Les formes sévères de Covid-19 peuvent entraîner des lésions pulmonaires durables

Une étude portant sur l’ensemble de la Suisse et à laquelle les Hôpitaux universitaires de Genève ont participé, établit pour la première fois le constat suivant : une forme sévère de Covid-19 peut mener à des séquelles durables sur l’absorption d’oxygène par les poumons, même plusieurs mois après.

Réalisée sous la direction de l’Inselspital de Berne, avec la collaboration de l’Université de Berne et de neuf centres de pneumologie dans toute la Suisse, une vaste étude a été menée depuis le printemps 2020 auprès des malades du Covid ayant souffert d’une atteinte respiratoire grave et qui se plaignent de symptômes persistants. Les premiers résultats viennent d’être publiés. Le Service de pneumologie des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), dirigé par la Professeure Paola Gasche-Soccal, a participé à ce travail en observant les cas de malades ayant souffert d’insuffisance respiratoire aiguë.

Une collaboration inédite des grands centres de pneumologie

Dans la première publication découlant de cette « Swiss national Covid-19 lung study », les données de 113 malades du Covid-19 ont été évaluées, dont 70 présentant une forme sévère. L’étude a inclus une série de tests sur les poumons et la respiration, ainsi que l’analyse d’images de scanner. Les facteurs de risques connus, comme l’indice de masse corporelle, le tabac, l’âge et les antécédents médicaux, ont aussi été considérés.

« Après avoir fait face à l’urgence, il est maintenant capital de mieux comprendre les mécanismes respiratoires impliqués tant dans la phase aiguë que lors du processus de guérison du poumon », explique la Professeure Gasche-Soccal. « Hormis certaines cohortes suisses bien établies, comme pour le HIV ou la transplantation, il est très rare de parvenir à recueillir les données simultanées de tous les centres suisses à l’unisson. À cet égard, cette étude nationale est un magnifique exemple des collaborations provoquées par cette pandémie ».

Une absorption d’oxygène durablement réduite

Ces premiers résultats mettent en évidence des répercussions dans le fonctionnement des poumons, en particulier après une pathologie Covid-19 sévère. Cette altération fonctionnelle a été mesurée par la capacité de diffusion du monoxyde de carbone des poumons – une manière indirecte de mesurer leur capacité à absorber l’oxygène. Après un Covid-19 sévère, cette capacité s’élevait à 76% du niveau normal. En d’autres termes, même quatre mois après la maladie, la capacité des poumons à absorber l’oxygène est réduite de plus d’un cinquième par rapport à la valeur attendue pour une personne en bonne santé.

L’interprétation systématique des scanners pulmonaires montre elle aussi la présence de séquelles. Le Professeur Lukas Ebner de l’Inselspital explique : « Bien que la présentation initiale de la pneumonie Covid-19 à l’imagerie soit relativement caractéristique, les signes radiologiques à moyen et long termes ne sont pas encore parfaitement clairs. Outre les lésions parenchymateuses imputables aux séquelles de la pneumonie sévère, le scanner suggère également une atteinte potentielle aux petites voies aériennes qui semble typique des suites du Covid-19. »

Mieux connaître les mécanismes de guérison pour adapter les traitements

« C’est une maladie qui partage beaucoup d’aspects avec toute autre pneumonie virale », précise la Professeure Gasche-Soccal, « tant dans sa capacité brutale et imprévisible d’évoluer en insuffisance respiratoire aigüe extrême, que dans des modes de guérison laissant parfois des séquelles respiratoires ». D'où l'intérêt de mieux connaître les mécanismes de guérison du poumon pour assurer le meilleur suivi pour les maldes, juger de l’évolutivité de leur symptômes respiratoire et adapter les traitements chroniques. 

« D’autres résultats de cette recherche vont suivre », ajoute la Professeure Gasche-Soccal. « Aux HUG, nous avons aussi débuté dès le printemps une autre étude dont l’objectif est de voir si une réhabilitation respiratoire précoce peut faciliter une évolution favorable des patients présentant des limitations respiratoires après une infection Covid-19. Les résultats préliminaires seront présentés prochainement ».

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Dernière mise à jour : 24/04/2023