Pour mieux les prévenir, une étude analyse les agressions sexuelles prises en soins aux HUG et au CHUV durant quatre ans

Pour mieux les prévenir, une étude analyse les agressions sexuelles prises en soins aux HUG et au CHUV durant quatre ans

Les urgences gynéco-obstétricales des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), ainsi que le Centre universitaire romand de médecine légale Lausanne-Genève (CURML) ont mené une étude rétrospective fondée sur les données 2018-2021 des deux établissements hospitaliers en matière d’agressions sexuelles commises sur les personnes de 14 ans et plus. Cette recherche, portant sur 740 constats d’agression, éclaire le contexte de ces événements et les caractéristiques des victimes. Elle entend contribuer à améliorer la prévention, l’information et la prise en charge des victimes. Les auteurs et autrices signalent un manque de données en Suisse qui sont cruciales pour développer des réponses efficaces au niveau social, économique, politique et sanitaire. L’étude et son résumé sont disponibles en ligne.

L’étude a été menée afin d’identifier des faits concrets sur le contexte des agressions ayant débouché sur un constat. Ceux-ci sont essentiels pour contrer certains préjugés, concevoir des campagnes de prévention efficaces, améliorer la prise en charge des victimes et répondre aux attentes du plan d’action national pour la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul.

Attention aux week-ends et aux substances

L’étude révèle que le nombre de constats d’agression sexuelle est deux fois plus élevé le week-end qu’en semaine. Durant l’été, il est augmenté de moitié, à tel point qu’un tiers des constats d’agressions sexuelles ont lieu à cette saison. Elle souligne qu’une majorité des agressions (près de 6/10) sont commises par des connaissances des victimes et au domicile de l’un-e ou de l’autre.

L’amnésie consécutive aux agressions est très fréquente et perturbe souvent la description complète du contexte. Elle peut être causée par la prise de substances (alcool, drogues) qui est fréquente dans ces situations, tant du côté de l’agresseur que de celui de la victime, ou par une dissociation péritraumatique, mécanisme de protection du cerveau face à l’impact potentiel d’un événement traumatique.

L’étude souligne que la description précise des lésions subies par les victimes est très importante dans le cadre des poursuites juridiques, raison pour laquelle il est utile de déclarer les agressions subies et de consulter le plus rapidement possible après les faits. Les résultats soulignent aussi qu’une agression sexuelle est un facteur clé de vulnérabilité qui augmente le risque que la personne en soit à nouveau la victime. L’étude complète et son résumé contiennent de nombreuses autres constatations. 

Plus de 700 situations étudiées

L’étude a porté sur 962 rapports d’agression sexuelle durant les 48 mois de l’étude, parmi lesquels 740 ont répondu aux critères méthodologiques. Ce chiffre n’est pas un indicateur précis de la réalité des agressions sexuelles dans la région puisqu’un nombre inconnu de personnes ne déclarent ni ne consultent par honte, peur, crainte de stigmatisation ou pour d’autres raisons. L’âge des victimes se répartit entre 14 et 93 ans, avec une médiane à 24 ans. L’étude a bénéficié d’un financement du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (BFEG) et des HUG.

Pour un suivi prospectif au niveau national

Les autrices et auteurs relèvent qu’il n’existe pas d’observatoire national des personnes consultant pour agression sexuelle en Suisse. Toutefois, une étude prospective multicentrique avec un suivi médical à trois et douze mois des personnes consultant pour un constat d’agression sexuelle dans les hôpitaux romands a débuté en novembre 2022. Les scientifiques sont favorables à la poursuite de cette étude et à son extension au niveau national car cela contribuerait à une meilleure compréhension de la situation et permettrait d’informer hommes et femmes sur les programmes de prévention, de soins et d’éducation contre les agressions sexuelles et leurs conséquences.

Prise en charge spécialisée aux HUG et au CHUV

Le Service de gynécologie des HUG réalise chaque année environ 150 constats d’agression sexuelle ; celui du CHUV en réalise environ 130. Ils assurent des prises en charge globales et interdisciplinaires, que la personne ait porté plainte ou non.

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Dernière mise à jour : 11/10/2023