Qu’est-ce que la Psychothérapie Assistée par Psychédéliques - (PAP)?
Nous proposons la Psychothérapie assistée par la prise de Psychédéliques (LSD-Lysergic acid diethylamide ou Psilocybine) dans le cadre des soins universitaires et spécialisés de notre Service d’Addictologie du Département de Psychiatrie des Hôpitaux Universitaires de Genève :
CAAP Grand-Pré,
Rue du Grand-Pré 70C,
1202 GenèveNuméro de téléphone du secrétariat de CAAP Grand-Pré : 022 372 57 50.
Email : pap.addictoservice@hcuge.ch
En raison de la forte sollicitation actuelle, nous allons proposer d'entretiens d'évaluation de manière différée et allons prendre en considération seulement les demandes comportant un dossier complet.
Et ceci, sous la responsabilité du Professeur Daniele Zullino, chef du service. Nous vous proposons ce traitement dans un cadre universitaire avec ce que cela implique en termes de garantie de qualité et de sécurité.
La tradition de l’utilisation de champignons riches en Psilocybine, une substance similaire au LSD, à des fins thérapeutiques remonte à plusieurs milliers d’années.
Le LSD a été synthétisé il y a environ 70 ans dans un but thérapeutique et de recherche. La prise de la substance amène à une modification temporaire des perceptions.
Lors des premières évaluations scientifiques qui ont eu lieu ces dernières années dans différents pays, y compris la Suisse, il a été démontré que la Psychothérapie assistée par Psychédéliques peut aider les patients à diminuer leurs symptômes anxieux et/ou dépressifs et peut réduire leur problématiques liées à la dépendance de différentes substances (tabac, alcool).
Comment se déroule la Psychothérapie Assistée par Psychédéliques?
La Psychothérapie assistée par Psychédéliques est individualisée. Elle prend en compte vos symptômes et vos souffrances. Nous vous offrons de un à trois traitements qui seront intégrés dans votre suivi psychothérapeutique individuel chez votre psychiatre ou psychothérapeute privé(e). Normalement, un intervalle de 4-6 semaines sépare les traitements de PAP pendant lequel la psychothérapie chez votre thérapeute privé(e) est poursuivie. Un traitement par Psychothérapie Assistée par Psychédéliques se déroule en trois étapes :
1) une à deux séances préparatoire,
2) une séance d’administration du psychédélique (LSD ou Psilocybine)
3) une séance d’intégration + une séance d’amplification
1) Pendant les séances préparatoires vous êtes présenté à l’équipe soignante qui prendra en charge la PAP dans notre unité ambulatoire du Service d’addictologie du Département de Psychiatrie des HUG (CAAP Grand-Pré, Rue de Grand-Pré
70C, 1202 Genève).
Durant ces séances, nous vous demanderons des informations biographiques et médicales et nous vous demanderons de remplir certains questionnaires en lien avec le traitement. Vous visiterez également les lieux où la Psychothérapie assistée par Psychédéliques se déroulera et vous aurez l’occasion de poser toutes les questions que vous jugerez nécessaires.
2) Le jour de la séance d’administration du psychédélique, nous vous accueillerons le matin à 9:00. Il s’agit d’une séance individuelle ou groupale (maximum 4 patients). Vous allez être accompagné et surveillé sans interruption toute la séance (pendant environ 10 heures avec la prise de LSD; pendant environ 6 heures avec la prise de Psilocybine).
Vous serez dans un environnement calme avec de la musique et nous n’aurons pas d’interaction avec vous, sauf si vous le demandez. Nous vous proposons de demander à un proche de venir vous chercher en fin de séance pour rentrer chez vous, ou bien, nous organiserons un transport. Nous vous prions de prendre un petit déjeuner et un déjeuner léger. Vous n'aurez pas le droit de conduire un véhicule privé le jour de la séance. Nous vous prions de prendre un petit déjeuner et un déjeuner léger. Vous ne pouvez ni conduire ni travailler pendant 24 heures, cela après la séance d’administration. Si nécessaire, nous vous rédigerons un certificat médical d’arrêt de travail.
3) Une séance d’intégration est prévue le jour suivant, après la séance d’administration. Cette séance d’intégration sera enregistrée pour vous et pour que vous puissiez éventuellement la partager avec votre thérapeute privé(e).
Nous vous encourageons également à l’écouter une fois par semaine entre les traitements de PAP. Une séance d’amplification aura lieu 3-4 semaines plus tard, afin de consolider vos acquis psychothérapeutiques.
Il y a-t-il des investigations additionnelles avant et après le traitement ?
Avant débuter la Psychothérapie Assistée par Psychédéliques, nous vous recevons au CAAP Grand-Pré pour évaluer si la PAP est indiquée et pour faire des investigations complémentaires (prise de sang, ECG, test de grossesse). Nous vous informerons également des modalités de financement et nous répondrons à vos questions concernant la PAP.
Ensuite nous effectuerons les démarches nécessaires auprès de l’OFSP (Office Fédéral de la Santé Publique) afin d’obtenir une autorisation de traitement.
