Télé-formation à l’échographie obstétricale pour les sages-femmes au Congo-Brazzaville

Le projet consiste en la formation des sages-femmes au Congo. Cette dernière est constituée de deux parties : 

• Une formation accélérée 
• Une formation continue 

La formation accélérée consiste en deux semaines de formation intensive portant sur trois thèmes principaux : connaissances de base en informatique, notions essentielles gynéco-obstétricales, utilisation de l’échographe portable. Ces deux semaines ont lieu dans la capitale congolaise et nécessite le déplacement des sages-femmes recrutées dans l’étude. La formation doit être la plus courte possible afin de ne pas pénaliser leur absence dans leurs hôpitaux de districts respectifs. 

La première semaine se déroulera majoritairement dans les locaux de l’association Diabaction pour la distribution des cours théoriques avec des supports de formation (PowerPoint, vidéos de formation « clés en mains », posters) réalisés par notre équipe d’experts suisso-congolais. La seconde semaine se déroulera dans les centres de santés intégrés (CSI) directement au chevet de femmes enceintes et sera encadrée par des superviseurs congolais.

L’objectif de cette période de formation est d’atteindre une autonomie suffisante pour effectuer une échographie obstétricale de base seul. Un examen pratique conclura cette période et fera l’objet de cours supplémentaires en cas d’échec à ce dernier. 

Après cette étape, les sages-femmes retournent dans leurs hôpitaux qui auront été préalablement répartis aléatoirement en deux groupes selon leur type de supervision : directe ou différée. 

La formation continue dure quatre mois et les sages-femmes réalisent des échographies sur des patientes au 2ème et 3ème trimestre de grossesse sous supervision différée ou directe. La supervision directe permet une visio-conférence à distance de l’examen échographique entre une ou un expert gynécologue- obstétricien congolais et la ou le stagiaire. Elle permet à l’examinateur ou l'examinatrice de voir l’écran de l’échographe en parallèle à la main du stagiaire portant la sonde qui peut ainsi expliquer en direct comment modifier les images de mauvaise qualité. Elle nécessite par conséquent plus de temps par échographie pour la patiente et l’expert ou l'experte ainsi qu’une connexion internet suffisante pour des images dynamiques entraînant un coût plus élevé.

La supervision en différé offre une formation par les experts et expertes uniquement après relecture des images échographiques. Les apprenantes et apprenants réalisent des échographies seuls et génèrent des rapports de consultation. Ces derniers sont relus par les experts et expertes et font l’objet d’une séance téléphonique de correction. Cette modalité d’enseignement continu permet de réduire les coûts de connexion internet, de réaliser des examens de plus courte durée et de permettre une flexibilité plus importante dans les emplois chargés des experts et des sages-femmes. Les apprenants et apprenantes ne mélangent jamais de modalité de formation. 

Les sages-femmes devront compléter un formulaire portant sur :

• leur appréciation de l’examen, 
• leur évaluation de la position du fœtus et du placenta, de la quantité de liquide amniotique, de la viabilité fœtale et de la fréquence cardiaque, 
• de la durée de l’examen
• du coût de la supervision (internet, téléphonie)
• l’évaluation de la grossesse (à risque ou non) et si nécessité d’un rapatriement
• la nécessité de refaire l’examen par un expert

Les experts gynécologues-obstétriciens relieront par la suite les images échographiques et les apprécieront selon un score de qualité. Ce dernier, créé par notre équipe Suisso-Congolaise, contient plusieurs données essentielles à une échographie de base.  

Les données des formulaires et des scores d’échographie seront ensuite analysées par notre équipe de recherche afin de déterminer le modèle de formation le plus adapté aux besoins locaux. 

Pour chaque site, le matériel utilisé dans ce projet consiste en un ordinateur portable, connecté avec un échographe portable (dDopp de chez Unicom) et une imprimante. 

La connexion internet nécessaire aux transmissions d’images dynamiques a été évaluée au cours d’un précédent projet et montrait de très bons résultats avec de simples clefs 3G. C’est pourquoi, nous allons continuer avec le même procédé. 

Nous utilisons un logiciel de partage d’écran (TeamViewer) nécessitant une faible bande passante pour la transmission d’images dynamiques. De plus, grâce à ce partage d’écran interactif, les experts peuvent prendre le contrôle du logiciel de l’échographe et ainsi former le personnel soignant en direct. 

La communication orale se fait par téléphone et un kit-main-libre. 
 

Ce travail fait suite à deux précédents projets de déploiement sur le terrain ayant eu lieu entre 2015 et 2018 au Congo-Brazzaville. 

• Le projet pilote fût un travail réalisé de 2015 à 2017 par les Dresses Aeberli et Dubail intitulé : «Formation à l’échographie obstétricale par téle-échographie interactive au Congo Brazzaville». Il avait pour but de tester la faisabilité sur le terrain d’une formation à distance par télé-échographie entre Dolisie et Brazzaville, deux villes congolaises éloignées de 400 km. Cette étude a permis d’identifier les différents paramètres (débit internet, coût, adaptabilité aux conditions locales) requis pour permettre d’assurer un échange d’informations fiable. 
   
• Le projet d’extension a représenté la première phase d’expansion du projet pilote et s’est déroulé durant l’année 2018. Il a consisté en l’élaboration et en la mise en place d’une formation à la télé-échographie obstétricale, basée sur les modalités techniques démontrées lors de l’étude pilote. Cette formation était à la fois pratique et théorique, pourvue par des experts au sein de la capitale, puis renforcée par un suivi continu des apprenants via des échographies interactives sur six mois. Pour évaluer la progression des stagiaires, nous avons développé un score échographique déterminant la qualité des images prises par les apprenants et ainsi nous avons pu suivre leur progression tout au long de la formation.
   
• Ce projet, qui a fait l’objet d’une conférence au Geneva Health Forum 2018 ainsi qu’un article dans la Revue Médicale Suisse en septembre 2018, était un projet clef dans l’élaboration de la nouvelle étude 2022-2024 présentée ci-dessus. En effet, il nous a permis de démontrer qu’il était non seulement possible d’obtenir des images de qualité suffisante pour permettre de former du personnel soignant à distance, mais aussi d’apprécier leur progression dans le temps grâce à un score échographique. Durant ce projet d’extension, deux modèles de formation (télé - formation directe et différée) ont été utilisés sans pouvoir déterminer lequel était le plus adapté aux réalités et aux besoins locaux.