Eclats de la famille nucléaire : Œdipe serait-il décomplexé ?

En physique, le terme "éclatement" peut être celui d’une bulle, d’un noyau atomique, aussi appelé fission nucléaire, d’une onde sonore ou d’une étoile comme la supernova produisant une trace, visible à des années lumières, même disparue. Cette libération considérable d’énergie peut se rapporter à une explosion soudaine, provoquant ruptures, divisions ou fragmentations. A contrario, l’éclat est une impression sensorielle d’une intense luminosité, comme une aurore spectaculaire ou un coucher de soleil éblouissant. « Ça m’éclate », disons-nous, les yeux éblouis. 
Dès 1890, les psychanalystes explorent les relations familiales, notamment avec le concept du complexe d’Œdipe. Ces liens de l’enfance, parfois même avant la naissance, façonnent en grande partie nos processus psychiques, en particulier dans le domaine de la sexualité et de l'amour. En psychothérapie ou en psychanalyse, appréhender le complexe d’Œdipe permet de mieux concevoir ses propres schémas relationnels, parfois inconscients ou répétitifs, ses conflits intérieurs, son identité, son lien au monde et à son intériorité. Sa reconnaissance peut servir de levier au changement. 
Or en 2023, au-delà du biologique, la famille nucléaire, soit papa-maman-enfants, évolue et se diversifie, reflétant les changements sociaux, culturels et technologiques d’aujourd’hui. Parfois toutes les limites semblent dépassées : géographiques, de genre ou générationnelles… La famille nucléaire peut être désormais monoparentale, multiculturelle, recomposée, homosexuelle, clanique… Ainsi, les enfants, les adolescents, les parents, les membres de la famille élargie, les accompagnants de ces familles dites nouvelles, tels que les enseignants, avocats, travailleurs sociaux, intervenants de la santé, viennent dans nos consultations avec leurs lots d’éclats. 
Alors, quid de l’Œdipe ? Ces éclats camouflent-ils l'obscurité de la scène primitive ? Sommes-nous éblouis par cette intense lumière des possibles ? Et que faisons-nous du troublant mystère de la vie et de notre condition humaine ?

Valérie Burnet
 

« La parentalité en question »

Résumé : la représentation de la famille est en profonde mutation, et il en est de même pour la représentation de la parentalité qui, comme la famille, est une figure à géométrie variable. Les fonctions parentales, maternelle et paternelle, doivent ainsi être repensées, remodélisées, afin de circonscrire les organisateurs internes, invariants, quels que soient les formes sociales que prennent leur exercice. La parentalité contient un aspect biologique, psychologique, mais aussi un aspect social, politique, idéologique, et la désignation des compétences ou des inadéquations parentales est tributaire pour partie de nos idéologies et de nos croyances. 

Au-delà de ces aspects, la parentalité est surtout une fonction psychique, avec un pôle maternel et un pôle paternel. On peut ainsi parler de « biparentalité psychique », qui opère à l’intérieur de chaque sujet. Cette « biparentalité interne » se construit très tôt, dès bébé, à travers le tonus du corps, et son émergence se poursuit dans le jeu des identifications narcissiques et œdipiennes. 

La biparentalité interne conditionne la construction d’une position adulte, chez tout sujet, chez tout parent, et elle est particulièrement sollicitée chez tout professionnel du soin psychique, de l’éducation, de l’accompagnement.

Auteur de nombreux articles et ouvrages dont :

• Ciccone, A., (2023). La part bébé du soi, approche clinique. Paris : Dunod. 
• Ciccone, A., (2022). L’infantile dans les liens. Le social, le groupe, la famille, le couple, le sujet. Paris : Dunod. 
• Ciccone, A., (2016). Violence dans la parentalité. Paris : Dunod.

« Leur père est-il encore Oedipien ? »

Résumé : la famille organisée autour du père et de la mère est affaiblie mais n'est pas vraiment remplacée par une institution alternative. Les systèmes inconscients généalogiques de la parenté restent actifs tandis qu'émerge parallèlement une parentalité sociale et éducationnelle consciente. Les adolescents semblent se développer en un sens plus narcissique que névrotique mais il faut se demander de quelle façon, et jusqu'à quel point, le complexe d'Oedipe reste pour eux structurant, en particulier la référence à la fonction paternelle.

Nous chercherons à repenser la théorie du complexe d'Oedipe à partir de la clinique des états limites à l"adolescence, exemple clinique approfondi à l'appui, avec l'hypothèse d'un complexe d'Oedipe primaire déformé par la pression du polymorphisme sexuel d'origine infantile, actif tout au long de la vie. Ceci aide à penser la bisexualité , les sentiments d'incongruence de genre ainsi que les cassures de la subjectivation . A partir de là la crise contemporaine de l'autorité et de la famille peut être vue comme un moment historique de changement vers plus de fluidité et de démocratie, qui inclut les régimes antérieurs classiques et universalistes encore susceptibles d'apporter des éléments positifs.

Auteur de nombreux articles et ouvrages dont :

• Richard, F. (2021). Le Surmoi perverti. Bisexualité psychique et États limites. Paris : Campagne première.  
• Richard, F. (2011). L’actuel malaise dans la culture. Paris : l’Olivier.
• Richard, F. (2001). Le processus de subjectivation à l’adolescence. Paris : Dunod

Pr Albert CICCONE
Professeur émérite de psychopathologie et psychologie clinique à l’Université Lumière-Lyon 2, Psychanalyste

Pr François RICHARD 
Professeur de psychopathologie à l’Université Paris-Diderot Psychanalyste SPP/IPA

Nino RIZZO, président de l’ASUPEA 
Psychanalyste SSPsa/IPA, Genève

Dre Nathalie NANZER 
Médecin cheffe du Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (HUG) a.i.
Psychanalyste SSPsa/IPA, Genève 

Dr Rémy BARBE 
Directeur de l’Office Medico-Pédagogique (OMP) 
Médecin adjoint responsable de l’Unite d’hospitalisation du Service de psychiatrie de l’enfant et adolescent (HUG)

Jacqueline GERARD-FRESARD
Pdt de la COPEA et Psychanalyste SSPsa/IPA, Genève
Comité du Centre de Psychanalyse de Raymond de Saussure (CPRS)

Samir FELLAK 
Psychanalyste SPP/IPA, Paris

Dr Piotr KRZAKOWSKI
Psychanalyste SPP/IPA, Paris & IPP, Varsovie

Dre Julia FLORE ALIBERT 
Pédopsychiatre et Psychanalyste SSP/IPA, Paris

Soledad MARINE
Psychologue spéc. en psychothérapie FSP
Systémicienne, Genève

Stefano MONZANI
Psychologue spéc. en psychothérapie FSP, Genève

Valérie Ji-Sook BURNET
Psychanalyste SSPsa/IPA, Genève

Pierre ZWICKY 
Psychologue spéc. en psychothérapie FSP
Neuropsychologue FSP, Genève