Pour des raisons de contrôle de qualité, nous vous rencontrerons également lors d’une évaluation finale trois mois après la dernière séance de PAP.
Il y a-t-il des contre-indications au traitement par PAP ?
Si vous ou vos proches (parents, oncles, tantes, grands-parents, fratrie, enfants) souffrent d’une maladie bipolaire ou ont eu un épisode psychotique, la PAP n’est pas recommandée, car les psychédéliques peuvent dans de rares cas induire des états psychotiques ou maniaques.
Vous aurez une prise de sang (comprenant un test de grossesse chez les femmes en âge de procréer) et un électrocardiogramme. Nous prendrons également contact avec votre médecin généraliste pour évaluer votre condition physique.
A l’exception d’une maladie cardiovasculaire sévère et non-contrôlée par des médicaments, et d’une cirrhose hépatique sévère, il n’y a pas de contre-indications pour la PAP.
Pour des raisons de contrôle de qualité, nous vous demanderons également de remplir un questionnaire pendant la séance d’évaluation, et également trois mois après la fin de la PAP.
Qu’est-ce que je peux attendre de la PAP?
Il n’y a pas de garantie que vous bénéficierez de la PAP. Elle ne peut pas guérir une maladie psychique chronique. L’idée de ce traitement est de vous soutenir dans votre processus psychothérapeutique par la possibilité d’accéder à des contenus souvent inconscients de votre esprit, dans un état réversible de conscience altérée. Les expériences rapportées varient grandement entre chaque personne.
Quelles sont mes obligations comme patient/e ?
Nous vous prions d’observer les instructions de l’équipe soignante et de nous informer sur d’éventuels effets indésirables sans délai. Vous êtes tenu de nous informer de toutes prises de médicaments et de consommations de substances psychotropes, y compris, d’alcool, de nicotine et de cannabis.
Pour les femmes en âges de procréer, nous discuterons ouvertement des risques de grossesse et nous vous demanderons de réaliser un test de grossesse avant votre participation.
Est-ce que je peux prendre mes médicaments habituels ?
Pour assurer la meilleure qualité de soins possible, nous vous prions de nous informer de tous les médicaments que vous prenez.
Si vous êtes prévu pour une séance d'administration de psychédéliques, il est recommandé d'arrêter la prise des médicaments suivants une semaine avant la séance, en accord avec votre médecin :
- Les triptans (comme le Sumatriptan par exemple) prescrits pour la migraine
- La Mirtazapine (Remeron®) et la Trazodone (Trittico®)
- Les antiépileptiques et la quétiapine prescrits pour stabiliser l’humeur, mais pas dans le contexte d’une maladie bipolaire. Si vous souffrez d’une maladie bipolaire, vous ne pouvez malheureusement pas bénéficier de la PAP.
Je fume et je consomme de l’alcool d’une manière régulière ?
La consommation d’alcool, de cannabis et de nicotine est possible pendant le processus thérapeutique de la PAP. Nous vous demandons cependant de ne pas consommer ces substances (alcool et cannabis) 24 heures avant la séance d’administration du psychédélique.
Aussi, nous vous demandons de ne pas consommer ces substances (alcool, cannabis et nicotine) le jour même de la séance d’administration.
Si souhaité, l’objectif thérapeutique peut être de réduire la consommation de ces substances.
La consommation d’opiacés, de cocaïne, et autres psychostimulants, n’est pas possible (même si elles sont prescrites sous surveillance médicale comme expliqué ci-dessus).
Est-ce que je risque de devenir dépendant au LSD ou à la Psilocybine?
Le LSD et la psilocybine sont largement consommés de manière illégale sans créer de dépendance. Il n’y a pas d’arguments scientifiques qui indiquent que ces substances puissent rendre dépendant. La plupart des gens stoppent d’eux-mêmes leurs consommations de LSD ou de Psilocybine, sans problème et sans aide de professionnels. Le LSD et la Psilocybine n’augmentent pas l’envie de consommer d’autres substances addictives.
En effet, pour la nicotine et l’alcool, les premières études scientifiques montrent que les consommations de ces substances pourraient diminuer avec la prise de substances psychédéliques, ce qui indique un potentiel anti-addictogène des substances psychédéliques.
Y-a-t-il des effets indésirables ou des risques pour ma santé ?
Il n’y a pas d’effets indésirables physiques sévères car les dosages de LSD (100 - 200 mcg) et les dosages de Psilocybine (15 - 25mg) sont sans risque et non toxiques. Il n’y a pas eu de décès liés à la prise de ces substances décrit dans la littérature.
De possibles effets indésirables physiques légers et transitoires peuvent se manifester surtout lors de l’effet psychotrope aigu pendant les 8-10 heures après la prise de la substance.
Ces effets sont typiquement : vertige, nausée, manque d’appétit, irritabilité interne, tremblements, trouble de la vision, changement de la notion du temps, fourmillement, mal à la tête et fatigue.
