Au début de son existence, l’Hôpital cantonal ne disposait que d’une toute petite pharmacie, tenue à tour de rôle par les internes. Une partie des médicaments était préparée par un pharmacien de Ville sur mandat. Le Dr Gustave Julliard, dans une publication de 1870, regrette cette manière de faire, qu’il trouve coûteuse et peu pratique : « Le fait d’être obligé de porter le cahier d’ordonnances à une pharmacie (…), d’attendre l’exécution de ces ordonnances pour revenir ensuite à l’Hôpital, implique forcément, dans la distribution des médicaments aux malades, un retard (…) qui pourra avoir des inconvénients ». Il milite donc pour l’engagement d’un pharmacien résident. Ce sera fait fin 1878, ce qui permet à la fois de réduire les coûts et d’améliorer le fonctionnement du service.
La pharmacie désormais installée à l’hôpital comprend des étagères et meubles à tiroirs pour les innombrables ingrédients nécessaires à la fabrication de médicaments, stockés dans des fioles ou casiers étiquetés. Les outils tels que mortiers et balance sont à portée de main. Derrière l’officine, le laboratoire dispose de tables de préparation et d’autres installations, dont un pressoir, et d’une réserve impressionnante de contenants de type bocaux ou dame-jeanne.
Les formules des remèdes font parfois appel à des ingrédients surprenants, comme l’atteste le rapport d’activités de 1882 : « (…) dans beaucoup de potions préparées, les vins de Porto, les vins de Malaga, les cognacs sont entrés en quantités assez considérables ; le quinquina est préparé avec des vins d’Alicante et de Malaga, enfin le champagne a été souvent prescrit comme stimulant ». Il arrive également que les médecins prescrivent du lait, de la viande ou des œufs aux personnes malades souffrant de malnutrition, ce qui fait gonfler les comptes de la pharmacie, au grand mécontentement de la Commission administrative.
En 1930, on entreprend des travaux afin d’agrandir et de moderniser les locaux de la pharmacie, en s’inspirant de récentes réalisations dans d’autres hôpitaux suisses. L’officine compte désormais encore plus d’étagères de flacons. Le chef dispose d’un secrétaire avec plan de travail incliné pour les tâches administratives, son bureau est équipé d’un téléphone, de tampons et de classeurs.
Licence Creative Commons CC-BY-SA – source : archives HUG – référence : art. 19903 / HUG_albumHC