 26%, soit une augmentation de près de deux tiers (+65%). Cette évolution suit de très près la hausse des primes d'assurance-maladie, qui ont augmenté de 62% sur la même période. Si cette tendance se maintient, près d'une personne sur deux pourrait renoncer à des soins pour des raisons financières d'ici 2030.
Un phénomène qui s'étend aux classes moyennes
Traditionnellement, les groupes les plus vulnérables sont les plus touchés : les personnes à bas revenus présentent environ 2,5 fois plus de risques de renoncer aux soins, tout comme les femmes, les jeunes adultes, les familles monoparentales, les personnes en mauvais état de santé ou les fumeurs et fumeuses.
Mais le phénomène s'étend désormais aux ménages de revenus moyens et élevés : la proportion de renoncement y a plus que triplé, passant de 4% à 14% entre 2011 et 2025. L'accès aux soins devient donc un enjeu transversal, qui ne concerne plus uniquement les catégories sociales les plus précaires.
Des conséquences sanitaires et économiques majeures
Lorsqu'une personne renonce à consulter un ou une médecin, à effectuer un examen ou à se soigner, les maladies sont découvertes plus tard, souvent à un stade plus sévère, avec des complications évitables et des hospitalisations plus lourdes. Cela provoque également des lacunes en termes de prévention et promotion de la santé.
Cette étude a interrogé plus de 10 000 genevoises et genevois sélectionnés aléatoirement entre 2011 et 2025.
Ces résultats soulignent l'urgence de réformes complémentaires pour réduire les inégalités croissantes d'accès aux soins. Des solutions sont nécessaires pour mieux contrôler les coûts de la santé et trouver l'équilibre entre franchises, primes et accessibilité des soins.
Lire l'article dans l'International Journal of Public Health
L'étude Bus santé, menée par l'Unité d'épidémiologie populationnelle (UEP) du Service de médecine de premier recours, est un observatoire épidémiologique des facteurs de risque des maladies non transmissibles telles que les maladies cardio-vasculaires, le diabète et le cancer, au sein de la population genevoise.
Plus de 20 000 genevoises et genevois ont déjà participé à cette étude depuis son lancement, en 1992.