En savoir plus sur l'incontinence

Titre
RESOcontinence
Adresse

Hôpitaux universitaires de Genève
Suisse

Madame
Gogniat Véronique
Infirmière spécialiste clinique

L’incontinence urinaire

«L’incontinence urinaire est un symptôme fréquent. Peu souvent spontanément évoquée, il est nécessaire de l’aborder avec chaque patient. Une fois mise en évidence, il faudra pouvoir en préciser l’origine afin de proposer un traitement. Ce dernier se révélant souvent efficace, il améliorera significativement la qualité de vie du patient»1

La continence s'acquiert dans les premières années de la vie. Les fuites urinaires sont considérées comme normales avant l'âge de 5-6 ans. Par contre, il n'est pas normal de perdre ses urines ou ses selles à l'adolescence, à l'âge adulte et dans la vieillesse. L’IU chez la personne âgée n’est pas une fatalité. 50 à 75% des cas d'incontinence urinaire, qui n’est pas secondaire à une lésion neurologique, peuvent être guéris ou améliorés grâce à des traitements simples.2

Définition de l’incontinence urinaire

L’International Society of Continence (ISC) définit l’incontinence urinaire comme « toute plainte de perte d’urine involontaire »3

«Le terme d’incontinence urinaire doit être précisé selon : le mécanisme et les circonstances de survenue des fuites, leur sévérité, leur fréquence, l’existence d’éventuels facteurs favorisants, leur impact social, hygiénique ou sur la qualité de vie, l’existence d’éventuelles mesures prises pour éviter les fuites et enfin la notion de demande médicale du patient»4 . C’est l’affectation de la qualité de vie qui fait de ce symptôme une pathologie à traiter. C’est la plainte du patient ou des proches qui justifie la prise en soins5.

Conséquences

Les conséquences de ce problème sont nombreuses tant pour la personne incontinente que pour ses proches et la communauté6.

Physiques Psychologique Sociales et Financières

Infections urinaires récurrentes

Atteinte à l’intégrité de la peau

Risque de chute

Habitudes de sommeil perturbées

Perte de l’estime de soi

Perte de dignité

Dépression

Déni

Dépendance

Anxiété, insécurité

Troubles sexuels

Régression

Perturbation des relations familiales

Perturbation des activités professionnelles

Réduction des activités sociales

Isolement

Réactions négatives de l’environnement

Surcharge financière

Prédisposition à l’institutionnalisation

Facteurs de risque de l’incontinence urinaire

  • Diminution de la mobilité physique (aide à la marche indisponible/manque d’assistance de la part du personnel soignants)
  • Obstacles environnementaux (encombrement du corridor, toilette éloignée, etc.)
  • Constipation
  • Consommation importante d’irritants de la vessie (caféine, alcool, chocolat, thé, cola, boissons gazeuses)
  • Effets de certains médicaments (ex : diurétiques, sédatifs, anticholinergiques, etc.)
  • Faiblesse du plancher pelvien, une mauvaise statique vertébro-pelvienne, multiparité, accouchement instrumentés, macrosomie, lésions périnéales (déchirures et épisiotomies), ménopause, prolapsus
  • Obésité morbide
  • Chirurgie lié à la fonction urinaire
  • Maladie dégénérative chronique
  • Accident vasculaire cérébral, diabète
  • Delirium, altération des fonctions cognitives (démence)7
  • Nicotine
  • Sports ayant des effets néfastes sur la statique pelvienne (course à pied, sauts de haie, aérobic intensif, gymnastique acrobatique, trampoline …) [8]
  • Toux chronique

Types d’incontinence urinaire

L’incontinence urinaire peut être classée selon cinq types:

  • IU fonctionnelle: « problème d’accès à la toilette : troubles de la mobilité ou troubles cognitifs » [7] La personne ressent le besoin d’uriner mais ne peut pas atteindre l’endroit approprié à temps en raison d’obstacles dans l’environnement : distance des toilettes/ mobilité physique réduite, vêtements mal adaptés, manque d’éclairage, contention etc.)
  • IU par urgenturie (urge urinary incontinence): fuite involontaire d’urine accompagnée ou immédiatement précédée d’une urgenturie. L’urgenturie est synonyme d’urgence mictionnelle: « désir soudain, impérieux et fréquemment irrépressible d’uriner » [4] Il s’accompagne souvent d’une quantité modérée, voire faible d’urine.
  • IU à l’effort (IUE) (stress urinary incontinence): « fuite involontaire d’urine accompagnée lors d’un effort physique, lors de la toux ou d’éternuements ». IU mixte (IUM) (mixed urinary incontinence) : « fuite involontaire d’urine associée à une urgenturie avec également des fuites involontaires d’urine lors d’exercices physiques, toux ou éternuements » [4]
  • IU mixte (IUM) (mixed urinary incontinence): « fuite involontaire d’urine associée à une urgenturie avec également des fuites involontaires d’urine lors d’exercices physiques, toux ou éternuements »[4]
  • Incontinence par regorgement: « pertes goutte-à-goutte de façon plus ou moins continue, quotidiennement, liées à une rétention urinaire (globe vésical), qui peut-être secondaire à des antécédents de chirurgie/radiothérapie pelvienne, ou une atteinte neurologique suprasacrée. A soupçonner en cas d’infections urinaires à répétition, ou d’aggravation sous traitement antimuscarinique » [3]
  • Enurésie: « miction involontaire. Le terme d’énurésie nocturne qualifie l’énurésie lorsqu’elle se manifeste pendant le sommeil ». [4]

