Physiothérapeute

Avec douceur et fermeté, les physiothérapeutes mobilisent les corps endoloris pour leur redonner vigueur.

Ils oeuvrent en première ligne en orthopédie, rhumatologie, neurologie, pneumologie, cardiologie ou en médecine interne. Leur mission ? Remobiliser les
membres douloureux, assouplir les articulations, redresser le corps et le moral meurtris par ces événements qui dans le cours d’une vie marquent un avant et un après.

9h00 - C’est l’heure de la visite hebdomadaire à l’hôpital Beau-Séjour. L’équipe médicale au grand complet passe de chambre en chambre. Comme tous ses collègues, Corinne Bernimoulin, physiothérapeute en orthopédie, a quantifié et consigné les progrès de ses patients : mobilité des articulations, performances
physiques, vitesse de déplacements, avec ou sans l’aide de moyen auxiliaire, etc.
Ces données, transmises aux médecins, déterminent les suites du traitement.

Physiothérapeute9h30 - La visite est terminée. La journée débute avec Monique*. La colonne vertébrale de cette patiente victime d’une
maladie dégénérative a été renforcée
avec une plaque et des vis. Elle doit réapprendre à bouger… Au programme : escaliers, espaliers et chapeau mexicain
(voir photo). « Dès qu’elle pourra marcher avec ses cannes sans douleur, elle pourra rentrer», lance Corinne, sur un ton à la fois doux et dynamique. « Moi, j’aimerais rester jusqu’à que je me sente vraiment, vraiment bien », soupire Monique

Physiothérapeute10h30 - Un mince filet de musique albanaise s’échappe d’un portable posé sur le lit. Assis à côté, dans un fauteuil roulant,
Rajid*, diabétique, 66 ans, attend Corinne. Il ne parle pas un mot de français. « On communique avec des sourires », s’amuse la
physiothérapeute. Rajid en est à sa cinquième amputation. La première opération lui a coûté les orteils. Après la dernière, il reste un moignon au-dessous du genou.
Comme il est porteur d’un staphylocoque doré multirésistant, Corinne doit se protéger avant de le mobiliser. Après avoir revêtu gants et surblouse, elle
s’efforce d’enfiler la prothèse sur le moignon. Ce qui lui demande bien quinze minutes d’efforts. Puis ils descendent à la salle de gym où elle réapprend à Rajid à marcher entre deux barres parallèles.

Physiothérapeute13h00 - Après la pause de midi, la physiothérapeute prend en charge un groupe. « Il s’agit de patients lombalgiques en arrêt de travail depuis moins d’un an. », Dans la salle du Pavillon Louis XVI, attenant à l’Hôpital Beau-Séjour, ils sont cinq, couchés sur des tapis de gymnastique
bleus.
Assouplissement, danse, exercices avec des ballons… tout est bon pour remettre en selle des patients qui n’ont plus confiance dans leur dos : « On bouge, on s’étire, on se déhanche ! Allez hop, hop, hop ! » Un rayon de soleil gai comme le printemps s’engouffre par la fenêtre. Signe peut-être
de meilleurs lendemains ?

Physiothérapeute15h00 - « J’effectue des traitements en piscine une à deux fois par jour », avertit
Corinne Bernimoulin. Au bout du bassin de l’Hôpital Beau-Séjour, quatre femmes et un homme sont impatients de commencer les exercices dans une eau à 34°. Prothèse de la hanche, du genou ou amputation… pour eux la piscine diminue la douleur et allège le corps. « Ici, ils peuvent faire des mouvements impossibles en salle », explique la physiothérapeute.

Physiothérapeute16h00 - On quitte la piscine et Corinne. Rendez-vous en neurologie, dans la salle du Lokomat. L’engin est impressionnant : trois mètres de haut, quatre de long. Au beau milieu de ce déferlement technologique, une patiente est soutenue par un harnais  au-dessus d’un tapis roulant. Sous le  contrôle du physiothérapeute, le robot  imprime à ses jambes un mouvement de marche d’un naturel quasiment parfait.
« Le problème de ces patients n’est pas musculaire, mais neurologique. L’idée est de provoquer un déclic dans le cerveau. Cela peut prendre quelques séances ou quelques mois », explique Marc Degiacomi, physiothérapeute au service de neurorééducation.

Physiothérapeute17h00 - Nouveau changement de décor. Dans le silence constellé de « bips » des soins intensifs, nous découvrons une nouvelle facette du métier. Alessandro Rocci
manipule avec précaution une patiente dans le coma. Il lui parle. Mobilise les  articulations, l’une après l’autre, et la cage thoracique pour désencombrer les bronches. « C’est préventif. Il faut éviter les raideurs ou les atrophies liées à l’alitement prolongé », souffle-t-il.

17h30 - Retour à Beau-Séjour. Corinne Bernimoulin a fini sa journée et se confie : « Dans ce métier, il faut aimer toucher les gens. Je m’immisce dans leur sphère intime pour les aider à un moment très difficile, parfois tragique, de leur existence. On cherche ensemble les aspects positifs, même quand il y a de la douleur physique, de la souffrance morale. On vit les progrès avec eux, jour après jour. C’est ce qui nous motive. »

* Prénoms fictifs

Dernière mise à jour : 16/07/2021