Dyspnée

Prévalence

Très fréquent (jusqu’à 98% des bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO), jusqu’à 77% des néoplasies, jusqu’à 88% en insuffisance cardiaque terminale, etc.).

Définition

Expérience subjective d’inconfort respiratoire ressentie par le patient souvent associée à une anxiété importante et exerçant un impact majeur sur le bien-être.

La dyspnée n’est pas forcément corrélée aux signes objectifs cliniques (tachypnée, utilisation des muscles accessoires) et aux examens de laboratoire (désaturation en oxygène, anémie).

Etiologie

  • Directement liée à une tumeur : obstruction ORL, épanchement pleural, obstruction bronchique avec atélectasie, lymphangite carcinomateuse, épanchement péricardique, augmentation du volume abdominal, parésie du nerf phrénique ou du nerf récurrent, syndrome de la veine cave supérieure.
  • Secondaire aux traitements: post-actinique, post-chirurgie, post-chimiothérapie, sur immunothérapie.
  • Liée à une insuffisance d’organe, BPCO, maladies restrictives, maladies neurologiques (sclérose latérale amyotrophique ou SLA, myopathie,…), insuffisance cardiaque.
  • Comorbidités associées : cachexie, anémie, anxiété, douleur.
  • Liée à un problème aigu : embolie pulmonaire, pneumonie.

Prise en charge non pharmacologique

Mesures générales

  • Proposer au patient d’adapter ses activités quotidiennes.
  • Installer le patient adéquatement (position semi-assise).
  • Assurer le confort vestimentaire.
  • Aérer la pièce.
  • Rafraîchir le visage et le corps et proposer des soins de bouche fréquents.
  • Répartir les soins sur la journée de façon équilibrée (fractionner les repas, épargner l’énergie du patient pendant les soins).
  • Proposer de la physiothérapie respiratoire, des techniques de relaxation ou des approches telles que l’hypnose ou la sophrologie.
  • Veiller à sa propre attitude lors des soins (voix calme et posée, éviter les imprévus).

Mesures particulières

  • Ventilateur.
  • Oxygénothérapie: à but symptomatique si patient peu ou pas hypoxémique, attention à l’assèchement des muqueuses.
  • Ventilation non invasive, oxygène à haut débit (Optiflow).
  • Stent bronchique, radiothérapie si indiqué.

Prise en charge pharmacologique

Opiacés

Les opiacés diminuent efficacement la perception de la dyspnée.

  • Patient déjà sous opiacés à visée antalgique: augmentation de la posologie de 20 à 30%.
  • Patient pas encore sous opiacés: comme pour le traitement de la douleur.
    Voie orale: 5 mg morphine/4h (2,5 mg à 3 mg chez le patient très âgé).
    Voie SC: 50% des doses orales.
  • Probable effet de classe des opiacés.

Anxiolytiques

Benzodiazépines si composante anxieuse marquée :

  • lorazépam 0.5-1 mg orodispersible ou SC /8h, à titrer
  • clonazepam 0.25 à 1 mg per os ou SC1 à 3x/jour

Cave : les benzodiazépines n’ont pas d’effet sur la dyspnée.

Corticostéroïdes

  • Utilité si : asthme, BPCO, syndrome veine cave supérieure, lymphangite carcinomateuse, tumeur solide obstructive, phase aiguë de pneumonite radique, pneumonite sur immunothérapie
  • Selon l’indication : Dexamethasone 4 à 16 mg/jour PO, SC, IV
  • Une fois les symptômes améliorés, diminuer progressivement jusqu’à la dose minimum efficace.

Autres

  • Bronchodilatateurs si BPCO
  • Diurétiques si composante d’insuffisance cardiaque ou de surcharge, par exemple torasémide PO (N.B.: le furosémide peut aussi s’administrer par voie SC).

En cas de dyspnée réfractaire ou en anticipation d’une détresse respiratoire aiguë : discuter la sédation palliative.

En cas de dyspnée aiguë :

  • Utiliser les réserves de morphine (p. ex: 2 mg IV; 2.5 mg SC)
  • Prescrire des réserves de midazolam 3 mg IV ou 6 mg SC.
Dernière mise à jour : 29/01/2024