Communiqué de presse

Un an de Covid-19 – bilan des cinq hôpitaux universitaires de Suisse

Hôpitaux universitaires Suisse - Covid-19 - Copyright : Nora Teylouni

La pandémie de Covid-19 affecte notre vie quotidienne depuis des mois. Une lueur d'espoir pointe à l’horizon avec le début de la campagne de vaccination. Si la Suisse a pu se passer de confinements aussi sévères que ceux des pays qui l’environnent, c’est dû notamment à notre système de santé efficace, avec de très bonnes capacités. Les hôpitaux universitaires suisses jouent un rôle central à cet égard. Cette année, cependant, ils ont atteint les limites de leurs ressources, aussi bien humaines que financières. Réunis en conférence de presse aujourd'hui à l’Hôpital universitaire de Berne, les directeurs des cinq hôpitaux universitaires ont fait le point tant sur l'importance des hôpitaux universitaires que sur la charge qui leur incombe après une année de pandémie.

La pandémie de Covid-19 est l'un des plus grands défis pour le système de santé suisse depuis des décennies. Elle a démontré de manière claire le rôle central joué par les hôpitaux universitaires suisses en collaboration avec le réseau formé par les autres prestataires de soins du pays. La pandémie du Covid-19 n'aurait pas été gérable sans les hôpitaux universitaires et leur savoir-faire, leurs compétences spécifiques, leurs ressources et leurs infrastructures, en particulier pour les patients nécessitant des soins intensifs.

Les directeurs des cinq hôpitaux universitaires ont mis en lumière les effets de la pandémie du Covid-19 sur leurs institutions et leurs régions respectives. Leurs explications ont montré comment les hôpitaux ont été et continuent d’être confrontés à des défis en partie de nature différente. Les directeurs des cinq hôpitaux ont été particulièrement impressionnés par le haut niveau d'engagement et de motivation du personnel et des étudiants en médecine dans ces circonstances particulières et stressantes.

Organisation efficace et grande solidarité 

Tous les hôpitaux universitaires partagent un point commun : grâce à leur organisation efficace, à leur savoir-faire spécifique, notamment dans le traitement des patients gravement malades, et leurs prestations couvrant l’ensemble des traitements, ils ont été en mesure de réagir rapidement, de manière adéquate et flexible aux exigences de la pandémie, de prendre les précautions nécessaires et de mettre à disposition de la population les capacités requises en temps utile. Les capacités de soins intensifs existantes sont passées de 228 à 378 lits (+ environ 65%). L'occupation d’un maximum de 208 lits par les seuls patients Covid-19 en novembre 2020 montre que cette augmentation était nécessaire. Sans cette expansion massive des capacités, il n'y aurait eu pratiquement plus de marge de manœuvre pour la prise en charge des patients souffrant d’autres atteintes à leur santé, sans parler d’un évènement majeur. En 2020, les cinq hôpitaux universitaires ont pris en charge un total de 8'153 patients Covid en soins stationnaires, dont 1'295 en unités de soins intensifs. Parmi ceux-ci, 922 ont été placé sous assistance respiratoire. Les cinq hôpitaux universitaires ont mis sur pied un système de soutien direct et simple, par exemple pour le transfert des patients. C'est notamment grâce à l'étroite collaboration et à la solidarité entre les hôpitaux universitaires, que les innombrables défis posés par la pandémie ont pu être relevés sans que le système de santé ne subisse de graves perturbations.
Les cinq hôpitaux universitaires sont des piliers importants dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de vaccination. Dès que la mise à disposition des vaccins était prévisible, des centres de vaccination ont été créés et mis en service dans un délai très court. Les hôpitaux universitaires sont également fortement impliqués dans la recherche et le développement. Rien qu'en 2020, 232 projets de recherche sur le SRAS-CoV-2 / Covid-19 ont été lancés. Seuls les hôpitaux universitaires peuvent réaliser des investissements nécessaires et continus de cette ampleur en matière de développements des connaissances, des infrastructures et de la formation.