Les effets indésirables psychiques dépendent fortement du cadre dans lequel la substance psychédélique est prise et l’état psychique de la personne au moment de la prise. La prise dans un cadre psychothérapeutique calme et protégé n’est pas associée à des effets indésirables graves. Les possibles effets indésirables peuvent se manifester surtout lors de l’effet psychotrope aigu et incluent :
- Anxiété. Ces substances peuvent provoquer des angoisses, l’impression d’être persécuté (paranoïa) ou de vivre un deuil intense. Ces effets se manifestent souvent immédiatement après l’ingestion de la substance psychédélique; l’environnement calme et la présence du personnel soignant psychothérapeute diminuent ces sentiments. Si ces sentiments préoccupants sont trop forts et ne diminuent pas avec le temps et le soutien du cadre thérapeutique, nous avons à disposition des médicaments calmants d’urgence (Temesta ou Risperdal).
- Des symptômes psychotiques. Comme expliqué ci-dessus, vous ne pouvez malheureusement pas bénéficier de la PAP si vous êtes à risque élevé d’une psychose induite psychédéliques. Chez des individus sans risque élevé, des symptômes psychotiques se produisent typiquement dans le cadre d’une prise illégale et incontrôlée. Dans un cadre psychothérapeutique comme proposé, l’apparition éventuelle de tels symptômes durant la séance d’administration du psychédélique peut être travaillé dans la psychothérapie.
- Actes auto- ou hétéro-agressifs. Une perte de réalité complète est très rare est typiquement observée s’il y a une consommation de plusieurs substances dans un contexte non-protégé.
- Changement de la perception d’une manière durable. Vous pouvez vivre une modification de la perception lors de l’effet psychotrope aigu, cela va se dissiper à la fin de la séance. Le changement de la perception d’une manière durable (flash-back) est extrêmement rare, pas dangereux ni intense et se manifeste surtout si la prise de la substance s’effectue dans un contexte illicite et non-protégé.
Comment suis-je protégé en cas d’effets indésirables ?
Vous bénéficiez de la couverture globale et des mêmes droits que tous les patients traités aux Hôpitaux Universitaires de Genève.
Les psychédéliques sont des substances interdites, est-ce que je risque d’avoir des problèmes juridiques suite au traitement ?
Le LSD et la Psilocybine ne sont pas des médicaments enregistrés. Ils ne peuvent être utilisés légalement que dans un cadre scientifique et médical individuel, après une autorisation obtenue auprès de l’Office Fédérale de la Santé Publique (OFSP). Nous prendrons le soin d’obtenir une autorisation individuelle pour l’usage médical. A cet effet, nous avons besoin de votre consentement écrit et signé.
De cette forme, la prise de LSD ou de Psilocybine dans un cadre de traitement supervisé et après avoir obtenu l’autorisation de l’OFSP n’a pas de conséquences juridiques ni pour vous ni pour l’équipe soignante.
Nous sommes obligés de rédiger des rapports intermédiaires et un rapport final pour l’OFSP. Nous sommes soumis au secret médical habituel envers tous les autres tiers. Comme service spécialisé en Addictologie, nous avons une autorisation du pharmacien cantonal pour l’usage des stupéfiants. Cela nous autorise à commander et à vous prescrire du LSD ou de la Psilocybine légalement.
Comment un tel traitement est-il financé ?
Les entretiens psychothérapeutiques et les investigations complémentaires (prise de sang, ECG, test de grossesse) seront facturés dans le cadre du tarif de l’assurance maladie de base. Les frais pour la substance psychotrope (LSD ou Psilocybine) sont à votre charge. Le prix selon le dosage est le suivant :
15mg de Psilocybine : 225chf + frais d’envoi (70chf)
25mg de Psilocybine : 375chf + frais d’envoi (70chf)
100mcg de LSD : 128.40chf + frais d’envoi (70chf)
200mcg de LSD : 256.80chf + frais d’envoi (70chf)
Une situation financière précaire ne devrait pas empêcher l’accès à la Psychothérapie assistée par Psychédéliques. Si vous nous faites part de vos difficultés financières, un arrangement individuel pourra être envisagé.
Personnes responsables et contact pour de plus amples informations et en cas d’urgence
Responsabilité du traitement:
Pr Dr. med. Daniele Zullino
Chef du Service d’Addictologie
Département de Psychiatrie
Hôpitaux Universitaires de Genève
CAAP Grand-Pré
Rue de Grand-Pré 70C
1202 Genève
Dr. med. Gabriel Thorens
Médecin adjoint agrégé
Département de Psychiatrie
Hôpitaux Universitaires de Genève
CAAP Grand-Pré
Rue de Grand-Pré 70C
1202 Genève
Dr med. Louise Penzenstadler
Médecin adjoint agrégé
Département de Psychiatrie
Hôpitaux Universitaires de Genève
CAAP Grand-Pré
Rue de Grand-Pré 70C
1202 Genève
Responsable de la coordination du programme :
Federico Seragnoli
Psychologue FSP, PhD candidate
Département de Psychiatrie
Hôpitaux Universitaires de Genève
CAAP Grand-Pré
Rue de Grand-Pré 70C
1202 Genève
Numéro de téléphone du secrétariat de CAAP Grand-Pré : 022 372 57 50.
Email : pap.addictoservice@hcuge.ch