Evaluation de l’incontinence transitoire et réversible

Dans la littérature médicale, il est recommandé d’évaluer l’incontinence dite transitoire et réversible (IURT), car la réversibilité est plus importante chez les personnes âgées que chez les adultes, soit de 30% (NP2) [9]. Les facteurs déclenchants ou favorisants sont pour la plupart indépendants de l’appareil urinaire et potentiellement réversible. Ces facteurs favorisants sont résumés par l’anagramme DIAPPERS (protection anatomique en anglais, répertorié par Resnick, 1984) (NP2) :

  • D Délire  (Syndrome confusionnel)
  • I  Infection urinaire
  • Atrophie vaginale
  • P Polymédication
  • P Psychologiques  (facteurs)
  • E Excès de diurèse
  • R Réduction de la mobilité
  • S Selles (constipation terminale)

Il existe plusieurs traitements pour l'incontinence urinaire :

  • Des traitements comportementaux et des conseils hygiéno-diététiques
  • La physiothérapie de rééducation pelvienne et urinaire
  • Les traitements médicamenteux
  • Les traitements chirurgicaux

Votre médecin et les spécialistes vous proposeront le traitement et les recommandations les plus adaptés à votre situation.

Modalités de remboursement du matériel d’incontinence

La somme de remboursement du matériel d’incontinence est tributaire du degré d’incontinence diagnostiqué par le médecin. Le degré d’incontinence doit figurer sur l’ordonnance pour permettre à la personne d’être remboursé selon la LiMA (liste des moyens et appareils). Dans l’idéal, le type de produits devrait être aussi noté.

La LiMA mentionne 4 degrés d’incontinence, dont le premier est à la charge financière du patient :

  • Incontinence légère : perte d’urine < 100 ml/4 h n’est pas une maladie au sens de la LAMal, c’est pourquoi elle n’implique aucun remboursement de l’assurance-maladie obligatoire.
  • Incontinence moyenne : perte d’urine 100 - 200 ml/4 h
  • Incontinence grave : perte d’urine > 200 ml/4 h
  • Incontinence totale : évacuation incontrôlée et continue d’urine ou de selles.

Pour le montant du remboursement par degré d’incontinence et pour chaque type de matériel, voir le site de la LiMA

[1] Kassouha A, Gogniat V, Vuagnat H, Meriah H, Iselin C. Démarches d’amélioration de la qualité des soins liés à l’incontinence urinaire. Rev Med Suisse 2013 ; 9 : 2289
[2] Tannenbaum, 2007, réseau canadien pour la santé des femmes. http://www.cwhn.ca/fr
[3] Gonthier A, Pasche O, Cornuz J, et al. (2008). Incontinence urinaire chez la femme. Rev Med Suisse 2008 ; 4 : 2569-74
[4] Haab F., Amarenco, G., Coloby P., Grise P., Jacquetin B., Labat J.-J., Chartier-Kastler E., Richard F (2006). Terminologie des troubles fonctionnels du bas appareil urinaire : adaptation française de la terminologie de l’International Continence Society, Progrès en urologie, Pelvi-Périnéologie, 1 : 196-206.
[5] Association Française d’Urologie (AFU) (mars 2011). Continence de la personne âgée : une prise en charge globale et pluridisciplinaire au service de la qualité de vie. Dossier de presse pour la semaine nationale de la Continence Urinaire
[6] Bartoli S, Aguzzi G, Tarricone R. Impact on Quality of Life of Urinary Incontinence and Overactive Bladder: A Systematic Literature Review. Urology, 2010 ; 75(3) : 491-500. Genoud F. Programme clinique d'élimination urinaire. Département de Gériatrie, Hôpitaux universitaires de Genève, 1992.
[7] Institut universitaire de gériatrie de Montréal/ CSSS-Institut de gériatrie de Sherbrooke (2012). Approche adaptée à la personne âgée en milieu hospitalier. Incontinence urinaire : http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2012/12-830-07W.pdf
[8] Jean-Baptiste J. Mermieu J.-F. Progrès en urologie (2010) 20, Fuites urinaires et sport chez la femme, 483-490
[9] Michel-Laaengh, N (2009). Incontinence urinaire chez la femme âgée. Journal de gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, 38: 232-238
Dernière mise à jour : 10/11/2021