VIH - Un patient genevois en rémission après une greffe de moelle osseuse

personne avec le logo VIH

Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) tue chaque année plus de 600'000 personnes dans le monde. Le cas d’un patient en rémission depuis 20 mois et suivi pour une greffe de moelle aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), en collaboration avec l’Institut Pasteur à Paris, pourrait aider à mieux comprendre comment contrôler, voire guérir d’une infection par le VIH.  Pour soigner une leucémie, ce patient a en effet bénéficié d’une greffe de cellules souches qui, pour la première fois, ne présentent pas de mutation génétique rare pouvant expliquer cette rémission. Ce qui en fait un cas unique. 
 
Jusqu’à aujourd’hui, cinq personnes dans le monde (Berlin, Londres, Düsseldorf, New York et City of Hope), sont présumées guéries de l’infection par le VIH à la suite d’une greffe de moelle osseuse. Elles ont toutes reçues des cellules dotées d’une mutation génétique rare, CCR5 delta 32, qui empêche le VIH de pénétrer dans les cellules du système immunitaire. Dans la population, les personnes porteuses de cette mutation sont naturellement protégées du VIH. Le virus utilise en effet le co-récepteur CCR5 pour infecter les cellules immunitaires, mais la variante CCR5Δ32 du récepteur bloque efficacement l'entrée du virus. Les cellules sont ainsi dites « résistantes » à une infection par le VIH. Le grand intérêt scientifique suscité par le patient des HUG réside dans le fait qu’il a reçu des cellules souches dépourvues de cette mutation.  

Selon la Pre Alexandra Calmy, médecin adjointe agrégée, responsable de l’Unité VIH aux HUG, et le Pr Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur, « la durée d’indétectabilité après l’interruption du traitement – 20 mois – n’a pas de précédents chez les personnes qui ont reçu une greffe de moelle en absence de la mutation CCR5Δ32. » 

Le patient vit avec le VIH depuis le début des années 90 et a toujours suivi un traitement antirétroviral. En 2018, pour traiter une forme particulièrement agressive de leucémie, il a été soumis à une chimiothérapie puis à une greffe de moelle osseuse pour reconstituer ses réserves de cellules sanguines et immunitaires.

Dès le premier mois après la greffe, les tests ont montré que les cellules sanguines du patient étaient entièrement dérivées des cellules souches greffées. Des analyses complémentaires n'ont plus permis de détecter le VIH et le patient a finalement cessé de prendre son traitement antirétroviral en novembre 2021. Depuis lors, le VIH est indétectable dans son corps, ce qui laisse supposer une rémission à long terme. Le patient est aussi en rémission de sa leucémie.
 
Actuellement, ce protocole de soins n’est pas transposable à large échelle en raison de son agressivité. Il est considéré comme trop risqué pour traiter les personnes séropositives qui n'ont pas besoin de greffe. Cette dernière peut en effet les rendre vulnérables à d’autres infections, et l'organisme rejette parfois la greffe. Cette découverte ouvre toutefois de nouvelles perspectives pour mieux comprendre – et peut-être un jour contrôler – la façon dont le virus se réplique dans le corps humain.

Pour l’heure, cette découverte ne concerne qu'un seul patient. Des recherches complémentaires seront donc nécessaires afin de déterminer si des résultats similaires sont observés chez d'autres personnes soumises au même traitement.

Ce nouveau cas de rémission à long terme du VIH sera présenté le 24 juillet, à Brisbane, en Australie, lors de la 26e conférence internationale sur le sida, IAS 2023, par la Pre Alexandra Calmy et le Pr Asier Sáez-Cirión.

Lire le communiqué de presse

Dernière mise à jour : 20/07/2023