Un lien entre entendre des voix et entendre sa propre voix: application clinique aux HUG

a child listening to its own voice through a cup and string phone

Nous avons tous déjà ressenti un sentiment d'étrangeté en entendant un enregistrement de notre propre voix. Si cet effet est généralement considéré comme anodin, des recherches récentes suggèrent que l'étude de cette altérité pourrait en fait être essentielle pour comprendre le rôle de notre propre voix dans notre sentiment d'identité, un sujet ayant un impact clinique direct et faisant l'objet d'études en cours au NeuroCentre des HUG. 

Dans leur article publié le 15 février 2022 dans Royal Society Open Science, repris par le New York Times, Pavo Orepic, PhD en neurosciences cognitives à l'Université de Genève, Oliver Kannape, PhD et directeur du Centre de médecine virtuelle des HUG, et le Pr Olaf Blanke (EPFL) apportent pour la première fois la preuve directe que la perception de notre propre voix dépend des signaux de conduction osseuse. C'est-à-dire les vibrations, créées en parlant et directement transférées via les os du visage, et donc perçues comme faisant partie de notre voix.
Dans une série d'études, les chercheurs ont constaté que l'envoi d'un enregistrement par les os du visage permettait aux gens de distinguer plus facilement leur voix de celle d'inconnus, ce qui suggère que cette technologie offre un moyen efficace d'étudier comment nous pouvons savoir quand nous parlons. Sur le plan clinique, cela peut présenter une étape importante dans la compréhension des origines des hallucinations auditives.

Comment cela se traduit-il dans le travail clinique aux HUG et au NeuroCentre ? 

En effet, comme le souligne cet article du New York Times, cette approche novatrice "ouvre une porte pour comprendre comment notre cerveau reçoit ces informations sensorielles et les transforme en une reconnaissance de soi".
Dans une étude collaborative publiée en 2022 menée à la Fondation Suisse pour l'innovation et la formation en chirurgie (SFITS), Giannarita Ianotti, PhD et coordinatrice du NeuroCentre, le Pr Karl Schaller, chef du Département des neurosciences cliniques et président du NeuroCentre, ainsi que Pavo Orepic, ont cartographié l'activité neuronale des personnes effectuant ces tâches d'écoute et ont signalé l'existence d'un réseau de régions cérébrales qui sont activées lorsque les personnes travaillent à s'identifier.

Une étude en cours au NeuroCentre évalue actuellement cette tâche, et ce réseau, en tant qu'outil de gestion de la prédiction de l'impact de la neurochirurgie sur le sentiment d'identité du patient afin d'éclairer la prise de décision clinique. En tant que tel, il souligne l'importance de traduire la recherche de pointe en pratique clinique. 
Ce travail est soutenu par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (subvention n° 182497 au Pr Karl Schaller "Mapping the brain networks of the bodily and cognitive self for the prediction of personality deficits following brain surgery").

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Dernière mise à jour : 18/02/2023