Conséquences économiques de la pandémie

La pandémie a profondément marqué les hôpitaux universitaires sur le plan économique. Les cinq hôpitaux universitaires ont fourni un nombre disproportionné de prestations et supportent l’essentiel des traitements des patients Covid-19. Sur les quelque 19'500 cas Covid-19 hospitalisés en stationnaire en Suisse, 8'153 ont été pris en charge par les hôpitaux universitaires ; ainsi les hôpitaux universitaires ont soigné environ 40% des cas Covid-19 en stationnaire, cette proportion se situe, pour les autres cas stationnaires, légèrement en dessous de 20%. En raison de ce taux élevé lié aux cas Covid-19, le traitement des autres patients a diminué de manière significative ; en 2020, environ 20'000 patients de moins qu’en 2019 ont été traités en soin stationnaire, notamment dans les disciplines chirurgicales.
Aujourd'hui déjà, les coûts des hôpitaux universitaires ne sont pas couverts par l'assurance maladie obligatoire. La crise du coronavirus a contribué à alourdir encore la charge de façon significative. La perte de revenus des cinq hôpitaux universitaires dans le domaine stationnaire en 2020 s’élève à 202 millions de francs, auxquels s’ajoutent les dépenses en personnel et celles liées à l’achat de matériel spécifique au Covid pour plus de 340 millions de francs. Les cantons ont contribué à hauteur de 357 millions de francs en 2020 pour amortir la perte de revenus et les dépenses supplémentaires liées au Covid. Malgré ces aides cantonales, les cinq hôpitaux universitaires ont subi une perte de 86 millions de francs. Les affirmations des assurances maladie selon laquelle le Covid-19 n'a eu aucune influence sur les revenus des hôpitaux en 2020 ne s'applique donc pas à la situation à laquelle sont confrontés les cinq hôpitaux universitaires.

Réserves de capacité des hôpitaux universitaires

Les cinq hôpitaux universitaires prévoient des réserves de capacité en cas d'événements imprévus. Cela inclut la mise à disposition vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept d'infrastructures spécifiques et de personnel spécialisé approprié pour les urgences, les soins intensifs et les soins de santé (hautement) spécialisés. L'année écoulée a montré de manière impressionnante que ces réserves de capacité sont indispensables. Grâce à l’existence d'unités d'urgence, de soins intensifs et intermédiaires de grande qualité ainsi qu'à un personnel infirmier et médical qualifié, la pandémie de coronavirus a été maîtrisée. Toutefois, les directeurs d'hôpitaux ont également souligné qu'après un an de pandémie, le personnel était à bout et se sent épuisé.

Le système de remboursement actuel attribue une pondération beaucoup trop faible aux réserves de capacité, aux cas entraînant des pertes très élevées et aux patients fondamentalement plus complexes des hôpitaux universitaires (en raison de patients de plus en plus âgés, multimorbides et atteints de maladies chroniques). Afin que les hôpitaux universitaires puissent continuer à garantir l'infrastructure et les normes cliniques actuelles indispensables pour faire face à des situations à haut risque comme une pandémie et le traitement de patientes et patients particulièrement gravement atteints, il est impératif que les systèmes de financement instaurent une considération séparée pour les hôpitaux universitaires au niveau de la détermination du base rate ainsi qu’une rémunération différenciée dans le système tarifaire SwissDRG.
Les hôpitaux universitaires sont les garants de soins de qualité même en situation de crise. Ils ont démontré leur efficacité et leurs services au bénéfice des patients également pendant la pandémie. Cette fonction centrale ne doit pas être compromise.

Contact

Secrétariat général Médecine Universitaire Suisse (unimedsuisse)

Agnes Nienhaus, 

031 306 93 85

agnes.nienhaus@unimedsuisse.ch

Dernière mise à jour : 06/05/2021